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Martinez veut une CGT "à l’image de la population"
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a ouvert ce lundi le 52e congrès de la centrale qui se tient toute la semaine à Dijon. Il a cherché à déminer un certain nombre de sujets et a opéré un virage sur l'aile au sujet des relations avec la CFDT.
Pas sûr que les représentants du syndicat CTC de Cuba s'y attendaient. Mais les premières paroles du secrétaire général de la CGT, à l'ouverture du 52e congrès de la centrale, n'ont pu que les ravir. Philippe Martinez a quasiment démarré son discours en exprimant sa « solidarité » avec non seulement « le peuple palestinien » et les syndicalistes de la CUT brésilienne mais aussi ses « amis cubains ».
Il faut préciser pour décrypter le message que ces « amis » sont membres de la Fédération syndicale mondiale, une organisation d'obédience communiste regroupant nombre de syndicats de dictatures, quittée par la CGT en 1995 et que les conservateurs de l'organisation veulent rallier de nouveau. Une opération déminage, donc, pour Philippe Martinez qui a pris soin ainsi de montrer que si la CGT est membre de la Confédération européenne des syndicats et de la Confédération syndicale internationale, elle n'a pas d'exclusive.
Boulets rouges
Sans surprise, en revanche, le syndicaliste a attaqué frontalement l'exécutif et en particulier Emmanuel Macron - « président des ultra-riches » - mais aussi Edouard Philippe - qui en 2016, demandait « l'expulsion [des dockers du Havre] des piquets de grève » - ou encore Christophe Castaner - qui « s'il a donné l'ordre [de cibler la CGT le 1er mai, il n'a qu'à quitter son poste ».
Il n'a pas tiré cette fois-ci à boulets rouges sur la CFDT. Lors du 51e congrès de la CGT, en 2016, il s'en était pris à la centrale de Laurent Berger et avait enterré le « syndicalisme rassemblé » pour asseoir sa légitimité à la tête de la centrale de Montreuil. Il a semblé opérer un virage sur l'aile.
« Nous avons des positions diamétralement opposées sur bon nombre de sujets, principalement avec la CFDT pour mettre les pieds dans le plat », a-t-il expliqué, ajoutant qu'avec elle, « le fossé se creuse depuis des années autour de [la] conception même du syndicalisme ». Mais il a souligné que « ce n'est pas en cultivant ses oppositions, ni en se traitant de noms d'oiseaux que nous persuaderons de cette nécessité d'unité, que nous gagnerons la confiance de ceux qui veulent agir ».
« Sachons au moins, entre nous, accepter ces différences de situation. La question unitaire n'est pas une finalité en soi mais elle doit demeurer un moyen », a-t-il insisté devant une salle restée silencieuse (mais qui a sifflé ensuite la délégation de la CFDT invitée au congrès).
Pas d'avant-garde, « même éclairée »
Philippe Martinez a surtout consacré une bonne partie de son discours à la nécessité de réformer le fonctionnement interne de la CGT pour construire une organisation « à l'image de la population ».
« Le syndicalisme de classe est indissociable du syndicalisme de masse car nous refusons d'être une avant-garde, même éclairée, une sorte d'élite syndicale qui expliquerait aux plus nombreux ce qui est bon ou pas pour eux », a-t-il déclaré, ajoutant : « On peut crier haut et fort grève générale mais posons-nous d'abord et surtout la question de l'absence dans les actions professionnelles ou interprofessionnelles d'une partie importante de nos syndiqués, [et] si les syndiqués sont absents, quid des salariés ». Pour le leader de la CGT, « ce n'est pas à celles et ceux qui veulent rejoindre la CGT de s'adapter à [son] organisation ou à [ses] structures mais l'inverse ».
Une parole forte, mais un constat qui n'est pas nouveau : au milieu des années 2000, déjà, Bernard Thibault le faisait. Il reste encore à passer aux actes. Le renforcement du pouvoir des unions régionales proposé par le document d'orientation, qui ne traite qu'une petite partie des problèmes de structure, devrait faire débat.
Leïla de Comarmond