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Brexit: quand l’histoire se répète comme une farce

Brexit Royaume-Uni

Lien publiée le 27 janvier 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://aplutsoc.org/2019/01/26/brexit-quand-lhistoire-se-repete-comme-une-farce/

Brexit: quand l’histoire se répète comme une farce

par Roger Silverman (Londres)

Source : cet article est paru originellement sur le blog Oakland Socialist le 22 janvier dernier.

Par une parole célèbre, Marx a dit que l’histoire se répète comme une farce. Cependant, malgré cela, il aurait peut-être eu du mal à imaginer la pantomime à laquelle se livre maintenant la classe dirigeante britannique.

A peine après avoir franchi sans trop d’égratignures le cap des élections de juin 2017 en promettant un «gouvernement fort et stable», celui de Theresa May ressemble aujourd’hui davantage aux clowns géniaux des films muets, évitant les tartes à la crème et glissant sur des peaux de banane.

Au cours des 18 mois qui ont suivi ces élections, 32 ministres ont démissionné, dont un vice-Premier ministre, deux secrétaires d’État successifs à la sortie de l’UE, deux secrétaires d’Irlande du Nord, les secrétaires d’État aux Affaires étrangères, à la Défense, au Développement international, à l’éducation, aux Transports, au Travail et aux Pensions, sans parler des nombreux mandarins de moindre importance, dont plusieurs d’entre eux laissent apparaître ouvertement leurs «interrogations sur leurs positions».

Theresa May en difficulté

Au cours de la semaine écoulée, May a à peine survécu aux votes de confiance de son propregroupe parlementaire et du parlement dans son ensemble, alors que l’accord proposé avec l’UE qu’elle avait négocié au cours des deux dernières années a été rejeté avec humiliation par le Parlement par un vote colossal de 432 voix contre 202 – une défaite retentissante pour legouvernement et historiquement sans précédent.

Et aujourd’hui, après avoir été chargée par le Parlement de présenter une proposition alternative, quel est son nouveau plan ? Pourquoi, pour encore mener des discussions avec le parti ultra-conservateur DUP [le Parti unioniste démocratique – parti sectaire protestant de droite en Irlande du Nord] sur ce même accord que le DUP a déjà rejeté, avant de revenir vers l’UE pour quémanderdes concessions sur ce qu’ils ont déjà refusé.

Déclin de l’impérialisme britannique

Comment le capitalisme britannique se trouve-t-il dans un tel pétrin ? Il fut historiquement le premier au monde à renverser une monarchie féodale et à trancher la tête d’un roi ; le premier à s’industrialiser, faisant de la Grande-Bretagne «l’atelier du monde» ; une puissance mondiale qui régnait autrefois sur le plus grand empire de l’histoire.

Il y a un demi-siècle, un ancien secrétaire d’État américain avait fait remarquer que la Grande-Bretagne avait «perdu un empire mais n’avait pas encore trouvé de rôle» ; c’est mille fois plus vrai aujourd’hui.

Dans les années 1980, Margaret Thatcher a délibérément détruit tout le reste de la puissance industrielle britannique dans un effort désespéré pour limiter le pouvoir des syndicats, laissant l’économie britannique à la merci de ses secteurs les plus prédateurs et parasites : la finance et l’immobilier, des blanchisseurs d’argent sale se faisant sucer par les oligarques du monde entier, dissimulant leurs profits dans des paradis fiscaux à l’étranger.

Tout ce qui soutient l’autorité politique de cette aile de plus en plus dominante de la classe dirigeante, c’est son exploitation du vil héritage impérial du chauvinisme jingo, pour siphonner le mécontentement de ses millions de victimes qui souffrent dans une révolte xénophobe contre l’UE.

Brexit «soft» ou accord «Norvège Plus»… rien ne fonctionnera

Cette faction du parti conservateur est enthousiasmée par la perspective d’une rupture décisive avec l’UE, qui lève toutes les garanties limitées imposées par cette dernière contre la «concurrence déloyale» et ouvre les vannes à des accords commerciaux non réglementés avec les États-Unis, y compris la privatisation pure et simple du NHS (Service National de Santé).

Un autre groupe, basé dans le secteur manufacturier en déclin, cherche désespérément à préserver les lucratifs marchés continentaux et la disponibilité d’une main-d’œuvre bon marché offerte par un Brexit «souple», si ce n’est le maintien de l’adhésion à l’UE. Tory Britain est rapidement à court d’options.

Certains réclament un accord «Norvège plus» – acceptant toutes les règles de l’UE tout en renonçant à leur formulation ; d’autres optent pour la solution thermonucléaire : un Brexit «sans accord» qui plongerait la Grande-Bretagne dans la catastrophe. La probabilité de l’effondrement de la blague que constitue un tel gouvernement, se profile à l’horizon.

Irlande et Écosse

Ce n’est pas pour la première fois que l’establishment britannique a du mal à se débarrasser des démons de ses crimes passés en Irlande. Après trente ans de guerre civile, la dernière vague de «troubles» dans le Nord n’a pris fin que dans le contexte de l’adhésion commune des deux pays à l’Union européenne, qui a ouvert la frontière et facilité la reconnaissance d’une «dimensionirlandaise».

Sans une union douanière continue (ce que May a exclu, mais une option qui a la faveur deCorbyn), l’érection d’une nouvelle frontière en dur menace de faire réapparaître le fantôme des conflits passés. Il est pour le moins ironique que l’Angleterre finisse par perdre non seulement son dernier coin d’Irlande, mais aussi l’Écosse, qui a voté massivement contre le Brexit.

Corbyn

Jeremy Corbyn s’oppose à la pression des Blairistes, l’establishment déplacé d’hier, de réclamer unsoit disant « vote du peuple » – un second référendum, dans le pari désespéré d’aboutir avec chanceà un résultat différent cette fois-ci, la restauration du statu quo failli, et en ignorant la réaction furieuse qu’elle provoquerait. Il insiste à juste titre sur le fait que la vraie division en Grande-Bretagne ne se situe pas entre les partisans de la sortie (Leavers) et ceux du maintien (Remainers), mais entre le « plus grand nombre » et les « quelques uns ».

Ce qui compte, c’est la lutte pour protéger et renforcer les droits et le niveau de vie des travailleurs. Jamais plus un gouvernement travailliste ne doit se plier aux diktats de la classe dirigeante, qu’ils proviennent de Bruxelles, de Washington ou de la City londonienne.

Notes du blog Oakland Socialist : Roger Silverman a écrit un article sur l’historique du Brexit, que les lecteurs trouveront ici. Nous avons publié toute une série d’articles sur le Brexit, dont plusieurs qui s’opposent à ceux qui à gauche soutiennent le Brexit. Ces articles peuvent être trouvés ici.