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"Les habitants ont le sentiment que le Grand Paris ne se fait pas pour eux"

Lien publiée le 10 mai 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.regards.fr/la-midinale/article/marie-helene-bacque-les-habitants-ont-le-sentiment-que-le-grand-paris-ne-se

En mai 2017, une sociologue et un photographe sont partis en voyage en sac-à-dos pour rencontrer les habitants des villes traversées par le RER B. Un récit passionnant qui déconstruit les clichés et révèle un autre visage de ces territoires populaires. Marie-Hélène Bacqué, sociologue et co-auteure avec le photographe André Mérian de « Retour à Roissy : un voyage sur le RER B » (éditions du Seuil), est l’invitée de #LaMidinale.

VERBATIM

 Sur la ligne du RER B 
« La ligne B du RER est emblématique parce qu’elle va de Roissy jusqu’à la banlieue Sud. »
« Cette ligne, c’est un peu une coupe à travers la banlieue parisienne du nord-ouest au Sud ouest, qui raconte beaucoup les inégalités socio-spatiales de la métropole. »
« L’idée, c’était de déconstruire les clichés. »

 Sur le projet du livre 
« En ce moment, on parle beaucoup du Grand Paris, des images de la banlieue - et notamment de la banlieue nord - qui sont très caricaturales avec l’Islam, la violence, les violences faites aux femmes. J’avais envie de montrer une autre réalité. »
« En revenant sur le voyage de François Maspero, je me suis rendu compte que lui aussi avait envie de déconstruire les images de la banlieue et de sortir du petit carcan du périphérique pour aller voir ce qu’il appelle “la vraie vie” au-delà du périphérique et on est parti dans la même perspective avec une envie d’ouverture, de découverte. »
« Ce n’est pas un travail de sociologue, c’est un récit de voyage. »

 Sur les quartiers populaires 
« Les quartiers populaires sont des quartiers où habitent les classes populaires, prises au sens le plus simple, c’est-à-dire les classes en bas de l’échelle sociale qui sont aujourd’hui très diverses. »
« Les quartiers populaires sont des quartiers très divers qui ne sont pas seulement les grands ensembles comme on les perçoit souvent et qui peuvent être des quartiers pavillonnaires, qui peuvent être des quartiers de centre-ville, des quartiers où habitent les classes populaires. »

 Sur le moment politique de ce récit (mai 2017) 
« L’élection était très présente par les affiches et les commentaires mais les gens n’en parlaient pas tellement et encore moins des élections législatives. »
« Il y avait une sorte de détachement, de découragement politique et non de désintérêt chez les habitants que l’on a rencontrés. »
« Il y a une forme de clientélisme entre élus et habitants. »
« La politique est aussi un marché, comme le dit Pierre Bourdieu, dans lequel on peut monnayer sa participation, sa représentativité et ça se joue aussi beaucoup comme ça dans les villes de banlieues comme ailleurs. »

 Sur les rencontres et découvertes du voyage 
« Je percevais la richesse mais je n’avais pas senti à quel point elle est ancrée dans le territoire et à quel point cette métropole parisienne est une mosaïque. »
« Dans cette mosaïque, il y a une diversité d’origines très importantes. »
« C’est ce que j’ai appelé une mondialisation par le bas - même si l’expression n’est pas de moi - mais une mondialisation qui est très présente dans un territoire, qui les fait vivre et qui est aussi celle des petites gens, celle des classes populaires. »
« On n’avait rien programmé à l’avance : quand je pars en voyage, je pars rarement avec un programme mais on avait des envies. »

 Sur la culture dans les quartiers populaires 
« Cette banlieue est traversée de cultures. »
« Il y a des auteurs comme Daeninckx, Santaki qui viennent de ces territoires et qui ont produit des œuvres très importantes. »
« Ces territoires sont aussi le sujet d’un certain nombre de romans, de film - il y a une grande filmographie sur la banlieue qui est de plus en plus importante -. »
« Quand on traverse la banlieue, on a toute une série d’imaginaires qui réapparaissent à un certains moments : quand je suis à La Courneuve, je pense forcément à Jean-Luc Godard. Quand je suis à Drancy, je pense à des images fortes de Le Clézio. »
« On ne peut pas penser la banlieue, comme on ne peut pas penser la ville, sans penser à ces références culturelles. »

 Sur le sud de la ligne du RER B 
« Quand on a traversé Paris et qu’on s’est retrouvé dans la banlieue sud, on était dans un autre monde. »
« La banlieue sud, c’est aussi une banlieue où il y a des cités HLM. »
« On est dans une autre géographie, où il y a du relief, et c’est pas anodin dans la perception qu’on peut avoir de la ville. »
« Il y a une banlieue qui s’est beaucoup gentrifiée, comme à Anthony, une partie des villes ouvrières sont aujourd’hui des villes très embourgeoisées. »
« Les rapports sociaux sont beaucoup plus clivés qu’ils ne peuvent l’être dans la banlieue nord. »

 Sur ce que dit l’architecture et l’urbanisme de ces territoires 
« L’urbanisme et l’architecture [de ces territoires] racontent des utopies urbaines très fortes qui ont été portées notamment par les municipalités communistes. »
« L’urbanisme et l’architecture se racontent aussi au travers de transformations majeures avec la rénovation urbaine que l’on retrouve sur l’ensemble de notre territoire, du nord au sud, avec la même architecture partout, une architecture répétitive. »
« De la même façon qu’il y a eu l’haussmannisation puis la construction des grands ensembles, j’ai le sentiment qu’aujourd’hui, avec le grand Paris, les Jeux olympiques de 2024, il y a une forme d’uniformisation architecturale qui est en train de se jouer. »

 Sur les grands travaux du Grand Paris 
« Le Grand Paris Express va indéniablement désenclaver des territoires. »
« Il va y avoir du désenclavement mais, dans notre parcours, on a senti en permanence cette inquiétude des habitants avec un regard très ambivalent et une attente et le sentiment que le Grand Paris qui se construit n’est pas pour eux. »
« Les habitants de ces villes savent bien que les nouveaux immeubles qui se construisent ne seront pas pour eux. »
« Il y a un enjeu pour savoir quelle métropole on veut construire : est-ce que c’est une métropole durable, est-ce que c’est une ville qui va vers la transition urbaine ou est-ce que c’est encore une métropole de la compétitivité ? »

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