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La Poste et les "nouveaux services de proximité humaine"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
La Poste a mis en place de nouveaux services pour soi-disant pallier à la baisse du courrier. Loin d’être une solution pour trouver de l’activité aux facteurs/trices, La Poste s’ouvre vers de nouveaux métiers et un nouveau modèle économique : la plus grande entreprise de services de proximité. Du coup, les questions autour des missions de service public de l’entreprise se posent crûment.
Dire que La Poste a tâtonné pendant des années serait un doux euphémisme. On se souvient encore de ce fameux service qui consistait à aller promener le chien des usager·e·s Aujourd’hui, il semblerait qu’elle ait enfin déterminé ce qu’elle considère comme son palliatif à « la baisse du courrier » :
- La question de la silver économie et de la santé
1100 emplois sont concernés sur le groupe, dont 20 dans la Branche courrier en 2018
- La transition écologique
80 emplois de facteurs concernés et 150 emplois dans le groupe
- La transition dans les territoires.
610 emplois concernés en 2018
Dans ces trois domaines, elle est passée de 22 millions de Chiffres d’affaires en 2015 à 252 millions en 2018. Si l’augmentation semble assez vertigineuse, en quatre ans, elle s’est faite principalement par des acquisitions d’entreprises et reste une portion congrue par rapport au Chiffre d’Affaires du Groupe la Poste et même de la Branche Service Courrier Colis (1 % du CA du groupe et 2 % de celui de la branche courrier). En suivant la même trajectoire, cela constituerait entre 3 et 4 % du Chiffre d’Affaires du Groupe à l’horizon 2023.
Aucun impact sur la maison mère ou très peu
Alors que depuis des années la direction annonce à grand renfort de communication que les nouveaux services seront la solution pour sauvegarder les emplois des facteurs, la réalité est beaucoup plus sombre…
Pas d’emploi ou peu
En fait en 2018, un peu plus de 35 % des emplois concernant ces nouveaux services sont exercés par des facteurs/trices. Dans le plan de marche de La Poste pour 2023, celle-ci en prévoit moins de 30 % exercés dans ce domaine par des facteurs/trices issus directement de la branche courrier colis. Pour comparer, La Poste a prévu la création potentielle de trois à quatre fois plus d’emplois d’ici 2023 dans la BSCC en lien avec l’explosion du e-commerce.
Lors de leur mise en place, il avait été indiqué que les nouveaux services pourraient sauver les emplois des facteurs/trices. Désormais, La Poste assume clairement une nouvelle position (ou la même qu’elle voulait dissimuler) : ces nouveaux services ne sont en aucun cas créés pour pallier les disparitions d’emplois liés à la baisse du courrier. Dans l’esprit de la direction, mais aussi des actionnaires, il s’agit avant tout de chercher de nouvelles sources de chiffre d’affaire et de REX. La Poste ambitionne 1 milliard d’euros de Chiffre d’Affaire en 2023.
Et le service public là-dedans
La question du remplacement par les nouveaux services des activités traditionnelles des facteurs/trices est donc devenue une question annexe. A horizon 2023, cette activité représentera à peu près 10 % du volume des emplois à la distribution. Nous ne sommes plus du tout dans la mutation prévue des activités des facteurs à moyen terme : d’un métier actuel s’articulant principalement autour du courrier dont la direction programme la mort, vers un métier principalement centré autour du colis avec une portion congrue de facteurs/trices [FSE] s’occupant des nouveaux services[1].
Sur les nouveaux services, au vu de leur contenu il y a un impact réel sur le service public : santé, écologie et aménagement du territoire… La question du service public postal et de son évolution est un incontournable
[1] Le Président de La Poste a bien insisté d’ailleurs lors de la présentation sur le fait que la signature de l’accord distribution a permis cette évolution.
Que vient faire la SFIL dans le giron de la CDC ?
Depuis quelques mois, l’annonce du rachat de la SFIL par la CDC fait le sujet d’articles multiples que ce soit dans la gazette des communes ou dans les journaux économiques.
Détenue à 75 % par l’État, à 20 % par la CDC et à 5 % par la Banque Postale, des discussions sont en cours entre l’Agence des Participations de l’État (APE) et la CDC. Cette opération devrait se faire au même moment que la montée en capital de la CDC dans celui du Groupe La Poste.
Pour rappel, la SFIL a été créée suite au naufrage de DEXIA (Banque offrant des offres de prêts essentiellement aux collectivités locales) et a donc récupérée l’ensemble des emprunts toxiques.
Même si les encours toxiques ont été réduits de 92 % (ce qui veut d’ailleurs dire qu’il en demeure 8%...), la question de la concentration des risques de la CDC se pose. Autre problème, le bilan de la SFIL va peser pour près d’un tiers dans celui de la CDC. Or, pour justifier de la montée de la CDC dans le capital de La Poste, les actionnaires et le gouvernement se sont appuyés sur la capacité de la Caisse à débloquer des fonds propres pour La Poste ; le « rachat » de la SFIL/CAFIL risque de mettre à mal les arguments du projet pharaonique initié l’année dernière. D’autant plus que la rentabilité de la SFIL et ses résultats 2018 sont très très loin d’être satisfaisants.
La question de la place de la CDC et par ricochet de La Poste dans le maintien du service public est donc en jeu.
Au fur et à mesure des projets qui s’empilent, ce qui s’esquisse, c’est un désengagement direct de l’État dans ses missions de service public, sous prétexte de baisse des dépenses publiques, la CDC devenant une sorte de boite fourre-tout. Sauf que le passé l’a prouvé, la CDC est aussi un organe qui demande à ses personnels et à ceux de ses filiales des rentabilités de plus en plus importantes. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que, récemment, le premier plan de rupture conventionnelle pour les fonctionnaires a été mis en place à la Caisse...