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Déclaration de la Coopérative Politique Ecologie Sociale sur les Gilets Jaunes

Gilets-jaunes

Lien publiée le 20 janvier 2019

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Déclaration de la Coopérative Politique Ecologie Sociale

Les Gilets Jaunes : un mouvement social-écologiste

« C’est l’heure des brasiers, il ne faut y voir que la lumière. » José Marti

1 - La révolution communaliste a commencé. Les Gilets jaunes en faisant reculer Macron ont déjà remporté une manche, celle de la fin de la résignation, de l’impuissance des classes populaires. Même si ces gains (CSG, primes, taxe…) sont limités, ils n’en ont pas moins été la démonstration qu’il était possible, en rompant avec la culture des petits pas, de faire reculer l’Etat. En moins de trois semaines, ce mouvement de colère s’est mué en mouvement citoyen contestant la légitimité politique de ceux qui nous gouvernent. Mais il l’a fait en redéfinissant le cadre du mouvement social et par là même le rapport à la démocratie et à la souveraineté populaire. La lutte contre les taxes n’était que le début d’un mouvement qui élargit sans cesse ses revendications pour répondre à la stratégie du choc imposé par la politique ultra libérale d’Emmanuel Macron et à son mépris de classe. Les Gilets Jaunes l’ont compris et posent la question de l’organisation du pouvoir et de la vraie démocratie, c’est à dire l’instauration d’un processus constituant coopératif. Ce qui se joue sur les ronds - point c’est la radicalisation de la démocratie par une démocrate écologique liée à la souveraineté populaire. il ne s’y réduit pas à l’exigence d’un Référendum d’initiative Citoyenne ( RIC) nécessaire mais pas suffisant. Cette démocratie écologique se construit dans les ZAD écologiques et dans les ZAD des ronds – point. Ce sont des Zones d’Autonomie Démocratique où s’exerce le droit à décider. Ce droit à décider est posée par les Gilets Jaunes comme dans les grands mouvements sociaux de ces derniers temps, des Indignés aux révolutions arabes, en passant par la Catalogne. Il s’exerce au Chiapas, au Mexique comme au Rojava, le Kurdistan syrien. Décider nous même, sans médiation, contrôler les décisions, peser dans leur élaboration, exercer un droit de véto se traduit la construction des assemblées citoyennes. En ce sens, les Gilets jaunes ont un air de déjà vu, celle des insurrections citoyennes des sans culottes. La révolution française se rappelle à nos bons souvenirs. En 1789, le peuple, la nation constituée, s’éleva contre l’Etat, le Tiers-Etat soumit l’oligarchie de l’époque, ses rois, ses seigneurs et curés en montrant la puissance du désir d’égalité, de dignité et de liberté. En 2019, il s’agit de radicaliser la démocratie en changeant les règles du jeu, en opposant l’horizontalité à la verticalité, les assemblées citoyennes à une représentation nationale déconsidérée, une nouvelle organisation du territoire aux baronnies locales ou, départementales ou régionales. C’est pourquoi nous soutenons l’appel des gilets jaunes de Commercy à se réunir le 26 et 27 janvier. Comme le conclut leur appel : « Reprenons le pouvoir sur nos vies ! Vive les gilets jaunes dans leur diversité ! Vive Le pouvoir au peuple, par le peuple, pour le peuple ! » Tout le pouvoir aux Assemblées citoyennes !

2 - Le mouvement des Gilets jaune est le premier mouvement social écologique de masse de notre histoire en métropole. Il a mis en avant les questions sociales écologiques : les transports, l’étalement urbain, l’accès à un logement décent et pas cher, la précarité énergétique. Ce mouvement contre la vie chère est un mouvement d’écologie populaire parce qu’engendré par les mobilités contraintes, il lutte contre la ségrégation spatiale imposée par l’emprise de l‘urbanisation capitaliste et les inégalités entre territoires qui induit la marginalisation de millions de gens dépendant de l’automobile. Il est directement issu des poches de pauvreté structuré par le chômage de masse et la précarité. Celles et ceux qui vivent dans les zones dites périphériques, dans un habitat dégradé et pollué, sont les mêmes qui ne peuvent s’offrir une nourriture biologique, ni prendre des vacances, et qui sont les plus contraints par une politique de transports mal aménagée. Ce mouvement a été lancé par une pétition où les exigences environnementales étaient fortes et a mis en cause l’hypocrisie de la taxe carbone, injuste socialement et inefficace écologiquement. Les masques sont tombés. L’alibi écologique de cette taxe alimentant les budgets de l’Etat a volé en éclat. C’est pourquoi la revendication d’en finir avec les taxes sur le carburant était juste. Ce n’est pas aux classes populaires de payer la crise écologique, c’est aux entreprises polluantes. Le marché carbone européen permet aux grandes entreprises de la sidérurgie, de l’aviation, du pétrole, du ciment, de la chimie, de la construction automobile (qui triche avec le diesel) de bénéficier d’un régime de pollueurs – payés. La culpabilisation des comportements des classes populaires par l’Etat, les entreprises polluantes ça suffit !

3 - Ce mouvement d’en bas est une chance pour l’écologie politique car il transforme le rapport entre l’écologie et la société. Les « Gilets Jaunes » sont des ouvriers, des employés, des artisans, des petits patrons en voie de paupérisation, des retraités, des chômeurs. C’est-à-dire des catégories qui ensemble sont la majorité du pays. C’est un renversement de perspective qui permet aux classes populaires de se réapproprier la question écologique en la liant à la répartition des richesses et à la contestation du système capitaliste. Jusqu’ici, celles et ceux qui étaient au cœur du mouvement écologique représentaient les couches moyennes salariées (intermédiaires et supérieures) au capital culturel aisé. Longtemps une partie des écologistes, en l’occurrence EELV, a estimé qu’elle avait gagné la majorité culturelle qu’il suffisait de transformer en majorité politique. Or le mouvement des Gilets Jaunes remet en cause cette fausse certitude. Tant que l’écologie politique se confine à une écologie néo centriste sans prendre en compte les préoccupations et les besoins populaires, elle reste culturellement minoritaire. Si la conscience écologique a irrigué une bonne partie de la population, elle s’arrête là où commence l’heure des choix. Se contenter d’écologiser le capitalisme c’est condamner l’écologie à être un supplément d’âme. Il y a deux voies, deux visions de l’écologie, l’une celle de l’écologie d’en haut, éco-technocratique qui privilégie le marché et l’autre celle de l’écologie d’en bas, de l’écologie populaire. Ce qui se joue en ce moment c’est la lutte frontale entre ces deux Ecologies, l’écologie libérale du Greenwashing, du capitalisme vert et celle de l’écologie populaire qu’on la nomme écologie sociale, éco-socialisme ou objection de croissance. Ce mouvement en partant des conditions d’existence réelles d’une partie des classes populaires a la même dynamique, que celui né aux Etats-Unis dans les années 80 sous le nom de Justice environnementale. L’écologie populaire part de la nécessité pour les classes populaires de survivre sous le capitalisme productiviste. La lutte contre la précarité qu’elle soit sociale, énergétique, économique et financière touche des millions d’habitants. Les écologistes doivent choisir leur camp. L’écologie ce n’est pas l’illusion du consensus. C’est une lutte pour le droit de vivre dignement, pour le pouvoir de vivre. C’est en se libérant que les classes populaires sauveront l’humanité des crises climatique et écologique.

4 - Ce mouvement traduit une vieille exigence écologiste : « Bien vivre, travailler et décider au pays ». La modernité capitaliste a engendré la concurrence entre territoires. Elle a favorisé l’accélération de la métropolisation qui a aggravé la fracture territoriale et sociale. Croyant « choisir leur vie » et conquérir leur autonomie, des centaines de milliers de gens chassés par la spéculation immobilière et la gentrification se sont retrouvés dans une impasse. Plus de petits commerces dans les centres villes, plus de services publics, de poste, d’écoles, de collèges, de lycées, de maternité, d’hôpitaux, etc..., obligés de payer l’essence de plus en plus chère car contraints d’utiliser la voiture. Au-delà de la concentration des richesses et de leur production dans les métropoles, au-delà de la concentration des services, la logique de métropolisation induit également un éloignement des lieux de décision des citoyens habitant hors des centres métropolitains. Face à ce piège social, le mouvement des Gilets Jaunes a un objectif social écologique : se réapproprier les territoires pour pouvoir y vivre dignement. En se rassemblant sur les ronds point, ils pointent sans nécessairement en avoir conscience la folie d’une construction réalisée autour de la civilisation de la voiture. Les ronds points ont fait l’objet durant des décennies d’une corruption organisée par beaucoup d’élus locaux et d’ingénieurs des Ponts, l’exacte contraire d’équipements au service d’une population qui voulait vivre et travailler au pays. Les Gilets jaunes enracinés dans des territoires déshérités, qu’on appelle « périphériques », refusent ce mode de vie contraint en insistant sur la relocalisation de l’économie et des activités, sur les circuits courts, sur la proximité, ils remettent en cause la logique de métropolisation, de gentrification. Ils veulent comme les régionalistes et les écologistes des années 70 « vivre et travailler au pays ». Pour les habitants des espaces ruraux, périphériques comme pour ceux des banlieues, la réduction des inégalités passera par pouvoir « vivre, travailler et décider au pays ».

5 - Le mouvement des Gilets Jaunes est un mouvement de survie écologique contre la tendance générale du capitalisme, l’expulsion : expulsions des paysans par les accapareurs de terre, expulsions des ouvriers par les délocalisations, expulsions des locataires de leur logement ou des petits propriétaires chassées de leurs maisons parce qu’incapables de rembourser leurs traites, expulsion des habitants des villes petites et moyennes, faute de services publics, de petits commerces, expulsion de la terre des ressources naturelles et des matières premières par les multinationales… La mondialisation capitaliste a accéléré la dynamique d’expulsions des peuples. Chassés de leurs campagnes pour aller dans les villes, ils ont été de nouveau chassés des villes par la spéculation immobilière, la désindustrialisation, le démantèlement des services publics, disparus dans de nombreuses parties du pays ou en voie de privatisation généralisée (distribution et assainissement de l’eau, déchets, électricité, audiovisuel, culture, éducation, santé, poste, autoroutes …). Dans ces conditions, lutter contre la logique de l’expulsion signifie mettre en oeuvre un protectionnisme solidaire. Face à la mondialisation libérale que nous connaissons depuis les années 1970, nécessite de mettre en place une souveraineté populaire solidaire et coopérative. De cette volonté de construire une autre mondialisation, contre les méfaits du libre-échange, l’idée d’un protectionnisme altermondialiste émerge : imposer une protection afin de favoriser les circuits courts, limiter les échanges internationaux de marchandises et ainsi réduire la pollution due au commerce international, relocaliser l’économie et les activités, en finir avec les règles de la Commission Européenne qui impose une « concurrence libre et non faussée » qui détruit les services publics.

6 - Le mouvement des Gilets Jaunes a une dynamique convivialiste. Face à la violence du système productiviste, les Gilets jaunes ont réinventé l’entraide sur les ronds points. Ce que les Gilets Jaunes ont en commun, c’est le besoin de vivre ensemble afin de permette à ses participants de prendre soin les uns des autres, à travers le conflit mais en en faisant de la lutte un facteur de dynamisme et de créativité. Cette association pour survivre des travailleurs pauvres, des petites classes moyennes, des précaires a débouché sur une fraternité des ronds–points, opposant des valeurs de solidarité et coopération face à la loi de la jungle. Des dizaines de milliers de Gilets Jaunes ont pratiqué l’entraide dans l’action, découvrant la richesse des liens sociaux tissés sur les barrages, faites d’empathie, de confiance, d’amitié, de compréhension. Sur les ronds-points nous nous sont ouverts aux autres et au monde constatant notre puissance collective et la faiblesse de l’Etat. Comme le proclamait “le Manifeste des produits de haute-nécessité” des intellectuels antillais en soutien aux mouvements contre la vie chère de l’époque. « la dynamique du Liyannaj, c’est d’allier et de rallier, de lier , relier et relayer tout ce qui se trouvait désolidarisé » . Cette dynamique de la liane , de l’entraide , de la fraternité, cette joie de se reconnaître comme « nous », cette leçon là ne sera pas perdue pour l’avenir quel qu’il soit . En ce sens, les Gilettes et les Gilets Jaunes ont déjà gagné... Les « gens ordinaires » ont perçu que la force de l’action collective les avait transformés en une force sociale et politique extraordinaire. Ils ont créé leurs propres communautés de lutte et de vie. Ils ont inventé leurs propres formes de représentation collective, refusant les porte paroles autoproclamés pour mieux se constituer en force autonome d’action populaire. En produisant du commun, le peuple des ronds-points a affirmé son autonomie et rendu visible l’impuissance du pouvoir et de toute la classe politique. Ces leçons ne seront pas perdues pour l’avenir. Comme on disait dans l’Ancien Monde : Rien ne sera plus jamais comme avant.

7 - Justice sociale / justice climatique même combat : la convergence entre Gilets jaunes et Gilets Verts s’est affirmée. Les marches du climat du 8 décembre ont montré qu’il ne peut y avoir de justice climatique sans justice sociale. « Changer le système, pas le climat », fins de mois et fin du monde , même combat » ne sont plus des slogans vides de sens mais l’axe même de la refondation du projet écologique. Nicolas Hulot et le WWF présidé par Pascal Canfin se sont déconsidérés en demandant à ne pas participer aux marches sur le climat par pour d’être assimilés ou récupérés par les Gilets jaunes. Les Gilets jaunes en s’élevant contre les taxes sur les carburants ont protégé l’écologie contre les tartuffes qui utilisaient la défense du climat pour rembourser les cadeaux comme l’ISF ou le CICE. Gilets jaunes, Gilets verts nous ne pouvons plus attendre que les solutions viennent des décideurs politiques et économiques, qui ont largement démontré leur incompétence et leur soutien au système. C’est à travers la lutte que nous obtiendrons des avancées dans la lutte contre le réchauffement climatique, en bloquant la circulation des marchandises, en attaquant le consumérisme ostentatoire des riches. Le mouvement de la justice sociale et climatique doit se construire comme une organisation citoyenne d’écologie populaire à l’image des militants allemands d’Ende Gelände qui en octobre dernier ont bloqué les rails et empêché physiquement le convoi de charbon de passer. Constituer des groupes populaires d’action pour le climat, c’est la meilleure manière de lutter contre la crise climatique qui est une guerre contre les pauvres. Comme l’écrivait, Nicola Haeringer, animateur de 350.org. : « Il y a dans le mouvement des Gilets Jaunes un rejet de la coproduction de la norme à laquelle la société civile est désormais trop souvent associée. Réapprendre à être avant tout et surtout frondeur, à titiller, à gripper, à faire dérailler des processus de décisions qui, in fine, contribuent à la discussion du climat et de la biodiversité est essentiel - ce qui implique de désapprendre la coproduction, de savoir renoncer à la concertation, non par immaturité mais parce qu’il pourrait bien s’agir là de la meilleure manière pour nous d’exercer nos responsabilités. ». L’échec de la COP 24 nous rappelle que la gouvernance capitaliste du climat sert d’alibi aux entreprises polluantes qui s’apprêtent après avoir constaté l’échec des Etats à se lancer dans la course folle de la géo-ingénierie, nouvelle source de profit et de catastrophes. L’écologie populaire naitra dans les décombres du productivisme.

8 - Le mouvement des Gilets Jaunes déplace le centre de la lutte populaire de la production à la circulation des marchandises. Les flux de marchandises sont le maillon faible du système dans une économie qui part des flux tendus de production, qui se poursuit par le poids économique de la logistique, pour s’achever dans les centres commerciaux et le consumérisme. Ce n’est plus le produit et sa production délocalisée qui compte, ni sa commercialisation. C’est l’entre-deux, cette interface matérielle du transport qu’il suffit de bloquer pour casser la mécanique économique. Le blocage des ronds-points est le point de rencontre du social et de l’écologie. Quelles que soient les évolutions de ce mouvement un fait est sûr, il existe désormais un point faible dans ce que l’économie ne peut pas dématérialiser, le transport des marchandises. En ancrant le mouvement sur ce point faible, les salariés, ubérisés, précaires, retraités, chômeurs, en déplaçant le terrain de la lutte du lieu de la production à celui de la consommation, ont mis en lumière le point d’appui qui manquait pour reconstruire un rapport de force social. Si la lutte s’est déplacé des luttes pour la production à celles de la ville, c’est aussi que le revenu des personnes consacré au logement est passé en quelques décennies de 7 % à parfois 50 %. En quelques décennies, cette part consacrée au logement et la mobilité a explosé. Au fil des ans, le salariat s’est transformée. Il s’est atomisé. Les grandes concentrations ouvrières ont disparues et avec elles le mythe de la grève générale. Faire une journée de grève avec randonnées pédestres tous les deux mois est considérée comme inefficace et desservant les intérêts du salarié. La conscience de classe organisée autour d’entreprises irriguant un territoire socialement dépendant de l’usine a fait place à un salariat diffus, qui n’est plus tenu en laisse par l’organisation capitaliste du travail, remet de fait en cause l’un des fondements de la culture productiviste de la gauche. Sur les ronds points l’alliance se fait aussi avec des paysans, des commerçants et des petits patrons victimes de la sous-traitance, de l’agrobusiness et de la grande distribution. La culture de la gauche productiviste en est bousculée. Ce n’est pas nous qui nous en plaindrons.

9 - Le mouvement des Gilets Jaunes renoue avec l’histoire de l’écologie populaire, celle de la désobéissance civile. Après Sivens et Notre- Dame des Landes, le mouvement des Gilets Jaunes ne respecte ni les codes de la « concertation », ni les formes d’action traditionnelles. Les Gilets jaunes veulent vivre et non survivre. En cela, ils renouent, avec les luttes paysannes pour la préservation des communs, avec les jacqueries contre les taxes féodales, avec la lutte pour le pain des sans culottes durant la Révolution Française, pour la redistribution des terres contre les accapareurs, avec les ZAD…, Les Zadistes de Bure sont les mêmes qui à Commercy refusent la vie chère … En organisant la gratuité aux péages, en murant les centres des impôts, en boycottant et bloquant les centres commerciaux, en organisant des campements sur les ronds-points, ils prolongent l’action de Thoreau ou de Chico Mendes. La désobéissance civile s’oppose à la violence sociale du capitalisme. Si les écologistes se réclament de la non-violence, cette non-violence n’exclut pas la détermination face aux violences policières de l’Etat. L’écologie populaire c’est tout le contraire d’un monde aseptisé où les conflits de classe, les affrontements, y compris la violence sociale, ont disparu. Si les écologistes prônent la non-violence, ils savent reconnaître la légitimité du combat de « ceux qui ne sont rien » pour parler comme le Président. Celui-ci cherche à criminaliser le mouvement social en instituant une nouvelle loi anti-casseurs dans la droite ligne de l’Etat d’urgence permanent déjà intégré dans la loi depuis octobre 2017 par son gouvernement. C’est un état d’exception permanent que le pouvoir cherche à instaurer. Notre première tâche est d’organiser la protection du mouvement des Gilets jaunes contre la répression en exigeant l’amnistie générale pour toutes les condamnations de Gilets Jaunes, la suppression des armes non létales (flashball, lbd...) utilisées pour mutiler et blesser les manifestants, le refus de la loi « anti–casseurs » et de l‘Etat d’exception permanent.

10 - Nous, écologistes sociaux, appelons à une Constituante de l’écologie populaire, ouvertes à tous les courants de l’écologie de transformation pour refonder le projet écologiste sur des bases de rupture avec le capitalisme vert. Nous ne pouvons pas rester des spectateurs du mouvement historique actuel. Pour lutter contre les tendances fascisantes, productivistes, anti-écolos, il faut de l’intérieur du mouvement populaire actuel constituer une mouvance d’écologie populaire. C’est aussi ce qui se joue à Commercy. Convaincus que le système capitaliste menace par sa capacité de destruction à la fois, la Nature et de l’Humanité nous considérons qu’il faut constituer une plate-forme d’écologie populaire commune à toutes celles et tous ceux qui se battent au quotidien pour préserver les écosystèmes, la biodiversité et le climat. Nous ne pouvons plus rester chacun dans notre chapelle, attendant que la réalité des crises écologique et climatique nous donnent raison. Unir nos forces est une nécessité. C’est pourquoi, nous appelons les écologistes qu’elles ou qu’ils soient écologistes sociaux, municipalistes libertaires, écosocialistes, objecteurs de croissances, écoféministes, écologistes radicaux, zadistes, qui se reconnaissent dans ce texte à se réunir dès maintenant dans des assemblées locales, régionales de l’écologie populaire en vue de la tenue de cette Assemblée constituante de l’écologie populaire qui pourrait pour échapper à l’électoralisme se tenir au lendemain des élections européennes.