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"Avis critique" sur "Le temps de l’histoire " de Ludivine Bantigny
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Ce soir, comme chaque semaine, deux essais sous les feux de la critique : Romain Bertrand,"Le détail du monde" (Seuil) et Ludivine Bantigny, "L’oeuvre du temps" (éditions de la Sorbonne).
Une femme devant la collection de papillons du Musée d’histoire naturelle de Wiesbaden (Allemagne, 2013)• Crédits : Fredrik von Erichsen - Getty
Deux ouvrages qui pensent, font et écrivent l’histoire autrement. Dans L’œuvre du Temps, publié aux éditions de la Sorbonne, l’historienne Ludivine Bantigny se penche sur un certain nombre de questions qui agitent sa discipline, et au-delà le débat public : l’histoire n’est-elle que la science des faits, du vrai, peut-elle être objective – et partant l’historienne doit-elle être neutre ? Ludivine Bantigny sacrifie de manière très personnelle à un exercice qui a d’illustres prédécesseurs : interroger la fonction et la finalité du métier d’historien. C’est sans doute une question que se pose aussi un autre brillant chercheur de la nouvelle génération : Romain Bertrand vient de publier au Seuil Le Détail du monde. Plongée dans l’histoire des savants, naturalistes, poètes et peintres qui ont su décrire la nature, les plantes, les bêtes et les paysages. Tout ce que nous ne savons plus faire déplore Romain Bertrand qui invite à retrouver une forme plus sensible de connaissance du monde.
Romain Bertrand - Le Détail du monde
Je vous propose de commencer par le livre de Romain Bertrand, Le détail du monde : l’art perdu de la description de la nature, publié au Seuil dans la collection « L’univers historique ». L’auteur est historien, directeur de recherche au CERI (le centre de recherche international de Sciences Po). Son objet depuis plusieurs années, c’est l’histoire coloniale, et singulièrement l’histoire de la présence européenne dans le Sud-Est asiatique au XVIe et XVIIe siècle.
C’est aussi l’un des représentants de l’histoire globale et de l’histoire connectée : son livre en 2015 Le Long remord de la conquête était un exemple du genre, partant d’un procès en sorcellerie à Manille en 1577 pour dérouler l’histoire de l’expansion occidentale dans la région, marquée par le remord, la religion et la magie. Pour être complet, Romain Bertrand mène également une réflexion historiographique, qu’il a théorisé dans son livre L’Histoire à parts égales (Seuil, 2011) et qui vise à sortir d’une approche trop européocentrée de sa discipline.
Il fallait revenir là-dessus pour bien comprendre dans quel itinéraire intellectuel se situe Le Détail du monde qui pousse un peu plus loin ce travail de réflexion, pour interroger au fond la possibilité d’une histoire qui cette fois ne serait pas anthropocentrée. Un exemple existe de cette tentative, il s’agit de l’histoire naturelle telle qu’elle s’est développée au XIXe siècle, quand savant et poètes combinaient savoir et littérature pour élever la peinture du paysage au rang de savoir supérieur.
C'est très rare qu'on puisse dire d'un essai qu'il est beau, il est très beau par sa langue, il y a aussi la beauté du sujet (pourquoi la connaissance de la nature commence par l'émerveillement) [...] et enfin il y a une beauté de l'intelligence. (Catherine Portevin)
Ce qui est passionnant dans ce livre , et c'est l'historien qui parle [...] selon Romain Bertrand rien que par la description de la surface on peut aller très loin. Le meilleur exemple Wallace qui découvre la loi de la sélection naturelle par l'observation plus que par la vivisection ou l'expérimentation. Ainsi un jour à Londres, Darwin apprend que Wallace dans la jungle est sur le point d'aboutir aux mêmes conclusions que lui. Ils vont donc décider de présenter ensemble leurs conclusions. (Lois des adaptations évolutives).(Sonya Faure)
Ludivine Bantigny - L’œuvre du temps
Deuxième temps de l’émission, on va parler du livre de Ludivine Bantigny, L’œuvre du temps, publié aux éditions de la Sorbonne dans la collection « Itinéraires » dirigée par l’historien Patrick Boucheron. Une collection qui propose à des chercheurs de revenir sur leur parcours personnel et de mener une réflexion sur leur pratique du métier.
Ludivigne Bantigny est Maîtresse de conférence à l’université de Rouen Normandie et chercheuse associée au centre d’histoire de Sciences Po Paris. Ses travaux portent sur la jeunesse et les générations, l’engagement politique, la conscience historique, la guerre d’Algérie et mai 68 – on avait parlé ici au moment des commémorations du cinquantenaire de son ouvrage 1968, de grands soirs en petits matins paru au Seuil. C’est aussi une historienne engagée, à gauche, qui participe au débat public et qu’on peut voir dans certains médias… elle en parle dans le livre qui nous intéresse ce soir.
Car au fond, la question qui y est posée c’est : quelle est la fonction et la finalité du métier d’historien ? Ludivine Bantigny interroge le rapport à l’archive, aux faits, au vrai… puis comment on porte tout cela dans l’espace public, avec quelle responsabilité, quels engagements.
Pour y répondre, elle fait le récit de sa propre histoire, celle d’une jeune provinciale d’origine modeste du Nord de la France, peu à l’aise dans le milieu intellectuel parisien, mais qui trouve dans ce malaise une raison de plus pour s’y exprimer. C’est aussi une lectrice, qui laisse une place importante aux affects, aux émotions dans sa pratique. Une historienne en somme qui s’interroge aussi bien sur ce qu’elle peut dire du temps, le temps qui passe, le temps linéaire du progrès… que sur la fonction de l’événement.
C'est un livre extrêmement vif, extrêmement joyeux, extrêmement libre [...]. J'ai trouvé Ludivine Bantigny assez bravache et assez gonflée car elle aboutit à une forme de déclaration assez radicale sur l'engagement. Elle finit par dire je n'ai plus le temps de grillager des champs ... d'un côté la recherche de l'autre l'engagement. (Catherine Portevin)
Ludivine Bantigny a choisi d'organiser toute sa réflexion sur le temps , elle explique que le temps à une histoire et qu'on l'oublie bien souvent. Il ne faudrait pas le voir comme une progression linéaire, continue, homogène, mais comme une matière dans laquelle il y a une coïncidence des temps : le présent, le futur, le passé qui sont tous toujours actifs au présent. (Sonya Faure)
> Choix musical : Jorja Smith - Lost & Found
L'instant critique
Catherine Portevin nous conseille la lecture du livre de Sylvie Tanette Un jardin en Australie paru aux éditions Grasset et Sonya Faure nous recommande la pièce de théâtre de Sébastien Lepotvin et Myriam Marzouki, mise en scène par Myriam Marzouki intitulé "Que viennent les barbares". La pièce part en tournée.
Comédie de Reims-Centre dramatique national jusqu'au 29 mars.
La Passerelle-Scène nationale de Saint-Brieuc, le 4 avril.
MC2 de Grenoble, du 9 au 11 avril. Comédie de Béthune-Centre Dramatique National des Hauts-de-France, du 23 au 26 avril.
Théâtre Dijon-Bourgogne-Centre Dramatique National, Festival Théâtre en mai, du 27 au 29 mai.
BIBLIOGRAPHIE
L'oeuvre du temps : mémoire, histoire, engagementLudivine BantignyEditions de La Sorbonne, 2019
Le détail du monde : l'art perdu de la description de la natureRomain BertrandSeuil, 2019
INTERVENANTS
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journaliste à Libération
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chef de la rubrique livres pour Philosophie Magazine