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Gilets jaunes : 62 signalements de violences policières contre les journalistes

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Lien publiée le 22 avril 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://www.telerama.fr/medias/gilets-jaunes-62-signalements-de-violences-policieres-contre-les-journalistes,-selon-david-dufresne,n6221377.php?fbclid=IwAR1DPMIF08b_NybwCKov0CIrTpl_sbKbEvG6UYoRAnmYXvm77e_PvfZwh10

Manifestation des gilets jaune, à Toulouse, le 14 avril 2019.

David Dufresne recense, manifestation après manifestation, tous ceux qui sont blessés par les forces de l’ordre. A l’occasion du dévoilement du rapport 2019 de Reporters sans frontières, celui-ci révèle à quel point, en France, les journalistes sont particulièrement visés. Glaçant.

Présent lors de la présentation le 18 avril du classement mondial de la liberté de la presse 2019 de Reporters sans frontières, qui s’est tenue à la BNF, le journaliste David Dufresne a dévoilé ses travaux sur les violences policières à l’encontre des journalistes au cours des manifestations des gilets jaunes. « J’ai comptabilisé 62 cas, révèle celui qui, depuis le début du mouvement, recense avec « Allô place Beauvau » sur son compte Twitter, les violences policières sur les manifestants (1). Mais c’est forcément en deçà de la vérité puisque je ne signale que ce qui est documenté avec photos, vidéos et/ou plaintes. Les journalistes portent peu ces affaires en justice, un photographe ne fait pas tellement de selfies de ses blessures, il montre plutôt celles des autres. » Flanqué de son ordinateur portable, il déroule ainsi une série de clichés qui montrent diverses blessures : à la tête, aux membres supérieurs ou inférieurs. Une journaliste d’agence de presse a par exemple été victime d’un tir de LBD (lanceur de balle de défense) à l’épaule. « Normalement, le LBD est utilisé pour se défendre. Or, depuis le mois de décembre, il est utilisé comme une arme d’attaque sur les manifestants et les journalistes, décrypte-t-il (2). Un documentariste, Florent Marcie, habitué à couvrir les zones de guerre, été gravement blessé à la joue. » Les actes les plus particulièrement violents ont été ceux du 1er et du 8 décembre, où beaucoup de journalistes ont été touchés. 22 photoreporters avaient d’ailleurs déposé une plainte collective, s’estimant sciemment visés par la police. 

Policiers “en roue libre”

Si les casques et brassards « presse » étaient encore un rempart il y a encore quelques années, cela ne semble plus être le cas aujourd’hui. Pire, ces signes « distinctifs » se retourneraient même contre la profession. «  Les violences touchent tout le monde, aussi bien les pigistes, les photoreporters que les « stars » comme Hugo Clément, de Konbini (atteint à l’arcade sourcilière), poursuit David Dufresne. Du matériel - appareils photo, caméras - a aussi été détruit par des tirs de LBD. » Arrêté par quatre policiers alors qu’il filmait, un journaliste s’est vu saisir la carte mémoire de sa caméra, que l’un d’eux a brisé devant lui. Le 13 avril, à Toulouse, le photoreporter Maxime Reynié s’est vu confisquer son masque de protection et son casque par la police. Comme bien d’autres avant lui. « A partir du moment où on enlève ses outils de travail à un journaliste, il ne peut plus rendre compte de la situation. C’est une véritable atteinte à la liberté d’information » tempête David Dufresne. 

Le photographe de presse, de l'agence Hans Lucas, Valentin Belleville, blessé par une grenade GLI F4, le 9 février 2049, à Toulouse.

Pourquoi la situation s’est-elle à ce point dégradée ? Le début du basculement remonterait à Nuit debout et aux manifestations contre la loi travail, où l’on recense les premiers journalistes blessés. Des événements où le maintien de l’ordre commençait à ne plus seulement être assuré par les CRS et les gendarmes-mobiles, dont c’est le métier, mais aussi par des policiers de la BAC (brigade anticriminalité), notamment. « Les membres de la BAC, de la BRB (brigade de répression du banditisme) et de la BRI (brigade de recherche et d’intervention) ne sont ni formés, ni équipés, ni entraînés pour cette mission, analyse David Dufresne, citant une source policière. Ils sont en roue libre, tous ces agissements sont absolument historiques. Il n’y a pas d’ordres du ministère de l’Intérieur pour tirer sur la presse, mais c’est ce qui se passe pourtant. Et aujourd’hui, on parle du renfort de l’armée ! » Tout sauf rassurant à la veille de l’acte XXIII.

(1) au 19 avril, on en est à 643 signalements, 1 décès à Marseille, 23 personnes éborgnées, 5 mains arrachées, selon le journaliste.

(2) Il auteur de “Maintien de l’ordre” (Hachette Littératures, 2007, réédité chez Pluriel)