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A Ménilmontant, le rassemblement des «vrais antiracistes» contre l’antisémitisme
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
A l'appel du NPA et d'associations antiracistes, un rassemblement alternatif à celui de République était organisé dans le XXe arrondissement de Paris pour dénoncer la récupération des récents événements par les grandes formations.
«Les vrais antiracistes, ils sont là ce soir.» Echarpe tricolore autour du cou, Madjid Messaoudene, conseiller municipal (Front de gauche) à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), annonce la couleur. «Il y a une flambée des actes antisémites : il fallait donc marquer le coup en les dénonçant fermement ce soir, insiste-t-il. J’ai d’ailleurs tout de suite condamné la façon dont Alain Finkielkraut a été alpagué samedi par des gilets jaunes. Mais il ne faut pas oublier les autres discriminations.» En ce sens, le Sénaco-Dyonisien rejoint les centaines de personnes attroupées place Jean-Ferrat, dans le XXe arrondissement de Paris, «contre l’antisémitisme et son instrumentalisation». A l’appel de l’Union juive française pour la paix (UJFP), de formations d’extrême gauche (dont le NPA), mais aussi d’associations antiracistes (Comité Adama, collectif Rosa Parks, etc.) et du controversé Parti des indigènes de la République (PIR), un deuxième rassemblement, alternatif au grand raout de la place de la République, a en effet été organisé mardi soir dans la capitale pour condamner l’antisémitisme, «parmi tous les racismes», mais surtout pour dénoncer la récupération politique de la part des grandes formations de droite comme de gauche de la haine antijuifs. «Il faut faire entendre une voix ferme et unitaire contre l’antisémitisme, prévient à ce propos l’universitaire Julien Salingue, figure du NPA, devançant les éventuelles accusations. En revanche, comment faire confiance aux pompiers pyromanes qui ont mené des politiques racistes ces dernières années ?»
Arrivée peu avant 19 heures sur l’esplanade de Ménilmontant, Sonia Fayman, 71 ans, se dit inquiète face à l’augmentation des actes antisémites. «On ne peut pas rester inerte», soulève cette fille de déporté. Militante de longue de date de l’Union juive française pour la paix, elle regrette néanmoins que ces actes soient récupérés pour «décrédibiliser les gilets jaunes» et «attaquer les juifs antisionistes pour dire qu’ils sont antisémites». «Heureusement qu’Emmanuel Macron a rejeté l’idée de pénaliser l’antisionisme, poursuit la sociologue. Ce serait absurde de criminaliser une théorie politique. Non, c’est l’antisémitisme et tous les racismes qui doivent être combattus.» Venu de Lyon, un Fedora vissé sur la tête, Georges Gumpel, 82 ans, craint une «utilisation» des juifs de France et de leur «histoire». «L’histoire nous la connaissons, il n’y a que nous qui pouvons dire à quel moment tel acte est antisémite», complète ce fils de déporté, qui fut partie civile au procès de Klaus Barbie.
Un peu plus loin sur la place, encore calme, des gilets jaunes séduits par ce contre rassemblement tendent une grande banderole «gilets jaunes contre l’antisémitisme». Depuis ce week-end, le mouvement né de revendications fiscales et sociales il y a trois mois est sous le feu des critiques en raison des manifestations d’antisémitisme constatée en marge de la mobilisation. «Au sein de mouvement, il y a des éléments antisémites organisés comme le groupe de Dieudonné mais aussi des amalgames douteux qui sont faits entre les juifs et les banques», observe Marcel, 58 ans, un gilet jaune de Bobigny, de toutes les manifs depuis début décembre. Cet ancien militant trotskiste, qui bosse dans l’Education nationale, tenait à manifester ce soir pour joindre sa voix au rejet de l’antisémitisme, mais a préféré éviter le rassemblement de République par «peur» de se retrouver face à «des gens violents contre le mouvement». Ce n’est pas le cas de Haïm Bladou, la cinquantaine, croisé non loin. Proche de l’UJFP, cet «humaniste», qui vit l’augmentation des actes antisémites comme «un enfer», a, lui, préféré se rendre place de la République craignant que cette manifestation statique alternative fasse «polémique» et n’ajoute des divisions à la division. «Je plaide pour un apaisement. Tout s’enflamme et je crains que tout cela réveille plus de passions et de tensions qu’avant», s’alarme le militant associatif. Il rejoint cependant l’analyse des organisateurs. «Nous sommes, les juifs, un prétexte pour museler les gilets jaunes, défend-il. Or pour lutter efficacement contre l’ignorance et la haine, il ne faut pas réprimer mais éduquer.»