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Le retour de la lutte de classes et les faiblesses de La France Insoumise
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
https://www.revolutionpermanente.fr/Le-retour-de-la-lutte-de-classes-et-les-faiblesses-de-La-France-Insoumise
Le succès de La France Insoumise lors des dernières présidentielles avait tranché, selon certains, le débat quant à l’orientation du mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Néanmoins, les difficultés à capitaliser l’insubordination des Gilets Jaunes, le score beaucoup plus faible aux européennes que lui prédisent les sondages de même que le recul de Podemos, lors des dernières élections dans l’Etat espagnol, ont rouvert la crise et la discussion qui va avec : populisme de gauche ou retour à la vieille gauche ?
A notre avis, les causes de la crise sont à chercher ailleurs. Les faiblesses stratégiques de LFI montrent combien la formation est incapable d’être l’articulateur d’une nouvelle hégémonie face au capitalisme néolibéral.
Populisme de gauche ou retour à la vieille gauche ?
Avec la fondation de LFI en 2016, Jean-Luc Mélenchon entend tourner définitivement la page de la tactique la plus courante à gauche et qu’avait incarné le Parti de Gauche, à savoir cette alliance symbolisée par le Front de Gauche et nouée, fondamentalement, autour du PG et du PCF. Pour certains analystes, c’est cette nouvelle tactique qui a été confirmée lors des élections présidentielles de 2017 et qui explique la poussée impressionnante de LFI qui décroche, au premier tour, le résultat le plus important pour la gauche non social-démocrate depuis les élections de 1969. C’est ce dont se fait l’écho Lenny Benbara dans un article d’août 2017 publié sur Le Vent Se Lève : « un des premiers enseignements que l’on peut tirer de cette élection présidentielle est qu’elle a permis de trancher entre deux orientations stratégiques. La première est le populisme, entendu comme une façon de construire un sujet politique collectif en articulant un ensemble de demandes sociales et en posant des lignes de clivages là où elles sont les plus efficaces, afin de déterminer un "eux" et un "nous". Ici "ceux d’en bas, la France des petits", contre "ceux d’en haut". Cette stratégie a nécessité la construction de nouveaux référents plus transversaux et la liquidation de l’ensemble des référents traditionnels de la gauche, qui, en tant que signifiants discrédités par la politique de François Hollande, étaient devenus des boulets politiques. La stratégie populiste ne nie pas la pertinence analytique du clivage gauche-droite, comme on l’entend souvent, mais refuse son utilisation rhétorique, dans les discours, et dans la pratique politique. Cette stratégie s’est opposée à une seconde stratégie qui repose sur la rhétorique de gauche et la constitution d’un cartel de forces qui s’affirment clairement de gauche. Cette dernière a été portée par Benoît Hamon, candidat identitaire de "retour aux fondamentaux de la gauche", et par le PCF qui proposait, avant la campagne, la constitution d’un large cartel de gauche. Les scores des différents candidats et la dynamique de la campagne sont venus trancher ce débat ».
Néanmoins, sous-produit des difficultés pour LFI de capitaliser le grand rejet qu’inspire Macron lors des législatives partielles de 2017 et de 2018, un nouveau tournant commence à être opéré. Même si LFI continue à maintenir, officiellement, sa ligne populiste, la formation multiplie les gestes vis-à-vis de la gauche depuis juin 2018. Ainsi, Mélenchon a lancé un appel au dialogue en direction de Benoît Hamon et tente de se rapprocher de la gauche du PS [1]. Parallèlement, alors que LFI se débarrasse, chemin-faisant d’un certain nombre de ses cadres clairement identifiés avec la ligne populiste, le choix de Manon Aubry comme tête de liste pour les européennes semble confirmer ce nouveau positionnement. Si l’on suit reconstruire.org, « son profil idéologico-politique et son étiquette "société civile" se rapprochent davantage des codes et symboles utilisés par EELV et la gauche. (…) Le discours de la France insoumise évolue également sur certaines questions programmatiques sources de tensions à gauche, notamment sur la question de l’Union européenne. Ainsi, la stratégie du plan A/plan B, résumée aux présidentielles par "L’Union européenne, on la change ou on la quitte" et détaillée dans une fiche argumentaire, est de plus en plus atténuée dans sa présentation. Manon Aubry déclare sur la matinale de France Inter le 18 décembre 2018 : "Le plan B, c’est d’instaurer un rapport de force pour renégocier les traités" ». Cependant, le soulèvement des Gilets Jaunes remet en cause ce tournant, ajoutant de la confusion aux positionnements mouvants de LFI. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’émergence de « ceux d’en bas » réduit considérablement l’espace politique et idéologique de LFI. Comme le souligne le politologue Olivier Rouquan cité dans les colonnes des Echos, « sur la défensive, [Mélenchon] a collé au mouvement mais ne peut pas l’incarner. Il est dépassé. Une partie de la colère lui échappe. Du coup, il est moins audible et son message idéologique a moins d’espace ». C’est ce que remarque également Mathieu Souquère, expert auprès de la Fondation Jean Jaurès, dans une tribune publiée dans Le Monde : « Le mouvement des Gilets Jaunes ne profite que très peu aux partis populistes », un constat qui s’applique, selon lui, tant à LFI qu’au Rassemblement National. « Le mouvement des Gilets jaunes, poursuit Souquère, marque un glissement inédit de cette culture populiste du champ politique vers le champ social (…) Pour la première fois dans l’histoire de la Ve République vient au contraire d’émerger à l’échelle nationale un mouvement social "sauvage". Quoique née hors de toute structure instituée et affranchie de tout corps intermédiaire, cette mobilisation des Gilets Jaunes, entretenue par des réseaux sociaux qui portaient en l’occurrence bien leur nom, se distingue déjà comme un mouvement social d’ampleur – bien qu’absent des centres-villes et des banlieues – et étonnamment durable, malgré son essoufflement actuel ». Par rapport à LFI, Souquère souligne également ce qu’il appelle un « Paradoxe au carré. Alors que ce mouvement s’est, selon lui, « progressivement structuré autour de revendications qui relèvent davantage du corpus idéologique de LFI que de celui de l’extrême droite – plus grande justice fiscale, augmentation du pouvoir d’achat, défense des services publics, approfondissement démocratique –, Jean-Luc Mélenchon, lui, poursuit sa chute » [2].
Pire encore, l’apparition du mouvement des Gilets Jaunes génère une contradiction entre, d’une part, la tentative de recentrage vers la gauche censé permettre de capter le vote urbain des classes moyennes qui se mobilisent davantage lors des échéances électorales et, de l’autre, le suivisme vis-à-vis des Gilets Jaunes, caractérisés par leurs méthodes subversives. Comme le souligne Paul Deboutin, toujours sur reconstruire.org, « le discours de la France insoumise navigue entre deux eaux, ce qui ne peut que la conduire à s’enfermer dans des contradictions de plus en plus intenables : soutenir les gilets jaunes mais être réservé sur une liste issue du mouvement aux européennes, développer un discours dégagiste mais se rapprocher de l’aile gauche du PS et de partis traditionnels… L’interview que Jean-Luc Mélenchon donne à Libération le 23 avril 2019 est emblématique de cette ambivalence, mêlant volonté de “fédérer le peuple” et appel au PS à rompre avec la social-démocratie allemande pour construire ensemble un “Front populaire nouvelle manière” ».
Les conséquences de l’abandon de la classe ouvrière : entre les classes moyennes supérieures et les "pauvres"
Mais ces hésitations et retournements de LFI pointent un problème de fond : comment incarner une alternative contre-hégémonique face au macronisme et au capitalisme néo-libéral, sur fond d’abandon de la classe ouvrière et de priorisation de la seule perspective électorale. Les revirements de LFI sont l’expression de la constitution de deux alliances sociales distinctes en tant que politique hégémoniques et qui, pensées uniquement sur le terrain électoral, sont incompatibles. D’où les zigzags permanents de LFI.
L’option populiste correspond à la tentative d’unifier l’ensemble des secteurs populaires. Cependant, en ayant abandonné la classe ouvrière au profit d’une construction mythique d’un peuple, Mélenchon n’y parvient pas. Le peuple, en effet, est une catégorie hétérogène, et liquide le seul secteur qui, de par sa position dans la production – non en vertu d’une essence mais en fonction de la stratégie communiste et de la construction de médiations adéquates –, est capable d’unifier les différents segments du monde du travail de même que les différents secteurs sociaux opprimés par le grand capital. Pour ce qui est de la seconde option, le bloc de gauche représente l’alliance sociale entre l’ensemble du salariat et une fraction de la classe moyenne, alliance qui a permis à la gauche institutionnelle d’arriver au pouvoir, et ce de 1981 jusqu’à la victoire de Hollande en 2012. Cette seconde option pose la question de la façon dont le prolétariat peut gagner ou, du moins, neutraliser une fraction significative des classes moyennes, une question centrale sans laquelle la révolution socialiste, en France, serait impensable, et sur laquelle a achoppé la gauche réformiste, notamment lors des moments d’effervescence, comme au cours des années 1930. Compte-tenu de la désaffection croissante de la classe ouvrière vis-à-vis de la gauche et son refuge dans l’abstention, les partisans de ces deux options se divisent, au sein de la gauche et au sein même de LFI. D’autres, minoritaires, cherchent à articuler ces deux formes d’alliance mais de façon impuissante. En effet, cette troisième orientation privilégie avant tout le terrain électoral, une pure chimère compte-tenu des coordonnées actuelles du mouvement ouvrier et populaire [3]. En dernière instance, LFI recule aujourd’hui. C’est le fruit de l’absence des circonstances exceptionnelles qui lui avaient permis un succès relatif lors des dernières présidentielles.
L’impasse du populisme de gauche
Pour Mélenchon, la crise des médiations traditionnelles de la gauche institutionnelle justifie son orientation populiste. Récemment, dans une interview concédée à Libération, le leader de LFI souligne la différence entre la période actuelle et la période antérieure : « c’était une tout autre époque. La société était assez stable et les liens de représentation politique fonctionnaient. Le PCF représentait une grande partie de la classe ouvrière. Les socialistes, plutôt les classes moyennes. Tout cela a volé en éclats. Un acteur nouveau est né. C’est ce peuple urbanisé qui s’oppose à l’oligarchie. Voir les Gilets Jaunes ou l’Algérie. Son existence quotidienne dépend de l’accès aux réseaux collectifs. Cet accès est l’enjeu social central. La forme de notre mouvement correspond à cette analyse théorique globale ». Sans entrer dans l’analyse des contradictions réelles du mouvement des Gilets Jaunes sur lesquelles nous nous sommes arrêtés dans d’autres articles, il faut avant tout souligner combien la « construction d’un peuple révolutionnaire » achoppe sur un certain nombre d’obstacles infranchissables.
Le « peuple » est en effet traversé de mille contradictions : non seulement des contradictions de classe – dans la mesure où la situation et les points de vue de classe du prolétariat et des classes moyennes ne sont pas les mêmes et quand bien même ils peuvent avoir des intérêts communs – mais également parce que les salariés eux-mêmes subissent toute une série d’oppressions spécifiques, notamment de race et de genre, qui ne peuvent être subsumées par « le peuple », si tant est qu’il ne s’agit pas d’une construction mythique. Parallèlement, l’augmentation de la fragmentation de la classe ouvrière rend plus nécessaire que jamais la nécessité d’un programme à même d’unifier les différentes couches du prolétariat : et quand bien même il s’agit d’un ensemble de salariés, tous n’ont pas les mêmes intérêts immédiats, qu’il s’agisse de fonctionnaires, de chômeurs, d’ouvriers de l’industrie des grands groupes ou encore de sa fraction la plus précaire, qui s’est mise en mouvement à travers les Gilets Jaunes. Enfin, et de façon tout aussi importante, derrière ce virage il y a, de la part de Mélenchon, la volonté de tendre la main au capital national à travers une politique de collaboration de classes en direction du grand capital « productif ». C’est ce que vient de mettre noir sur blanc, de façon absolument décomplexée, sur son blog, Jean-Luc Mélenchon, dans un post intitulé « Martin Bouygues m’intéresse »”. Que dit Mélenchon de l’un des principaux patrons du CAC40, aux mille réseaux, et aux intérêts dans le bâtiment, les télécommunications et les médias, à commencer par TF1 ? Ayant renoncé à toute référence à la lutte des classes, le leader de LFI entend montrer toute sa bonne volonté à son interlocuteur : « Commencez par noter que le programme "L’Avenir en commun" ne prévoit pas la nationalisation de toutes les entreprises. Notre attention dans ce domaine est plutôt fixée en amont sur le système bancaire et financier d’où part l’arbitrage sur le financement des investissements. (…) Contrairement aux financiers, [Martin Bouygues] centralise l’importance du paramètre de la qualification humaine dans la production. Il en déduit que la fidélisation de la main-d’œuvre dans l’entreprise est une question clef en période de pénurie de qualification. Le contraire de la mentalité de ceux qui considèrent que la précarité et l’armée de réserve d’un chômage de masse sont les conditions essentielles pour contrôler la docilité de la main-d’œuvre et la tenue des bas salaires. (…) Il existe encore en France, conclut Mélenchon, un patronat qui n’est pas dans la main de la logique conceptuelle dominante. Un patronat indemne de l’infection qui a tué tous les secteurs productifs et dont Macron est le porte-voix : les financiaristes. Ils pérorent aux côtés des commerciaux à la tête de nombre d’entreprises où ils ont remplacé les ingénieurs de production. Je dirais de ceux-là, en caricaturant, qu’ils attendent plus de la spéculation avec la trésorerie de l’entreprise que de la vente de ses productions. Bref, dans ce contexte, Martin Bouygues est un interlocuteur à part entière pour des gens comme nous ».
En dernière instance, derrière la lutte contre l’oligarchie, le seul secteur qui serait réellement hostile au peuple si l’on suit la logique populiste de gauche, et en vertu d’un soi-disant intérêt général qui liquide, en l’accusant de corporatisme, tout intérêt de classe, on voit bien comment se dessine un projet de conciliation de classes, non avec l’ombre de la bourgeoisie, à l’instar de ce que cherchait le Front Populaire dans les années 1930, mais bien avec l’un de ses secteurs les plus concentrés.
Comment gagner les classes moyennes
Comme nous l’avons déjà souligné dans d’autres articles, il est fondamental que la classe ouvrière se dote d’un programme à même de gagner les secteurs inférieurs des classes moyennes voire même de neutraliser d’autres fractions, plus aisées, de ces mêmes classes moyennes. Mais ce que prône LFI va bien au-delà de ce propos. LFI liquide, d’une part, le rôle central de la classe ouvrière pour diriger cette alliance et, de l’autre, donne une définition des plus ambiguës de cette même classe moyenne, rendant par-là impossible tout compromis programmatique.
Dans les années 1930, alors que la solidité de la tutelle des partis du régime, notamment des radicaux, sur la petite-bourgeoisie, commence à se fissurer, et alors que cette dernière commence à osciller fortement, notamment à la suite de la victoire des nazis en Allemagne, les partis et les courants de gauche sont traversés de multiples débats au sujet de la nécessité de se rapprocher des « classes moyenne » de façon à faire barrage au fascisme. Au sein de la SFIO, et avant de finir par rompre avec cette dernière, le courant qui exprime de façon plus aboutie cette préoccupation est l’aile droite des socialistes français, les néo-socialistes regroupés, notamment, derrière Marcel Déat [4]. Face à la passivité résignée d’un Léon Blum, qui proposait de poursuivre avec la vieille orientation parlementaire en attendant de gagner la tête de l’opposition, et l’aile gauche du parti prônant l’unité avec les communistes et la reconstruction de l’unité ouvrière, Déat « rappelait la structure sociale de la France où la classe ouvrière était minoritaire et attirait l’attention sur l’effet désastreux que produiraient l’affirmation d’un programme de classe et le refus de la défense nationale. Le socialisme se couperait des classes moyennes, de la démocratie et de la nation, alors qu’il était plus nécessaire que jamais de rallier les classes moyennes aux côtés du prolétariat, de garder le lien avec la démocratie par le combat parlementaire, de défendre les intérêts de la nation » [5].
Rappelons que face à cette position, Marceau Pivert, à la tête de la gauche socialiste au sein de la SFIO, répondait à la relocalisation sociale et programmatique défendue par les néos qu’il y a « une aberration insupportable dans cette nouvelle position "doctrinale" (?). Les classes moyennes sont en mouvement. Et pour les suivre vous n’hésitez pas à quitter le terrain de classe du prolétariat… Voilà qui est inquiétant » [6]. C’est à peu près la même chose qui pourrait être rétorquée à Mélenchon et à LFI, plus encore alors qu’aujourd’hui, à la différence des années 1930, le prolétariat est la classe majoritaire de la société française [7].
Néanmoins, dans l’interview de Libération, le leader de LFI va encore plus loin en proclamant que son projet est celui d’une « fédération populaire entre les classes populaires et les classes moyennes plus favorisées qui n’appartiennent pas à l’oligarchie ». Mais qui seraient ces « classes moyennes plus favorisées qui n’appartiennent pas à l’oligarchie » ? La base sociale de la macronie ? Les « classes moyennes plus favorisées qui n’appartiennent pas à l’oligarchie » ne font-elles pas partie de « ceux d’en haut » ? On voit ici les limites de cette catégorie de « classe moyenne » aux contours flous, sans jamais qu’on ne sache où elle commence et où elle finit. C’est plus grave, encore, compte-tenu du fait que durant les périodes d’effervescence des classes moyenne, qui caractérise le moment actuel, au cours duquel perdure et s’approfondit la crise organique du capitalisme français, les secteurs intermédiaires tendent à se diviser entre leurs couches supérieures qui appuient la bourgeoisie et les couches inférieures, bien plus nombreuses, qui regardent du côté du prolétariat. Dans Où va la France ?, Léon Trotsky rend compte, en octobre 1934, de la façon dont cette radicalisation traverse les couches inférieures des classes moyennes : « La petite bourgeoisie, incarnée par les masses ruinées des villes et des campagnes, commence à perdre patience. Elle prend une attitude de plus en plus hostile à sa propre couche supérieure : elle se convainc en fait de l’inconsistance et de la perfidie de sa direction politique. Le paysan pauvre, l’artisan, le petit commerçant se convainquent qu’un abîme les sépare de tous ces maires, ces avocats, ces arrivistes politiques du genre Herriot, Daladier, Chautemps, qui, par leur mode de vie et leurs conceptions, sont de grands bourgeois ».
Comment, alors même que le mouvement des Gilets Jaunes exprime de façon paradigmatique une haine viscérale vis-à-vis des politiciens et des arrivistes qui vivent à leurs basques, Mélenchon peut-il défendre ce genre de positions ? Au moment-même où le bloc bourgeois, à savoir le bloc social du grand capital et des classes moyennes supérieures se rangent derrière le macronisme en tant que parti de la réaction (concurrencé en partie, ces derniers temps, par Les Républicains qui utilisent tactiquement les difficultés de Macron à maintenir l’ordre et son recul sur la réduction des dépenses publiques du fait de la mobilisation des Gilets Jaunes).
Il est fort probable que Mélenchon soit en train d’essayer de capter le vote de secteurs urbains de classe moyenne et de classe moyenne supérieure qui, en s’éloignant du macronisme, pourraient être enclin à choisir les écologistes lors des européennes. Il est possible, par ailleurs, qu’une fraction de ce même électorat ait voté LFI lors des présidentielles de 2017, Europe Ecologie les Verts n’ayant alors pas présenté de candidat et s’étant rangé derrière la candidature de Hamon, à l’époque. On peut imaginer que Mélenchon applique les recommandations que lui avait faites Chantal Mouffe, à savoir de rassembler les gagnants et les perdants de la mondialisation. Dans une interview donnée aux Inrockuptibles au cours de laquelle elle revient, notamment, sur sa première rencontre avec Mélenchon, Mouffe souligne qu’il y a, selon elle, « dans nos sociétés une multiplicité de demandes démocratiques hétérogènes. Il faut prendre en compte les demandes populaires de la classe ouvrière, laissées de côté par la social-démocratie, mais aussi les nouvelles demandes comme celles des classes moyennes. Une partie d’entre elles profitent de la mondialisation, mais d’autres en souffrent. Le véritable défi pour le populisme de gauche, c’est de réussir à rassembler les deux. Et ça, Jean-Luc Mélenchon l’a très bien compris en s’emparant du thème de l’écologie, un sujet qui affecte tout le monde ».
Les conditions de cette alchimie pouvaient être réunies lors des présidentielles de 2017 mais se sont évanouies depuis, notamment face à l’émergence du mouvement des Gilets Jaunes qui pose objectivement, face au bloc bourgeois, la nécessité d’une alliance de classe et révolutionnaire entre la classe ouvrière et les autres secteurs exploités et opprimés par le capital pour battre en brèche la macronie et le capitalisme néolibéral. La politique consistant à diluer le programme du populisme de gauche s’avère être un outil peu utile au moment où la lutte des classes fait son retour. Comme le souligne avec une ironie non dissimulée Jannick Alimi dans les colonnes du Parisien, fin mars, « le surgissement inattendu du "peuple" au cœur de la "lutte des classes" n’aurait-il pas dû marquer l’ultime étape d’une conquête du pouvoir amorcée il y a onze ans, lors de la rupture d’avec le Parti socialiste puis la création du Parti de gauche ? Jean-Luc Mélenchon, lui-même, n’avait-il pas théorisé dans L’Ère du peuple le rôle clé de cette classe moyenne auprès de la classe ouvrière ? ».
L’incompatibilité entre le niveau institutionnel et celui de la contestation populaire
Le populisme de gauche justifie parfois la modération de son programme par le fait qu’il s’agirait de ne pas effrayer les classes moyennes en faisant étalage d’une orientation qui serait trop radicale. Les revendications environnementales et écologistes pour modérer les revendications populaires et celles de la classe ouvrière tombent, par conséquent, à pic. Le centre-gauche, souffrant d’une perte de représentativité politique, a transformé les questions environnementales en une espèce de nouvelle morale du capitalisme. Au nom d’un faux œcuménisme, cela revient à revendiquer un « monde propre », ou en tous cas non-entaché de revendications et de préoccupations de classe. L’autre vertu d’une telle orientation est aussi celle de faire oublier que c’est bien le capitalisme qui est la principale source de pollution pour la planète et pour l’humanité et le vivant. Il suffit, pour s’en convaincre, de jeter un œil aux 66 propositions du Pacte social et écologique présenté par le patron de la CFDT (et orphelin d’une gauche de gouvernement), Laurent Berger, et l’ancien « Monsieur nature » de Macron, Nicolas Hulot. C’est donc en direction de cette coalition sociale modérée, qui mobilise les classes moyennes et classes moyennes supérieures urbaines, que le populisme de gauche regarde, en s’y adaptant, « par en haut ». Parallèlement, « par en bas », il dispute à d’autres les classes populaires, et ce à travers une rhétorique nationaliste et anti-allemande. En revanche, il n’est fait référence à aucun moment à un programme hégémonique qui serait porté par la classe ouvrière.
L’ambiguïté programmatique de LFI trouve son corrélat sur le terrain de l’action politique. Le populisme de gauche est prisonnier de cette très étroite marge de manœuvre qui caractérise la tension entre le champ institutionnel et celui de la contestation populaire. Toujours selon Deboutin, « le lien entre stratégie populiste et institutionnalisation constitue une ligne de crête, qui doit à la fois éviter la normalisation totale (on devient un parti comme un autre) et l’incapacité à se montrer capables de gouverner, de rassurer, de créer une certaine stabilité. Hors élections, il est rare que la logique populaire prime sur la logique institutionnelle car le temps politique est ralenti, refroidi ».
Après le succès du premier tour des présidentielles, ces difficultés ont commencé à affleurer sérieusement. C’est ainsi que Clémentine Autain, députée LFI de Seine-Saint-Denis et partisane d’une ligne réaffirmée à gauche, souligne combien, selon elle, « Mélenchon a magnifiquement su entraîner pendant la campagne présidentielle. LFI a eu dans la foulée de l’or dans les mains. Il faut comprendre ce qui a fait le succès en 2017 et ce qui n’a pas fonctionné depuis. C’est à mon sens notamment une question de profil politique qui a clivé notre électorat sans en gagner un nouveau. Peut-être que le clash permanent, les prises de distance avec une cohérence de gauche nous ont coûté cher ». De leur côté, les partisans d’une ligne populiste, à l’instar de François Coq considèrent que LFI « se serait enfermée, après les élections, dans une centralité purement en termes d’opposition au pouvoir en place, réduisant de plus en plus sa capacité à agréger. En effet, s’identifier comme opposant, c’est exclure ceux qui ne se mobilisent pas déjà dans cette attitude. Ensuite, face à d’autres forces opposantes concurrentes, la centralité se réduit au rassemblement des oppositions de gauche. Dans ce contexte, le discours dégagiste perd toute sa cohérence et sa profondeur ».
Que ce soit en fonction de la tactique du clash permanent, pour certains [8], ou de l’excès d’opposition à Macron, pour d’autres, les perspectives de LFI avaient commencé à s’assombrir avant même le début du mouvement des Gilets Jaunes en novembre 2018. Mais le soulèvement a fait perdre de vue la fameuse fragile ligne de crête entre stratégie populiste et institutionnalisation. Comme toute bonne stratégie réformiste, la stratégie populiste de gauche cherche un débouché institutionnel et électoral au mécontentement. Mais cela devient très compliqué lorsque la contestation acquiert un caractère éminemment radical et subversif, avec certains traits d’antiparlementarisme. C’est également pour cette raison que LFI n’a pas réussi à capitaliser la mobilisation du « bas peuple ».
François Ruffin ? Peut-être s’agit-il du véritable visage du populisme de gauche là où Mélenchon serait davantage du côté du vieux politicien de gauche, et ce en dépit de ses qualités indéniables de tribun. Le caractère d’outsider de Ruffin, et non de politicien de profession, de même que son empathie vis-à-vis des Gilets Jaunes jouent en sa faveur. « Comment concilier populisme et vie institutionnelle ?, se demande Deboutin. La fonction du parlementaire joue ici un rôle central : à la fois représentant du peuple et dirigeant politique devant montrer la crédibilité du mouvement, il lui faut parvenir à incarner au sein de l’Assemblée un certain récit qui parle aux gens, qui fasse écho à leur vie quotidienne. Il s’agit de mettre en scène le contenu du discours qui a été porté pendant les élections. Les prises de parole de François Ruffin doivent, à ce titre, servir de base de réflexion pour avancer sur cette voie [9].
Les responsabilités de la gauche révolutionnaire
La poussée du populisme de gauche est l’expression des difficultés à reconstruire l’organisation, la subjectivité de classe ainsi qu’une direction révolutionnaire du mouvement ouvrier à la suite de l’offensive néolibérale et des changements dans la structure du capitalisme qui l’ont accompagnée. C’est aussi le sous-produit de la persistance des dommages occasionnés par le stalinisme sur la conscience et la stratégie communistes. Enfin, c’est également le fruit du fait que les organisations politiques et syndicales créées par les travailleurs ont fini par devenir les agents actifs de la mise en place des plans et des programmes néolibéraux contre les travailleurs eux-mêmes.
Compte-tenu de ce cadre d’ensemble il est clair, néanmoins, que l’extrême gauche n’a pas su se montrer à la hauteur des enjeux. Le vide qu’elle a laissé a été rempli, sans trop de peine, par le populisme de gauche. D’un côté, le Nouveau Parti Anticapitaliste et sa politique de parti large sans délimitation stratégique ni programmatique n’ont pas permis de former de nouvelles couches d’ouvriers et de jeunes aux idées et à la stratégie du communisme révolutionnaire. Plus grave encore, le NPA n’a pas été capable de résister aux chants de sirène du mélenchonisme et cette complaisance à l’égard du Front de Gauche, tout d’abord, puis de LFI par la suite lui a coûté pas moins de trois ruptures depuis sa fondation. D’un autre côté, la passivité sectaire et la pratique ouvrièriste et syndicaliste font que Lutte Ouvrière est incapable de défendre une politique hégémonique à même de dialoguer avec les nouvelles couches de prolétaires et de jeunes, moins formatées que les générations précédentes par les anciens appareils du mouvement ouvrier. La faiblesse, l’impuissance et le rôle souvent marginal des uns et des autres à l’extrême gauche libèrent un espace considérable qui est occupé par LFI, en dépit de toutes ses contradictions internes, qui se présente ainsi en porte-parole de l’opposition radicale malgré le modérantisme de ses positionnements. Parallèlement, ceux qui considèrent que LFI est une force beaucoup trop institutionnalisée sont séduits non pas tant par l’extrême gauche que par la gauche autonome [10].
Alors que la mobilisation des Gilets Jaunes montre une tendance d’une partie du mouvement à dépasser l’impuissance institutionnelle des syndicats et/ou des partis de gauche, leur manque de volonté pour lutter sérieusement et imposer un véritable rapport de force – et ce indépendamment d’un manque de clarté et de confusion sur la stratégie et le programme – pourrait inciter l’extrême gauche à abandonner son tropisme pour le fatalisme et la résignation et à lutter avec une nouvelle dynamique. Pour ce, elle pourrait tirer profit des leçons que Trotsky dresse à propos de la France de la moitié des années 1930, que ce soit vis-à-vis des raccourcis réformistes, alors, ou des tentations populistes de gauche aujourd’hui. Il est faux, selon Trotsky, que lors des moments de crise comme celui que nous sommes en train de traverser, les classes moyennes (ou la petite bourgeoisie) auraient peur de la révolution. « Pour gagner la petite bourgeoisie, souligne Trotsky en octobre 1934, le prolétariat doit conquérir sa confiance. Il faut pour cela qu’il ait lui-même confiance en sa propre force. Il lui faut un programme d’action clair et une détermination à lutter pour le pouvoir par tous les moyens. Soudé par son parti révolutionnaire, pour une lutte décisive et impitoyable, le prolétariat dit aux paysans et aux petites gens des villes : "Je lutte pour le pouvoir. Voici mon programme : je suis prêt à m’entendre avec vous pour en modifier tel ou tel point. Je n’emploierai la force que contre le grand capital et ses laquais ; avec vous, travailleurs, je veux conclure une alliance sur la base d’un programme donné." Un tel langage, le paysan le comprendra. Il suffit qu’il ait confiance dans la capacité du prolétariat de s’emparer du pouvoir ».
Le « spectre de la révolution » que le mouvement des Gilets Jaunes a reconvoqué exige que l’extrême gauche se débarrasse de toute équivoque, de toute indécision, de toutes les phrases creuses qui l’ont empêchée d’être à la hauteur et de représenter une alternative révolutionnaire du monde du travail et de la jeunesse face à l’impasse stratégique qu’incarne le populisme de gauche.
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NOTES DE BAS DE PAGE
[1] Comme on peut le lire dans « Podemos et la France insoumise en plein maelström stratégique » publié fin avril sur reconstruire.org, « lors des Universités d’été de "Nos Causes communes", le mouvement lancé par le représentant de l’aile gauche du PS Emmanuel Maurel, Mélenchon déclare : "Que finisse cette longue solitude pour moi d’avoir été séparé de ma famille intellectuelle et affective […]. Mes amis, vous me manquez". Quelques semaines plus tard, le mouvement de Maurel quitte le PS, rejoint la France insoumise et, avec le MRC (Mouvement Républicain et Citoyen), obtient plusieurs places sur la liste des candidats aux élections européennes ».
[2] Pour ce qui est de la formation de Marine Le Pen, Souquère souligne, par ailleurs, que « les intentions de vote aux élections européennes démontrent que ce mouvement social populiste ne profite pas, ou très peu, aux partis populistes. Si Marine Le Pen a incontestablement pu se remettre en dynamique aux premiers jours du conflit et ainsi regagner le terrain perdu depuis la présidentielle, les intentions de vote en sa faveur, après avoir connu un pic en décembre, ont retrouvé leur étiage habituel, entre 20 et 22 %, selon les estimations des différents instituts depuis plusieurs semaines. Un score qui, en outre, demeure en deçà des 24,86 % obtenus par le Front National lors du scrutin européen de 2014. Le mouvement des Gilets Jaunes ne permet donc pas au RN d’atteindre un niveau plus élevé que d’habitude, comme on aurait pu l’anticiper ».
[3] Pour ce qui est de la dernière fois où une telle alliance a été gagnante, il faut remonter au mitterrandisme
[4] Marcel Déat fondera par la suite, en 1941, le Rassemblement National Populaire (RNP), pro-nazi. Déat finira sa carrière comme ministre du Travail et de la solidarité nationale sous Vichy. Au cours des années 1930, Déat incarne le courant pacifiste le plus intransigeant au sein de la SFIO, avant de diriger les néo-socialistes
[5] Philippe Burrin, La Dérive fasciste. Doriot, Déat, Bergery 1933-1945, Paris, Seuil, 2014.
[6] Marceau Pivert, « Il faut s’entendre ! », Le Populaire, Paris, 27 juillet 1933
[7] Voir à ce sujet Emmanuel Barot et Juan Chingo, « La classe ouvrière en France : mythes et réalités Pour une cartographie objective et subjective des forces prolétariennes contemporaines », Cahiers de Révolution Permanente n°2, Paris, mai 2014.
[8] Mélenchon revendique, par ailleurs, cette tactique du clash : « On me reproche d’être clivant ? Mon score n’en serait-il pas plutôt le résultat ? Il faut abandonner l’illusion communicationnelle. Avoir le bon slogan et le bon message ne réconciliera pas tout le monde. Pour réconcilier tout le monde, il faudrait baisser d’un ton ? Je ne le ferai pas. Je compte davantage sur l’obligation de la prise de conscience de devoir sauter l’obstacle de la routine et de la résignation. Et si je deviens moins franc du collier, je sors de la stratégie de la conflictualité qui est la seule capable de produire de la conscience, de l’action, de la confiance et du regroupement. La construction d’un peuple révolutionnaire n’est pas un dîner de gala ».
[9] Ruffin, par ailleurs, ne doute pas un seul instant de faire des alliances avec le PS, identifié, pour lui, au Parti radical des années 1930. Il y a donc, chez lui, une stratégie tout à fait consciente de conciliation de classe. Dans une interview donnée à Reporterre.net, Ruffin l’admet sans détour : « Mon modèle reste le Front populaire, c’est-à-dire un basculement à gauche, mais aussi un basculement à l’intérieur de la gauche : le Parti socialiste, pour la première fois, était passé devant le Parti radical. Aujourd’hui, le Parti socialiste est l’équivalent du Parti radical. Faire une alliance avec lui est envisageable. Mais à condition qu’il soit auparavant clairement acté que le centre de gravité de la gauche a basculé vers la France insoumise. Il faut que les autres organisations aient l’intelligence de l’accepter, et que la France insoumise ait l’intelligence de s’allier avec d’autres composantes à gauche. Si on veut être majoritaire dans le pays, il faudra aller vers des alliances ».
[10] Voire à ce sujet Emmanuel Barot et Juan Chingo, « L’antipolitique autonome et ses illusions », RévolutionPermanente.fr, 22/06/16.