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Emmanuel Maurel : «L’objectif de la France Insoumise est de sauver l’Union Européenne»
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
"Sauver l'Union européenne" : il fallait oser !!
Non, il ne faut pas sauver l'UE, il faut la détruire ! Rupture anticapitaliste avec l'UE !
Le député européen, candidat sur la liste de la France Insoumise conduite par Manon Aubry, parcourt à pied la région Bourgogne-Franche-Comté. Il sera ce samedi soir au Creusot pour un café-débat ouvert à tous, avant lequel il a répondu aux questions de Creusot-Infos.
- «Les délocalisations et les fermetures sont liées directement à la religion du libre échange»
- «La fracture territoriale est une réalité en Bourgogne»
- «J’ai trouvé que le Président de la République était très bavard, mais qu’il se révèle surtout très avare»
- «Les traités européens figent dans le marbre les politiques nationales»
En 8 jours de marche et 180 kilomètres, Emmanuel Maurel traverse trois départements et de très nombreuses communes «afin d’être au plus près des préoccupations des citoyens et citoyennes des territoires sillonnés». C’est dans ce contexte qu’il arrivera ce samedi soir au Creusot, en provenance de Chalon-sur-Saône. Un café-débat est organisé à 19 heures dans le bar-brasserie Chez Emilio, rue Marcel Sembat.
Accompagné de Denis Lamard, conseiller régional, de militants locaux de la France Insoumise et de la Gauche Républicaine et Socialiste, Emmanuel Maurel est parti mercredi du restaurant d’insertion «Le Rouget Lisle» de Lons-le-Saunier pour rejoindre Frangy-en-Bresse via Bletterans. La journée fut marquée par un déjeuner avec des élus jurassiens puis par la visite d’Élan jardin-insertion à Nance. Cette structure financée notamment par des fonds européens œuvre en faveur d’une réinsertion par l’emploi. Ils cultivent de nombreux fruits et légumes biologiques et transforment leurs produits dans un atelier de conserverie.
La Saône-et-Loire après le Jura
Jeudi, le départ a eu lieu à Louhans, capitale de la Bresse. Après 2 heures de marche et de rencontres au hasard des chemins, Emmanuel Maurel accompagné notamment de Bastien Faudot, conseiller départemental de Belfort, a fait une pause à Montret. Puis Laurence Lyonnais, colistière et originaire de la Bresse les a rejoint à St Germain-du-Plain avant un échange avec un couple de maraîchers «Les paniers bio d'Ouroux» qui venaient de terminer de récolter les produits qu’ils ont vendus le soir.
La soirée fut marquée par un échange avec des salariés de la maison de retraite de Varennes-Vauzelles qui souffrent d’un manque de moyens.
Hier, il était au marché de Chalon, où il a échangé notamment autour de la question du maintien de services de santé de qualité sur l’ensemble du territoire. Il poursuit ainsi «un état des lieux du désengagement de l’Etat dans ce domaine pourtant si essentiel», après la visite de l'hôpital de Clamecy et de celui de la Charité il y a moins d’un mois. La journée s’est terminée à Mercurey.
Ce samedi, il partira de Moroges, pour se rendre au Creusot où il arrivera en fin de journée.
Interview :
Creusot-Infos : Pourquoi avoir fait le choix de la marche durant cette campagne électorale ?
Emmanuel Maurel : Traditionnellement, pendant les campagnes, on multiplie les réunions et les émissions, j’en fais moi-même beaucoup, mais j’avais envie d’un temps différent.
La marche, c’est l’éloge de la lenteur. Quand on marche, les contacts sont différents, les échanges sont plus approfondis, et il se trouve que j’adore la région Bourgogne-Franche-Comté. Ma préoccupation, c’est de faire le lien entre ce que vivent les gens et les politiques européennes. Les délocalisations et les fermetures sont liées directement à la religion du libre échange. C’est un des résultats de la mondialisation à tout crin. Je pense qu’il faut cesser d’intensifier les échanges commerciaux, en finir avec le dumping social, favoriser les circuits courts, la consommation locale, etc. Il y a cette envie dans la population et c’est l’occasion. Mais c’est à nous de proposer un certain nombre de solutions.
Justement, votre objectif durant cette marche est-il d’entendre ou de dire ?
Les deux. D’abord entendre car on ne fait pas de politique correctement sans écouter, et c’est d’ailleurs sans doute ce qui manque au pouvoir actuel. Et il faut ensuite mettre en exergue des propositions. Les gens sont trop peu informés sur cette élections. J’en ai croisé qui ne savent même pas qu’elle a lieu dans un mois.
Quels sujets reviennent le plus souvent dans vos échanges avec les Français ?
Je me base sur mon expérience de député européen pour parler de ce que fait l’Europe et des thèmes qui me sont chers.
Ce sont d’abord les sujets environnementaux (assurer les transitions écologiques et énergétiques des économies), mais aussi le protectionnisme solidaire (par la promotion du bio, des agricultures maraichères, etc), et en 3e, ce qui peut paraître plus abstrait : la question de l’évasion fiscale. Il faut rappeler que cela représente 1000 milliards d’euros qui échappent au budget des États. Pour la France, ce sont 80 à 100 milliards. Si on ramenait cet argent, il n’y aurait plus de problème de déficit.
Mais il y a aussi un 4e sujet qui s’invite : c’est celui des travailleurs détachés. Les gens posent cette question : comment est-il possible de mettre en concurrence les travailleurs entre eux au sein même de l’Union Européenne ?
La Bourgogne a-t-elle des spécificités dans ces débats par rapport aux autres régions que vous traversez ?
Le choix de la Bourgogne, ce n’est pas seulement car c’est une région superbe, dans laquelle je viens régulièrement, mais parce qu’elle est concernée par les fermetures de services publics, notamment en Saône-et-Loire et dans la Nièvre, où la fracture territoriale est une réalité qui frappe les territoires de plein fouet. La question de l’enjeu industriel est également très présente ici.
Lundi, je vais visiter Tolix à Autun. C’est une entreprise qui illustre bien les savoir faire à protéger et à promouvoir.
Et il y a aussi, très présente en Bourgogne, la question agricole, celle de la transition vers une production différente : c’est pourquoi je multiplie les déplacements vers les producteurs de bio et les exploitations qui font de l’agriculture raisonnée.
Quel est votre programme au Creusot ce samedi ?
On prévoit d’arriver vers 17h30, et de rencontrer des syndicalistes avant un café-débat chez Emilio (bar-brasserie au 2, rue Marcel Sembat). Le café-débat est un format intéressant car les gens posent les questions, leurs questions. Je ne suis pas là pour faire un long discours mais pour répondre à tout, fort de mon expérience de député européen.
Avez-vous regardé la conférence de presse d’Emmanuel Macron jeudi soir ? Et que vous inspirent ses annonces ?
On est allé chez un copain qui a mis la télé pour qu’on puisse suivre ce moment. J’ai trouvé que le Président de la République était très bavard, mais qu’il se révèle surtout très avare… Je n’ai pas entendu grand-chose de concret.
Je suis notamment très inquiet pour les retraites : en se dirigeant vers une retraite par points, Emmanuel Macron va provoquer une baisse de pouvoir d’achat. Et il n’a pas entendu les messages sur l’impôt sur la fortune, sur les services public, sur les salaires… Le pouvoir n’entend pas. Le Président s’est livré à un exercice narcissique et étrange : 2h30 de parole publique pour dire si peu de choses, c’est très décevant.
Que vous disent les gens que vous croisez sur les positionnement, le programme et la campagne de la France Insoumise, et que leur répondez-vous ?
Les gens nous interrogent beaucoup en nous demandant pourquoi faire de cette élection un référendum anti-Macron ? Je leur dis qu’il est normal de faire le lien entre les questions nationales et les questions européennes, qui sont intimement liées.
On me demande aussi «pourquoi parlez-vous toujours des traités européens ?». J’explique que c’est parce qu’il figent dans le marbre les politiques nationales, et qu’il faut donc renverser la table.
Mais nous ne sommes pas europhobes, bien au contraire : l’objectif de la France Insoumise est de sauver l’Union Européenne. Les gens ont le sentiment qu’elle se construit à coté, voire contre les peuples. Il faut que ça change.
Recueilli par Nicolas Richoffer
Emmanuel Maurel, ce vendredi sur le marché de Chalon-sur-Saône