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Ian Brossat, bras droit de la politique d’éviction des classes populaires du PS parisien

PCF

Lien publiée le 11 mai 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://www.revolutionpermanente.fr/Ian-Brossat-bras-droit-de-la-politique-d-eviction-des-classes-populaires-du-PS-parisien

Tête de liste du PCF aux élections européennes, Ian Brossat est depuis 2014 adjoint à la mairie de Paris, chargé des questions de logement. Il a été le fer de lance de la politique d’éviction des classes populaires menée par le Parti Socialiste.

Une carrière politique au sein de la municipalité parisienne

Après avoir été candidat lors de plusieurs échéances électorales sous étiquette PCF ou Front de Gauche, Ian Brossat est candidat dans le 18è arrondissement de Paris pour les élections municipales de 2008 sur la liste menée par le Parti Socialiste de Bertrand Delanoë. Il intègre alors le conseil municipal au sein du groupe communiste. S’ils s’opposent à la politique des socialistes sur quelques points, par exemple sur la privatisation de la collecte des ordures ménagères ou le renforcement de la vidéosurveillance, il pratique une politique de soutien sans faille à la politique menée par la majorité.

Au cours des années, le jeune élu parisien se voit même confier de plus en plus de responsabilités. En 2012, il obtient la présidence de la Société d’économie mixte de Paris, une des plus importantes sociétés d’économie mixte de la Ville de Paris. En 2014, il est même l’un des porte-paroles de la liste d’Anne Hidalgo pour les élections municipales. Après la victoire du Parti Socialiste, il est nommé adjoint à la maire de Paris en charge du logement et de l’hébergement d’urgence. Ian Brossat compte également parmi les 62 conseillers de Paris élus pour siéger au conseil de la Métropole du Grand Paris.

Une politique de logement en faveur des plus riches

Au moment où la campagne des européennes se lance, le prix de l’immobilier vient de franchir le seuil des 10.000 euros/m2. Un prix exorbitant qui réserve l’achat d’un bien immobilier aux personnes ultra-fortunées. Niveau loyer, la tendance n’est pas mieux. En 2018, il fallait 35,13€/m2 selon une étude de LocService.fr pour se loger dans la capitale. Dans le même temps, le nombre de SDF a augmenté de 23% en un an, passant à 3.641 SDF, selon les chiffres de la Mairie de Paris.

Or, cela est loin d’être une fatalité quand on sait que le nombre de logements vacants est de 17% dans la capitale, en augmentation de 3 points sur 5 ans. Ian Brossat a beau dénoncer cette situation, par exemple en incriminant la plateforme AirBnB, la majorité municipale parisienne n’a jamais pris aucune mesure pour mettre un terme à cette situation, par exemple en réquisitionnant les logements vides. Elle a au contraire joué un rôle actif dans le fait de réserver la capitale aux plus riches.

Ian Brossat a beau jeu de soutenir le mouvement des Gilets Jaunes et d’appeler le gouvernement à apporter des réponses politiques et sociales, c’est la politique d’exclusion des classes populaires qui est au cœur de la colère du mouvement. En effet, nombre de ces Gilets Jaunes font partie de ceux qui se sont fait exclure des grands centres urbains, réservés aux grandes entreprises et aux plus riches sous couvert de métropolisation. D’autre part, la majorité parisienne a activement participé à la campagne de dénigrement du mouvement. Ian Brossat lui-même, déclarait le 2 décembre au micro de RTL : « Je ne comprends pas que la préfecture de police, que les services de l’État aient été incapables de gérer la situation de manière convenable hier ». Le 15 février, invité des 4 Vérités sur France 2, il appelait même à « augmenter le nombre de policiers sur le terrain » et évoquait « un plan d’embauche massif pour avoir un retour de l’État sur nos territoires et sur nos manifestations ».

La réussite du logement « social » ?

La grande fierté de la tête de liste PCF aux européennes reste la politique de logement social qu’il a mis en œuvre en tant qu’adjoint d’Anne Hidalgo. Il est vrai que le logement social a fortement progressé depuis plusieurs années dans la capitale, avec 98 227 créations de logements sociaux SRU. Mais outre que celui-ci atteint seulement 20,5% des résidences principales, il est paradoxalement un des leviers pour la politique d’exclusion des classes populaires qu’utilise la mairie de Paris.

En effet, le terme générique de « logement social » cache des réalités bien différentes. On distingue trois sous-catégories : le PLAI (Prêt locatif aidé d’intégration), le PLUS (Prêt locatif à usage social) et PLS (Prêts locatifs sociaux), qui correspondent à des plafonds de loyer et de ressources pour y accéder assez différents. A Paris, les catégories PLUS et PLS (qui représentent 69% des créations sur la période 2014-2017) sont accessibles aux classes moyennes, voire aux classes moyennes supérieures. Ainsi, pour accéder à un logement PLUS, un jeune ménage sans enfant peut gagner jusqu’à 46.473 euros par mois, voire jusqu’à 60.000€ annuels pour un logement PLS.

Source : Mairie de Paris

Pire, selon la géographe Anne Clerval, qui a publié une étude sur la politique de logement de la municipalité parisienne dans son livre Paris sans le peuple [1], le logement social est un des leviers de la politique de gentrification des socialistes. Ce terme venu des Etats-Unis désigne le processus de remplacement de populations pauvres par des ménages plus aisés dans les grands centres urbains. Anne Clerval explique, cartes documentées à l’appui, que dans les anciens quartiers populaires de la capitale, la production de logements sociaux intermédiaires a permis d’installer des classes moyennes, et de lever le verrou pour que les promoteurs immobiliers se décident à investir. Et d’en conclure que la politique « sociale » de la Mairie de Paris a permis de réussir là où la droite avait précédemment échoué dans la gentrification de la capitale.

Une nouvelle stratégie électorale du PCF

Fin 2018, la direction du parti avait été battue par une liste dissidente lors d’un congrès historique. André Chassaigne, dont le texte avait obtenu la majorité, affirmait alors sortir des alliances par en haut et « revenir aux fondamentaux ». A ce titre, le choix d’une tête de liste qui a porté la stratégie de l’union de la gauche avec le PS n’est pas anodin. L’objectif est de s’émanciper des alliances avec un PS moribond et de contrer l’influence de la France Insoumise pour parvenir à présenter une candidature autonome aux présidentielles de 2022.

Une nouvelle stratégie électorale donc, mais sur le fond politique. Le choix de Ian Brossat incarne la continuité de la politique au service du grand patronat et des plus riches qu’il a mené durant de nombreuses années au sein du conseil municipal parisien.

Crédits photo : Benoit Tessier