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Éric Drouet et Priscilla Ludosky actent leur rupture sur Facebook
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
"Je suis enfin libre de pouvoir dire que je ne travaille plus avec Éric Drouet depuis des semaines en raison de son comportement."
C'est une histoire de points d'exclamation. Priscillia Ludosky et Éric Drouet, deux des principaux visages de la mobilisation des gilets jaunesviennent d'acter, ce lundi 14 janvier, leur rupture sur les réseaux sociaux après avoir œuvré ensemble pendant plusieurs semaines à la bonne marche du mouvement. Affichées au grand jour, ces dissensions -latentes depuis plusieurs jours- ajoutent un peu plus de confusion à un mouvement qui peine plus que jamais à se structurer et à faire émerger des porte-paroles unanimes.
C'est la jeune femme, à l'origine de la pétition à succès contre la hausse des taxes sur le carburant qui a dégainé la première sur son compte Facebook, là où se passent les principaux échanges publics entre contestataires. Dans un long message, elle reproche à Éric Drouet de menacer les membres du collectif "la France en colère", dont elle fait partie, tout en précisant qu'elle n'hésiterait pas à dire "tout ce qu'il a pu faire pour nuire au mouvement."
Mais pourquoi de telles tensions entre deux personnalités qui se sont affichées ensemble à plusieurs reprises? C'est ce duo qui avait notamment été reçu par François de Rugy au ministère de la Transition écologique au début de la fronde des gilets jaunes.
Bataille de "France en colère"
Désormais selon Priscillia Ludosky, Éric Drouet fait pression sur le collectif "la France en colère" pour qu'il abandonne son nom, manifestement trop proche de celui de sa propre page Facebook dédiée elle aussi au mouvement et baptisée "la France en colère!!!"
"Depuis des semaines je suis silencieuse et ne m'exprime pas au sujet d'Éric Drouet et de ses agissements depuis le début du mouvement, ceci afin de ne pas ternir davantage l'image du mouvement avec des histoires de cour d'école", explique la jeune femme en préambule de son message (à retrouver ci-dessous), avant de regretter l'attitude de son ex-compagnon de route.
"Depuis des jours il menace les membres du groupe de travail duquel je fais partie afin que l'on modifie le nom de la page 'La France en Colère' sur les conseils de son avocat qui prétend que cela serait plus protecteur pour sa famille et lui. Que le nom est le sien et que nous avons intérêt à le modifier", détaille-t-elle tout en relayant des captures d'écran de communiqués de son groupe barrés d'un "FAUX" rouge inscrit par Éric Drouet lui même.
Des critiques appuyées par l'autre membre médiatique de "la France en colère", Maxime Nicolle. "Pour eric je pense quil faut lui poser la question de savoir pourquoi il dit que cest un faut sachant que il a été rediger par un collectif de personne qui travaille avec les regions et sans chef (sic)", a-t-il expliqué sur sa page "Fly Rider info blocage."
Quelques minutes après ces prises de parole, le principal intéressé a donné sa version des faits dans une vidéo publiée en direct sur Facebook, comme il est de coutume chez les gilets jaunes. Et s'il avoue d'emblée ne pas trop comprendre la situation, il explique rapidement qu'il souhaite que les leaders du groupe sans points d'exclamation changent le nom de leur communauté pour éviter toute confusion et l'éventuelle complication de son dossier judiciaire.
CAPTURE D'ÉCRAN @ERICDROUET
Éric Drouet et Priscilla Ludosky, deux figures des gilets jaunes actent leur rupture sur Facebook œuvré
"Vous savez que j'ai un jugement le 15 février, donc avec Priscillia, Fly et les autres on avait décidé de continuer chacun de notre côté. (...) J'ai été obligé de nier certaines déclarations faites au nom de 'la France en colère' qui sont collées à mon nom." Et le fondateur de l'une des pages les plus suivies du mouvement (avec 300.000 "likes"), de prendre l'exemple de la manifestation à Bourges. Selon lui, ce rassemblement non déclaré lui aurait été reproché alors qu'il émanait du groupe de Priscillia Ludosky et Maxime Nicolle.
Différences stratégiques et strict minimum
Le chauffeur livreur ajoute au passage qu'il ne comprend pas pourquoi les deux représentants des gilets jaunes ont repris le nom de sa page pour baptiser leur propre communauté. "Je suis obligé de me protéger. Je leur ai juste demandé de changer le nom de leur groupe, c'était pas la mer à boire et ça protégeait ma femme, ma famille et toute ma vie au final", regrette-t-il en déplorant l'attitude de ses compagnons.
Si elles sont désormais affichées au grand jour, ce n'est pas la première fois que des petites tensions se font ressentir dans le trio, pourtant réputé proche au sein du noyau dur des contestataires.
Plusieurs internautes gilets jaunes avaient par exemple reproché à Maxime Nicolle de ne pas s'exprimer assez vite sur l'arrestation d'Éric Drouet près de la place de la Concorde le 2 janvier, alors qu'elle symbolisait pour beaucoup une dérive autoritaire du pouvoir. Le jeune homme avait attendu le lendemain pour consacrer un paragraphe, sans jamais le nommer, au chauffeur livreur dans un communiqué signé justement de "la France en colère", visant initialement à répondre aux voeux du président de la République.
Mais les divergences entre les trois représentants ne se bornent pas uniquement à la communication. Elles se cristallisent aussi sur de vraies différences stratégiques. Maxime Nicolle et Priscillia Ludosky prônent le renouvellement pour perdurer et encouragent par exemple de nouvelles pratiques comme le "référendum des percepteurs", le blocage des frontières ou les manifestations en régions. Au contraire, Éric Drouet ne concentre ses efforts que sur la capitale, samedi après samedi.
Une opposition stratégique transformée en rupture publique depuis les échanges de ce lundi. Une de plus qui vient s'ajouter à la longue liste de divisions qui minent le mouvement depuis sa création. De là à dire que les gilets jaunes sont de plus en plus proches d'une formation politique traditionnelle, il n'y a qu'un pas.