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CGT, CES, FSM et tutti quanti

CGT

Lien publiée le 10 mai 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://ouvalacgt.over-blog.com/2019/05/cgt-ces-fsm-et-tutti-quanti.html

Débat surprenant que celui-là, le seul un peu visible parmi les militants lors de la préparation du Congrès. Encore qu’il ne concerne qu’un monde microscopique, un tout petit carré de militants qui en fait un enjeu essentiel de ce Congrès. Tel qu’il est posé, il n’a vraiment pas beaucoup d’intérêt.

Alors, au risque de décevoir (d’une manière ou d’une autre) une grande partie de nos lecteurs, faisons un petit point sur notre manière de voir, c’est l’occasion.

La question est celle-ci : la CGT doit-elle quitter la CES (Confédération Européenne des Syndicats) ? Faut-il revenir à la FSM (Fédération Syndicale Mondiale) ?

On trouvera à la fin de cet article quatre documents : la prise de position de Bernard Thibault qui a fait pas mal jaser ; la position de la FNIC sur le sujet ; une prise de position de l’UD de Paris et d’autres signataires et un document du Livre Parisien (SGLCE) dont nous partageons nombre de critiques.

Commençons par le petit bêtisier de ce qu’on entend ici ou là.

La FSM est contre le capitalisme, la CES non. La grosse blague. Il faudrait, une bonne fois s’entendre sur ce qu’on appelle le capitalisme. Car la FSM, c’est quand même le résidu politique et idéologique des syndicats dirigés par des partis dont le projet n’est que celui du capitalisme d’Etat qui a fait faillite à l’Est. Pour nous, la CES/CSI, c’est le capitalisme libéral, la FSM le capitalisme d’Etat et il n’existe pas d’Internationale Syndicale Rouge (voir à ce propos les cinq premiers articles de notre glossaire, textes d’Alexander Losovski et de l’Internationale Communiste sur le mouvement syndical – une très bonne lecture).

Les syndicats combatifs sont dans la FSM,  pas dans la CES (et surtout ne pas confondre anticapitalisme et combattivité). Oui, il y a des syndicats combatifs (Inde, Afrique du Sud, Palestine etc.), mais aussi des syndicats totalement inféodés aux gouvernements (Corée du Nord, Cuba, Vietnam, Syrie). Mais il y a aussi des syndicats combatifs dans la CES/CSI (Portugal, Corée du Sud) et aussi des syndicats corrompus et mafieux (Etats-Unis), comme des syndicats de collaboration de classe (Europe du Nord, Allemagne).

La FSM est à rejeter en bloc du fait de la présence des syndicats liés aux gouvernements. Mais il y a aussi la collaboration de classe ouverte dans la CSI, non ?

Il y aurait une « ouverture » dans la CSI pour la rendre un peu plus combative. Ah, Ah, avec la candidature de la CGIL peut-être ???

Il y a un lien entre l’adhésion de la CGT à la CES dans les années 90 et sa décadence réformiste (voir l’article du Front Syndical de Classe). Ah oui ? Nous, on se souvient de la CGT en 1968, on n’a pas oublié (lire « Mai 1968, notre histoire, nos espoirs,nos bilans ». Et même, dès le 26ème Congrès en 1946 Monatte critiquait la défense du capitalisme, le nationalisme etc (voir l’article « Où va la CGT : Déjà les mêmes questions en 1946 »).

L’adhésion à la CES n’a rien à voir avec la décadence réformiste de la CGT (c’était déjà largement en cours depuis longtemps), mais au bouleversement du syndicalisme mondial suite à l’effondrement du capitalisme d’Etat à l’Est (ah oui, vous vous rappelez, le mur de Berlin en 1989 ?)

Bref, on entend tout et n’importe quoi, et surtout aucune analyse un minimum sérieuse.

Les enjeux en France

Il faut aussi comprendre les enjeux derrière la polémique.

Car en fait, l’adhésion ou pas à la CES ou à la FSM est devenu un enjeu pour se démarquer de la direction Confédérale. Au risque de dire et de défendre n’importe quoi.

Des structures supposées anticapitalistes et radicales affirment qu’il faut quitter la CES car c’est la main occulte de Bruxelles et de l’ultralibéralisme et rejoindre le camp anticapitaliste de la FSM. Vous mettez les guillemets où vous voulez. Nous avons vu rapidement ce qu’il fallait en penser : deux camps réformistes qui s’affrontent.

Et on peut souligner que si les positions de la Chimie (FNIC) sont tout à fait honorables –d’ailleurs nous savons les défendre chaque fois que nécessaire, celles de l’Agroalimentaire (qui n’a pas quitté la FSM) sont confuses, la fédération traîne des casseroles de corruption etc. Quant au Commerce qui vient de rejoindre la FSM, c’est juste une manœuvre grossière du petit dictateur qui en est à la tête et qui cherche des appuis face à l’avalanche de procès auquel il est confronté. L’adhésion à la FSM a été votée en Congrès du Commerce sans aucun débat, sur une motion sortie du chapeau en séance et votée dans la foulée à main levée par un Congrès dont tous les opposants avaient été éliminés ou réduits au silence… Par contre, il faut reconnaître que la FD du Commerce a bien sa place à côté des syndicats de Corée du Nord, ça c’est sûr !

On sait également que les UD des Bouches du Rhône (13) et du Val de Marne (94) envisagent la même démarche de rejoindre la FSM. Si l’UD13 est honorable comme l’est la Chimie, pour le Val de Marne, compte tenu du nombre d’embrouilles en son sein depuis des années, on est à peu près sûr que c’est la recherche d’une étiquette en combattivité…

La nécessité de l’internationalisme.

Non, on arrête avec cette petite guéguerre des structures. Aucun intérêt.

Par contre, oui, il faut renforcer les liens internationaux.

Commencer par l’unité internationale de combat des travailleurs des grands monopoles impérialistes – et d’abord français, notre responsabilité. Le travail est commencé : Renault, avec les liens en Turquie (Bursa) et en Roumanie (Dacia) ; Saint-Gobain (Inde), il faut multiplier les liens et les solidarités concrètes, Carrefour (Brésil), Vinci, Bouygues, Latécoère (Tunisie), Bolloré, les banques et assurances. Établir des liens avec les travailleurs des monopoles étrangers présents en France (Amazon, Toyota, Mittal).

Établir des solidarités de combat dans des luttes partagées comme la réinternalisation du nettoyage dans l’hôtellerie (ce que la CGT-HPE a fait à Londres), contre la précarité, le combat contre l’amiante ou les toxiques chimiques. Pour la défense du personnel détaché, la régularisation des sans-papiers, la libre circulation des travailleurs.

Commencer, dans le contexte actuel, par en bas, là où c’est possible et ce n’est pas le pain sur la planche qui manque, d’autant que les réseaux sociaux et Internet permettent désormais d’établir des liens directs. Faire de l'internationalisme une activité permanente de l’ensemble des syndicats et structures, un fil directeur dans la guerre économique mondialisée, contre la pieuvre impérialiste (USA, Europe, mais aussi Chine et Russie) qui envahit la planète.

Une fois ceci un peu développé et avec un solide bilan à l’appui, on pourra (éventuellement) revenir sur les structures nationales et internationales les mieux adaptées pour porter ce combat. On n'en est pas là.