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Fonction publique: Les élections, miroir de l’action de terrain
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Entre autres choses, les élections professionnelles sont un test d’audience. Syndicats d’accompagnement et syndicats de combat : elles permettent de mesurer qui pèse quoi, et où, dans l’esprit des salarié.es. Les élections du 6 décembre dans les trois fonctions publiques ont touché plus de 5 millions d’agents (titulaires ou contractuels). Retour sur leurs résultats et leurs enseignements.
Disons-le tout net : s’il y a une information à retenir de ce scrutin c’est que la CGT reste en tête sur l’ensemble des trois fonctions publiques (hospitalière, d’État et territoriale). Cela témoigne à la fois de son ancrage dans des milieux professionnels variés et de la possibilité d’y mener un syndicalisme offensif et revendicatif. À l’heure où les médias relaient avec une satisfaction à peine dissimulée la communication de la CFDT sur sa première place public/privé « historique », c’est important à rappeler.
Des milliers de scrutins différents
Mais s’il est toujours tentant d’analyser à la serpe le résultat d’un tel scrutin, il convient de bien prendre en compte son hétérogénéité. Car si plus de 5 millions d’agentes et d’agents votaient le même jour – ou presque – il y a bien eu plusieurs milliers de scrutin. En effet, les travailleurs et travailleuses doivent voter à la fois pour des comités techniques (qui s’occupent des questions générales d’organisation, de fonctionnement et d’emploi) et des commissions paritaires (qui s’occupent de la carrière des agents : promotions et mutations), et ce à la fois à l’échelon local et à l’échelon national. Pour calculer la représentativité des organisations syndicales dans la fonction publique, on va regrouper les scores réalisés au niveau des différentes instances des ministères, des collectivités territoriales et des établissements hospitaliers.
Avant de se livrer à de savantes analyses, il importe donc de bien prendre en compte que ce sont aussi (et parfois surtout) des scrutins de proximité lors desquels on vote, tout bêtement, pour le ou la collègue du service présent.e sur une liste.
Loin des enjeux nationaux
Les positionnements nationaux ne paraissent pas avoir été déterminants. Ni la distance syndicale vis-à-vis du mouvement des gilets jaunes ni les scandales au sein de FO ne semblent avoir pesé sur le scrutin. Ainsi, FO (18,1 %) baisse de 0,5 point par rapport à 2014 (mais gagne 1 point dans l’hospitalière et 0,1 point dans la fonction publique d’État) ; la CGT (21,8 %) baisse de 1,3 ; Solidaires (6,3 %) de 0,5 point. Dans le même temps, la FSU (8,7 %) progresse de 0,8 point tout en étant absente de l’hospitalière et en baissant légèrement dans l’Éducation nationale, sa principale implantation.
Du côté du syndicalisme d’accompagnement, la CFDT (19 %) qui crie victoire baisse de 0,3 point, la CFTC (2,9 %) de 0,4 point tandis que l’Unsa (11,2 %) gagne 0,8 point et la CFE-CGC (3,4 %) 0,5 point. Enfin, il faut noter que dans ces résultats globaux sont pris en compte des ministères à la culture syndicale singulière. Ainsi, au ministère de l’Intérieur, qui compte 184 000 inscrit.es, FO arrive en tête avec 34,4 % des voix (+ 2,41 points).
CGT, FO et Solidaires n’ont plus la majorité à eux seuls
Un changement notable tout de même, les trois syndicats – CGT, FO, Solidaires – qui s’étaient opposés à l’accord PPCR (pour « parcours professionnels, carrières et rémunérations ») ne pèsent plus la majorité des suffrages à eux trois. Passés sous la barre des 50 % ils ne peuvent plus bloquer d’accord sans le concours de la FSU [1]. Ainsi, alors que ces trois syndicats avaient réclamé un délai pour se positionner sur le protocole Égalité hommes-femmes qui avait recueilli la signature de CFDT, Unsa, FSU, FAFP, CGC et CFTC, les élections viennent d’offrir à ces organisations la majorité requise.
Une participation qui passe en dessous de 50 %
Difficile d’analyser ces élections sans parler du taux de participation, qui passe sous la barre des 50 % avec une baisse de 3 points depuis 2014. Et si l’on observe quelques exceptions comme à l’Intérieur, on note que plus le vote électronique se répand, plus la participation baisse. On a pu observer également ce mouvement à la SNCF depuis plusieurs élections, ou à la RATP cette année. Dans l’Éducation nationale, qui l’utilise depuis 2011, la baisse spectaculaire ne se résorbe pas, même après trois scrutins. Mais le mode de scrutin et sa sous-médiatisation – la presse a beaucoup moins parlé de ces élections concernant plus de 5 millions de personnes que d’une législative partielle dans l’Essonne qui a mobilisé 12 634 votant.es – ne suffisent pas à expliquer cette baisse de participation. Elle doit interroger les syndicats sur la manière dont ils sont perçus par une partie des salarié.es.
Car plus que de grands enjeux nationaux, c’est l’implantation syndicale qui est mesurée par ce scrutin. Et ce n’est donc pas un hasard si la CGT, bien qu’en baisse, reste en tête, forte de son maillage professionnel et territorial, avec de nombreuses unions départementales investies dans la campagne. La force du syndicalisme, c’est sa proximité avec les salarié.es. Avoir des militantes et des militants dans les services, actifs toute l’année, et des adhérent.es en nombre, cela compte davantage qu’un discours idéologiquement pur mais jamais relayé.
Un enseignement à tirer
Ces résultats confirment donc la feuille de route des syndicalistes de combat : développer un outil syndical ancré dans l’interprofessionnel et sur les lieux de travail, présent toute l’année aussi bien sur les enjeux du quotidien que sur les grands enjeux de société. La crédibilité d’un syndicalisme de lutte se construit par la pratique auprès de nos collègues plus que par les discours incantatoires. Et c’est bien dans les secteurs où l’implantation des syndicats combatifs est forte qu’ils réalisent leurs meilleurs scores.
Enfin, pour les communistes libertaires mais aussi pour de nombreuses et nombreux révolutionnaires, la question de l’outil syndical est centrale mais doit être débattue loin des sectarismes d’appareil. Les élections passées, des débats ouverts mais sans tabous peuvent être menés dans nos structures sur la construction du meilleur outil pour mener des luttes. La question de la division syndicale y serait sûrement abordée.
Des syndicalistes et communistes libertaires
SUD-PTT reste la 3e force à la Poste
Les élections professionnelles à la Poste se sont tenues du 3 au 6 décembre. La CGT baisse légèrement à 24,80 % (– 1,74 point) et est talonnée par une CFDT à 24,80 % (+ 2,25 points) qui a son bastion dans l’encadrement. SUD baisse également à 18,84 % (– 1,33 point), talonné par FO à 18,48 % (– 1,49 point). Le pôle syndical de résistance (CGT-SUD) recule donc, mais reste à un niveau suffisant (43,64 %) pour organiser les luttes. L’alliance CGC-CFTC a fait 6,68 % et l’Unsa 4,84 %. La CNT, qui s’est présentée en 2011 (1,65 %) et en 2014 (1,1 %) a recueilli 0,75 % des suffrages cette année.[1] Même si en l’occurrence, sur PPCR, le Premier ministre Manuel Valls s’était affranchi des règles qu’il avait lui-même fixées en appliquant un accord minoritaire.