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A Genk, après l'annonce de la fermeture du site, les salariés de Ford se sentent " trahis "
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le ciel bleu et le soleil quasiment estival, présent depuis des jours sur le Limbourg belge, n'y changent rien. En ce mercredi 24 octobre sur le Markt, la place centrale de la petite ville de Genk, les visages sont fermés et les paroles rares. Ford City, ancienne cité minière tracée au cordeau, est en deuil : la maison mère, Ford Europe, a annoncé le matin même la fermeture de la vaste usine installée dans les faubourgs, au bord du canal. Les quelque 4 300 travailleurs du site seront chômeurs au début 2014 et, selon des estimations de la mairie et des syndicats, de 7 000 à 9 000 autres personnes employées dans la sous-traitance ou dans des secteurs qui vivent de la présence de Ford Genk sont directement menacées.
" Ce sera le drame ou la catastrophe ", a titré le quotidien régional, Het Belang van Limburg. Le drame, parce que subsistait l'espoir de la suppression d'une seule équipe de production, avec 1 000 postes à la clé. Et c'est la catastrophe... Mercredi, dans une déclaration de quelques minutes, le directeur du site, Philippe Verbeeck, a annoncé lors d'une réunion extraordinaire du conseil d'entreprise la mise à mort de l'usine qui, ô ironie, aurait dû fêter le jour même le 50e anniversaire de sa création.
A l'extérieur, les ouvriers et les ouvrières qui avaient fait semblant de rester optimistes ont fondu en larmes, s'étreignant et criant leur colère. Un homme s'est évanoui. " Nous sommes trahis ", a commenté Mark, une fois l'émotion retombée. Employé ici depuis trente-sept ans, il a incriminé " la direction, les syndicats allemands et les Espagnols qui vont récupérer notre production en faisant semblant de s'apitoyer sur notre sort ".
Gert, 43 ans, finirait presque par en rire : en 2010, il avait perdu son travail chez Opel Anvers, usine sacrifiée au profit des implantations allemandes du groupe, avant de retrouver un poste à Genk. L'avenir ? " Il y a vingt-cinq ans que je suis dans le secteur automobile, mais là, je ne sais pas si ça va continuer... "
En septembre, alors que circulaient les premières rumeurs de fermeture, Stephen Odell, le Londonien qui dirige la branche européenne de Ford, avait promis, signature à la clé, que le nouveau modèle de la Mondeo serait fabriqué en Belgique, en octobre 2013.
L'annonce de sa venue à Genk - où il n'est finalement pas apparu -, mercredi, avait douché les espoirs qui subsistaient. " Quand je viens quelque part, le déclin économique suit ", a, un jour, ironisé cet homme qui a redressé les comptes de Mazda et de Volvo, fort d'une conviction : " Une période de crise vous autorise à tout faire, tout ce que vous ne feriez pas à d'autres moments. ", déclarait-il en mars 2010 au site Just-Auto.
Il n'y a, selon lui, pas de rupture de contrat avec la Belgique. " Chaque contrat mentionne une clause relative à d'éventuels changements au plan économique. Et nous sommes dans la pire situation que nous ayons connue depuis vingt ans ", a affirmé M. Odell devant les journalistes, à Bruxelles. Il y a vingt ans, Ford Genk comptait encore 13 500 travailleurs et était l'un des fleurons du groupe.
Kris Peeters, le président de la Région flamande, a critiqué les directions de Ford, incapables de faire en sorte, a-t-il dit, que leurs voitures se vendent. Sa colère n'était sans doute pas feinte. Il se souvenait des aides apportées à Ford Genk (500 millions d'euros) et d'une franche poignée de main en 2010, lorsque M. Odell avait cosigné un" contrat d'avenir " garantissant le maintien de l'emploi dans l'usine du Limbourg jusqu'en 2020, avec l'assemblage de trois modèles haut de gamme. Ceux qui ont été les victimes de la crise.
Dans l'après-midi, M. Odell s'est rendu chez le premier ministre Elio Di Rupo, qui a déploré la fermeture et promis de tout faire pour aider les travailleurs. Au-delà ? Le pouvoir politique doit avouer son impuissance, lui qui a baissé les charges sociales de 170 millions d'euros pour aider le secteur automobile et permettre le maintien de l'implantation d'Audi à Forest.
Après la disparition des usines de montage de Renault à Vilvorde en 1997, d'Opel à Anvers et de Ford à Genk, il demeure cette usine bruxelloise et celle de Volvo, à Gand. L'ancien patron de celle-ci, Peter Leyman, estimait, mercredi, que l'attitude de Ford " frisait le manque d'éthique ". Mais il prévenait : " Il n'y a plus de place en Belgique pour la production de masse de produits standardisés. "
Mercredi soir, à 19 heures, une centaine de membres des syndicats socialiste et chrétien ont bloqué les portes de l'usine de Genk. Sans grande conviction, ils ont mis le feu à quelques palettes de bois et à un drapeau marqué de l'ovale bleu de Ford. " Je ne suis pas capable de rentrer chez moi et d'affronter les questions de mes enfants ", disait l'un d'eux.
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Ford devrait aussi fermer son usine de Southampton
Après la Belgique, le Royaume-Uni. Ford devait annoncer, jeudi 25 octobre à 11 heures, aux syndicats la fermeture de l'usine de Southampton. Ce site, dans le sud de l'Angleterre, emploie 530 personnes et produit les camionnettes Transit. La production serait transférée en Turquie. Ford emploie au Royaume-Uni plus de 11 000 salariés.
Cette décision s'inscrit dans le cadre d'un vaste plan de restructuration industriel du constructeur automobile américain en Europe, où il devrait perdre, en 2012, 1 milliard de dollars (768,8 millions d'euros).
Le Royaume-Uni s'était plutôt habitué, depuis deux ans, aux bonnes nouvelles après une longue période de crise du secteur automobile. Mini (BMW), Jaguar Land Rover (Tata), mais aussi Opel-Vauxhall (General Motors), Toyota, ou encore Nissan y ont tous annoncé plusieurs milliards d'euros d'investissements et des centaines de recrutements d'ici à 2016.