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Le chef de l’État-major propose la destitution de Bouteflika
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Crédit Photo: U.S. Navy photo by Chief Photographer's Mate Johnny Bivera / Wikicommons
Aujourd’hui, 26 mars, le général Ahmed Gaïd Salah chef d’État-major de l’ANP en visite dans la 4° région militaire (Ouargla) vient de faire une déclaration sur la situation politique du pays : « Il faut adopter une solution qui garantit la satisfaction de toutes les revendications légitimes du peuple algérien et qui garantit le respect des dispositions de la Constitution et la continuité de la souveraineté de l’État, une solution de nature à être acceptée de tous. C’est une solution prévue par la Constitution dans son article 102 ».
Cette déclaration suscite pas mal d’interrogations.
Pourquoi Gaïd Salah choisit-il Ouargla (900 kms par rapport à Alger) pour faire une pareille déclaration ? S’agit-il d’une démarche de précaution ou bien le fait-il par souci d’éviter que son initiative ne soit assimilée à un putsch ?
Pourquoi c’est le chef d’état major et non pas le Conseil Constitutionnel, qui est régulièrement habilité, qui le fait ?
Peut-être que le conseil constitutionnel, qui est acquis au cercle présidentiel est opposé à cette option de ce point de vue la démarche de Gaïd Salah résonne comme une pression. Ou peut- être, seulement, que l’armée qui a l’habitude de décider en dernier ressort n’a pas encore rompu avec ce rôle. Dans ce cas, tout de même, elle rompt avec sa manière habituelle de faire qui est la discrétion.
Peut-être que Gaïd Salah anticipe pour court-circuiter une démarche qui vise à mettre l’Algérie à la merci des puissances étrangères !
Voyons maintenant ce que dit l’article 102 de la constitution.
« Art. 102.42 — Lorsque le Président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l'impossibilité totale d'exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l'unanimité, au Parlement de déclarer l'état d'empêchement. Le Parlement siégeant en chambres réunies déclare l'état d'empêchement du Président de la République, à la majorité des deux tiers (2/3) de ses membres et charge de l'intérim du Chef de l'Etat, pour une période maximale de quarante cinq (45) jours, le Président du Conseil de la Nation, qui exerce ses prérogatives dans le respect des dispositions de l'article 104 de la Constitution. En cas de continuation de l'empêchement à l'expiration du délai de quarante cinq (45) jours, il est procédé à une déclaration de vacance par démission de plein droit, selon la procédure visée aux alinéas ci-dessus et selon les dispositions des alinéas suivants du présent article. En cas de démission ou de décès du Président de la République, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit et constate la vacance définitive de la Présidence de la République. Il communique immédiatement l'acte de déclaration de vacance définitive au Parlement qui se réunit de plein droit.
Le Président du Conseil de la Nation assume la charge de Chef de l'Etat pour une durée de Quatre-vingt-dix (90) jours au maximum, au cours de laquelle des élections présidentielles sont organisées. Le Chef de l'Etat, ainsi désigné, ne peut être candidat à la Présidence de la République. En cas de conjonction de la démission ou du décès du Président de la République et de la vacance de la Présidence du Conseil de la Nation, pour quelque cause que ce soit, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit et constate à l'unanimité la vacance définitive de la Présidence de la République et l'empêchement du Président du Conseil de la Nation. Dans ce cas, le Président du Conseil constitutionnel assume la charge de Chef de l'Etat dans les conditions fixées aux alinéas précédents du présent article et à l'article 104 de la Constitution ».
Selon cet article, on peut tomber dans une situation ou la période d’intérim pourra durer huit mois sans que le gouvernement ne change. Autrement dit se serait la formule de Bouteflika sans Bouteflika.
Voyons maintenant le contenu de la déclaration. Gaïd Salah parle de « solution qui garantit la satisfaction de toutes les revendications légitimes du peuple algérien ». Mais ces revendications légitimes du peuple doivent se réaliser dans « le respect des dispositions de la Constitution actuelle ». C’est tout le contraire de ce que réclame le peuple. « Le peuple veut un changement radical de régime », mais Gaïd Salah, lui, suggère que Bouteflika passe le relais à ses hommes de mains en gardant toute la structure du régime en place. C’est un marché de dupe. Les revendications du peuple ne sont pas solubles dans le régime actuel. Le combat continue !
Hocine Guernane, militant du PST algérien