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Algérie: la rue contre le système Bouteflika

Algérie

Lien publiée le 10 mars 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

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Pour le troisième vendredi de suite, partout à travers le pays, des centaines de milliers de femmes et d’hommes ont occupé les rues pour exprimer leur refus du cinquième mandat que souhaite briguer le président sortant Abdel Aziz Bouteflika, ainsi que le rejet du système en général.

Ce samedi 9 mars, les Algériens se sont réveillés agréablement sonnés des événements de contestation qui ont eu lieu la veille. Dans la capitale, les Algérois n’ont pas pu attendre la fin de la prière comme prévu pour sortir ; dès midi, des flots ininterrompus de citoyens venant des différents quartiers de la ville se déversaient sur les grandes places du 1er-Mai, de Maurice Audin et de la Grande Poste. Une heure après, une marée humaine couvrait toutes les grandes et petites artères de la ville, à croire que tout Alger était descendu dans la rue exprimer sa colère.

Dans les autres grandes villes aussi, à Oran, Bejaïa, Sétif ou Ghardaïa, les citoyens ont répondu à l’appel. Jamais une cause n’a mobilisé autant la société dans toutes ses composantes. L’ambiance était engagée et bon enfant, beaucoup de manifestants ont ressorti les drapeaux ternis par le temps de la guerre d’indépendance comme une allégorie à la considération qu’ils ont vis-à-vis du clan Bouteflika, au pouvoir depuis 1999.

Avocats et journalistes se joignent à la protestation

Mardi dernier, le bâtonnat de Annaba avait publié un communiqué dans lequel il exprimait son soutien au peuple et a tranché également sur la suspension de toutes les activités au niveau des cours et tribunaux relevant de leur région. Les milliers d’avocats du barreau d’Alger n’ont pas tardé à joindre la mobilisation en se rassemblant jeudi devant le siège du Conseil constitutionnel pour réclamer le respect de la constitution et l’invalidation de la candidature du président actuel.

Les journalistes aussi se sont rallié aux revendications citoyennes – plusieurs manifestations ont eu lieu dans le centre d’Alger pour dénoncer les entraves à la liberté de la presse et à la difficulté d’exercer les métiers du journalisme dans le pays. Fait rare, des journalistes de la radio et télévision publiques se sont également mobilisés pour dénoncer l’injonction de l’Etat sur le traitement de l’information. Des démissions ont eu lieu.

Le pacifisme comme seule arme

Malgré l’avertissement du pouvoir contre le risques de « chaos » et de « retour à la guerre civile comme en Syrie », les Algériens ont tenu a marqué leur présence pour crier leur colère dans un pacifisme total – salué par plusieurs personnalités et médias internationaux. L’organisation des manifestations s’est déroulée sur les réseaux sociaux où les appels au calme et au civisme n’ont pas cessé, bien que quelques incidents dans les hauteurs d’Alger sont à déplorer.

Parmi les appels au bon déroulement des manifestations, une publication a été massivement relayée, il s’agit d’un texte intitulé "Les 18 commandements du manifestant", écrit par Lazhari Labter, 67 ans, un journaliste, poète et écrivain algérien :

« 1 - Pacifiquement et tranquillement je marcherai,
2 - En Homme digne et civilisé je me comporterai,
3 - D’eau et de vinaigre je me munirai (vinaigre pour atténuer du gaz lacrymogènes),
4) À aucune provocation je ne répondrai,
5 - Les baltaguias (casseurs payés par le pouvoir) j’isolerai et à la police je les remettrai,
6 - Pas une pierre je ne jetterai,
7 - Pas une vitre je ne briserai,
8 - Pas un mot déplacé je ne prononcerai,
9 - Aux personnes et aux biens je ne toucherai,
10 - Au policier et au gendarme je sourirai,
11 - À la femme, une rose j’offrirai,
12 - À celui qui a soif, mon eau je partagerai,
13 - Sur les vieux, les femmes et les enfants je veillerai,
14 - Avec détermination je marcherai,
15 - Contre vents et marées j’irai,
16 - Digne héritier des Novembristes (militants indépendantistes algériens l’insurrection anti-coloniale le 1er novembre 1954) je serai,
17) Après la marche, les rues et les places je nettoierai,

18) Au monde qui m’observe, une leçon je donnerai et un exemple je serai,
Car je sais que La Liberté au bout du chemin m’attendra et dans ses bras ouverts elle m’accueillera. »

Dimanche 10 mars marquera une nouvelle étape dans la résistance, une semaine de désobéissance civile est prévue pour exiger la fin de l’ère Bouteflika.