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Violences policières et grève de la faim au centre de rétention de Vincennes
Les brèves publiées dans cette rubrique « Informations et analyses » le sont à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Depuis le 3 janvier, une quarantaine de retenus des centres de rétention administratif de Vincennes ont entamé une grève de la faim, une mobilisation inédite afin d’alerter sur les violences policières, sur leurs conditions de rétention et pour exiger leur libération.
Alam a 33 ans. Il est arrivé d’Egypte il y a maintenant quatorze ans. Marié et père de quatre enfants français scolarisés, il est emmené au commissariat pour un contrôle d’identité le 1er décembre suite à un appel de ses voisins. S’il a l’habitude des contrôles de police, « ils duraient en général une heure », ce nouveau contrôle se solde cette fois par un placement en garde à vue au commissariat du 20ème arrondissement. La garde à vue sans motif dure plusieurs heures et s’avère très violente : « Il y avait beaucoup d’agressivité. On m’a emmené dans une chambre isolée à l’accueil. Puis une policière a tout gazé et a refermé la porte. »
Une fois sorti de la cellule, Alam est mis à terre et frappé à l’accueil, à la vue de tous. Il termine ensuite sa garde à vue à la police judiciaire, au 36 Quai des orfèvres avant d’être envoyé directement aux centres de rétention de Vincennes. Libéré avant 48 heures par une juge des libertés, la préfecture de police persiste et fait immédiatement appel pour le renvoyer en centre de rétention. Six heures plus tard, ils sont huit retenus à être ainsi présentés devant une juge de la cour d’appel.
Quelques minutes suffisent pour les renvoyer à la hâte vers le centre de rétention, quelques minutes qui se seraient soldées publiquement par un « rentrez chez vous, on veut personne ici » de la juge.
La honte de la République
De retour à Vincennes, les conditions de rétention sont insoutenables. « Si vous venez filmer ici, même les chiens n’acceptent pas ça », explique Alam. Insalubrité des toilettes, nourriture immangeable, certains retenus dorment ainsi à terre à trois dans des cellules faites pour deux.
À propos du quotidien dans ce centre de rétention de 180 places, Alam évoque les intimidations et violences qui ont désormais lieu à l’abri des caméras du centre, dans le "coffre", l’endroit où les téléphones portables et certains effets personnels sont conservés. « S’ils t’aiment pas, ils te menottent, t’emmènent là-bas et commencent à taper », ajoute Alam.
Les centres de rétention administrative (CRA) sont également les lieux d’application des stratégies violentes de la PAF (police aux frontières). Dans leur communiqué, les retenus dénoncent les violences qui se déroulent en amont et pendant les expulsions :
« Il y a eu des copains tabassés puis déportés en étant casqués, bâillonnés et scotchés. Il y a eu des copains drogués qui se sont réveillés de retour dans un pays où ils ne connaissaient plus grand monde. »
Alam parle quant à lui du scotch sur la bouche et des piqûres utilisées pour droguer en amont de l’expulsion par avion. « Ils viennent à neuf ou dix dans la chambre vers 4 heures du matin », raconte-t-il. Confrontés aux pratiques policières, l’association ASFAM, difficilement joignable au moment de la rédaction de cet article, en charge de l’accompagnement des retenus dans le CRA de Vincennes, est selon les explications d’Alam, du côté de l’institution : « Certains ont peur, la plupart est du côté de la police ».
Si les grèves de la faim et les révoltes des personnes enfermées ont parfois lieu dans les CRAs – un incendie avait d’ailleurs été initié en guise de protestation contre l’expulsion d’un homme algérien en décembre 2017 – l’ampleur de la grève de la faim semble aujourd’hui plus inédite. Ils seraient à présent une petite quarantaine à mener cette grève au sein de différents bâtiments sans pour autant être capables de communiquer parfois entre eux.
En dépit des tentatives de dissuasion de la police et du personnel de soin sur place, celle-ci devrait continuer dans les prochains jours. « A mon avis, il va y avoir de l’action. On lâchera pas l’affaire. On est prêt à se révolter, insiste Alam. On continue la grève de la faim jusqu’à ce que l’on tombe. »
Menacé dans son pays pour avoir participé à plusieurs manifestations dans son pays, il conclut : « On a pour beaucoup toutes nos attaches ici, nos enfants, notre famille est ici. Moi je préfère mourir ici. Je ne retournerai pas là-bas. J’ai grandi ici. »
Politique carcérale sans issue
Cette mobilisation intervient dans un contexte politique particulièrement favorable à l’enferment des "étrangers" sans-papiers ou demandeurs d’asile. Selon les chiffres présentés par la CIMADE dans son dernier rapport sur les centres de rétention, « 50.000 personnes subissent la privation de liberté en rétention chaque année en France ».
L’entrée en vigueur depuis le 1er janvier de la loi du 10 septembre 2018 qui prévoit notamment l’allongement de la durée de rétention à 90 jours assoit la volonté de faire des centres de rétention de véritables antichambres de l’expulsion. Concernant la rétention des étrangers, le projet de loi de finances, modifié par le Sénat après passage à l’Assemblée, dont les chiffres précis ne sont pas encore publiés, indiquait dans ses versions initiales la volonté d’accroître cette politique d’enfermement en 2019, dans des conditions toujours plus déplorables. Une augmentation de 450 places soit près de 30% de hausse au niveau national était ainsi annoncée ainsi qu’un budget d’investissement de 39,2 millions d’euros pour la rétention dont seulement 1,9 seraient consacrés à l’amélioration du "cadre de vie au sein des centres".
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Une mobilisation initiée par plusieurs collectifs de soutien aux "retenus de Vincennes" se tiendra cette après-midi devant le Centre de rétention de Vincennes. Pour plus de détails : https://abaslescra.noblogs.org/post/category/temoignages/