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Algérie. Face à l’entêtement du pouvoir: la feuille de route de la société civile
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Par Madjid Makedhi
Le mouvement associatif autonome appelle à une sortie rapide du cadre constitutionnel, voulu par le pouvoir, pour aller vers une véritable transition démocratique en réponse à la volonté populaire.
Un collectif, composé de 28 organisations de divers horizons, vient, en effet, de rendre publique (le 27 avril) une série de propositions, dont l’ouverture d’un dialogue sérieux en vue de résoudre la crise actuelle.
Dans une déclaration intitulée «En route vers une conférence nationale de la société civile pour une transition démocratique» [voir ci-dessous les signataires de cette déclaration], ce collectif, créé le 18 mars et qui a tenu sa première réunion samedi dernier, appelle à enterrer la feuille de route imposée par le pouvoir. «L’intérim constitutionnel instauré le 2 avril, sous l’impulsion de l’état-major de l’ANP, est un processus mort-né. La révolution démocratique en cours veut en finir avec le système. Elle appelle à l’ouverture d’une transition politique pour construire de nouvelles institutions. Il ne peut pas y avoir d’élection présidentielle le 4 juillet prochain», lit-on dans ce document. Pour les signataires de cette déclaration, «la sortie du cadre prétendu de la Constitution s’impose naturellement pour aller à la rencontre des nouveaux acteurs de la scène publique algérienne depuis la libération des initiatives populaires le 22 février dernier».
Tout en déplorant l’absence de volonté politique du pouvoir pour donner une issue à la revendication populaire de changement radical du système, le collectif appelle à un dialogue sérieux pour trouver une solution à cette crise. «Les participants à cette première rencontre appellent à l’ouverture d’un dialogue entre le pouvoir politique et l’ensemble des acteurs qui, dans la société civile et la classe politique, se tiennent de différentes manières dans le mouvement populaire», souligne-t-on.
Ce dialogue, ajoute-t-on, «dégagera la feuille de route finale de la transition, sa durée et l’identité de ses animateurs à la mesure de l’incarnation de l’Etat».
Le collectif, lit-on dans la même déclaration, réitère son engagement à participer «à ce processus et veiller à la défense de ses revendications». «Les participants à la première rencontre nationale des organisations de la société civile contribueront de toute leur énergie à l’émergence d’un point de vue populaire fort dans la transition à laquelle ils appellent pour aller vers une nouvelle République», indique-t-on.
Le collectif affirme, dans la foulée, son engagement à travailler «pour cela à la convergence de toutes les dynamiques, syndicales, citoyennes et politiques qui œuvrent pour ce même objectif». «La rencontre se tient prête à fusionner avec les initiatives les plus proches. Elle a décidé d’organiser dans les meilleurs délais une conférence nationale de la société civile algérienne ouverte», annonce aussi le collectif. (Article publié dans le quotidien El Watan, le 29 avril 2018)
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Signataires de la déclaration adoptée lors de la première rencontre nationale
- LADDH (Benissad/Zahouane) (Ligue algérienne de la défense des droits de l’homme)
2. LADH (Ligue algérienne des droits de l’homme)
3. RAJ (Rassemblement – Actions – Jeunesse)
4. Djazairouna
5. SOS Disparus
6. Réseau Wassila
7. Tharwa Fadhma n’Soumer
8. Association Timlilit
9. CSVM-22 FEV (Comité soutien vigilance du mouvement 22 février)
10. Snapap (Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique)
11. CGATA (Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie)
12. SOS Culture Bab El Oued
13. ACDA (Association pour le changement démocratique en Algérie)
14. CNDDC (Comité national pour la défense des droits des chômeurs)
15. Le Collectif des harraga [émigrant naufragé] disparus en mer
16. IRD (Initiative de refondation démocratique)
17. Collectif des jeunes engagés
18. RADDH (Réseau des avocats pour la défense des droits humains)
19. Mouwatana
20. Association des diabétiques Bouloughine
21. SNPSSP (Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique)
22. Collectif Mahaba
23. Mouvement Ibtykar
24. Association AASPPA
25. ANLC (Association nationale de lutte contre la corruption)
26. CRAC (Collectif pour le renouveau algérien du cinéma)
27. Forum société civile
28. Collectif des familles des tailleurs de pierre
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Dans Le Quotidien d’Oran, Moncef Wafi souligne en particulier un point de la déclaration du 27 avril: le collectif de la société civile «dénonce «vigoureusement» la répression contre la population, évoquant «les interpellations de citoyens» accusant «les violences policières» de vouloir «diffuser la peur». La rencontre s’inquiète de la poursuite et du renforcement du «blocage systématique de l’accès à Alger» ainsi que l’incarcération des détenus d’opinion d’avant le 22 février, citant en exemple le cas de Hadj Ghermoul. Les participants appellent, aussi, à la levée immédiate des lois liberticides. «Le dispositif répressif des libertés de l’ère Bouteflika est resté tel quel. Les droits de réunions, de manifestations, d’associations sont toujours spoliés pour les citoyens qui démontrent, par centaines de milliers, leur volonté d’agir, de s’organiser pour changer l’Algérie par leur participation à la vie publique.»
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Mostaganem. La corruption: une cible des travailleurs du port
Des travailleurs du port commercial de Mostaganem (EPM) ont entamé, hier, une grève paralysant plusieurs activités vitales de l’entreprise comme ils ont bloqué la Direction générale de «Hai Salamandre» pour appuyer plusieurs revendications.
Des dizaines de travailleurs ont observé un sit-in avant de se diriger vers le siège de la direction générale de l’entreprise pour bloquer l’accès. Les protestataires revendiquent «le départ du PDG de l’entreprise et des cadres dirigeants» et «le jugement de tous ceux qui sont impliqués dans des marchés suspects et de dilapidation de deniers publics», selon les déclarations des travailleurs en grève. [Le thème de la corruption, omniprésent, pourrait devenir un axe d’intervention directe des salarié·e·s afin de démonter les structures du «système».]
En effet, des dockers, agents de maintenance, de sécurité interne, de l’administration et la direction du port ont revendiqué une confirmation dans leurs postes, la réinsertion des travailleurs licenciés, le renouvellement des contrats d’une catégorie d’agents contractuels et l’augmentation des salaires de 20% avec un effet rétroactif de janvier 2018. (Le Quotidien d’Oran, 29 avril 2019)
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Universités: les étudiant·e·s face à une possible «année blanche» et leur rôle dans le mouvement populaire
Par Salima Akkouche
Abdelhafid Milat, coordinateur de l’une des ailes du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), ne cache pas ses craintes sur le risque d’une année blanche. «Nous sommes à quatre semaines de grève, auxquelles il faut ajouter les deux semaines supplémentaires des vacances de printemps, un cumul qui nous donne neuf semaines de retard, sachant que le semestre compte 24 semaines», a expliqué M. Milat.
Selon lui, «la situation est grave». D’autant que, souligne-t-il, les examens de rattrapage du premier semestre qui devaient se dérouler hier, dimanche, à l’Université de Constantine n’ont pas eu lieu en raison de la grève.
Selon le coordinateur du Cnes, les étudiants ont le choix entre deux options, à savoir le risque d’une année blanche ou le report du deuxième semestre jusque après le mois de septembre. Et les deux options, dit-il, ne sont pas en faveur des étudiants ni de l’université. «Une année blanche aura des conséquences sur tout le système éducatif et non pas seulement sur l’université», a déclaré M. Milat qui appelle les étudiants à reprendre les cours tout en soutenant le mouvement populaire. « Tous les secteurs soutiennent le mouvement populaire contre le système mais ce n’est pas pour autant qu’ils sont en grève alors pourquoi l’université doit prouver son soutien à travers un mouvement de grève qui ne fera que la pénaliser?», s’interroge le syndicaliste. Par ailleurs, dans une déclaration rendue publique, des enseignants de l’Université de Bab Ezzouar écartent ce risque. «Les enseignantes et enseignants de l’USTHB (Université des sciences et de la technologie Houari-Boumédiène) assurent qu’il n’y aura pas d’année blanche et qu’ils seront disponibles pour rattraper le temps pédagogique perdu», ont-ils déclaré.
Quant aux étudiants, ils sont aussi catégoriques. «Il n’y a aucune crainte d’une année blanche, car nous avons assuré les cours depuis le mois de septembre jusqu’au mois de mars, ce qui équivaut à 3/4 de l’année universitaire. Nous avons terminé les examens du premier semestre, des universités ont fait grève pendant 4 mois et ils leur ont trouvé des solutions pour éviter une année blanche, car cela aura des conséquences et bloquera tout le secteur de l’éducation», ont déclaré des étudiants.
Le recteur de l’USTHB a même proposé un planning des cours pour les vendredis matin afin de pouvoir rattraper les cours. Une suggestion rejetée par les étudiants, pour le moment, qui voient, là, une nouvelle tentative de les éloigner du mouvement populaire et des marches des vendredis. (Le Soir d’Algérie, 29 avril 2019)