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USA: une croissance à haut risque
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https://www.anti-k.org/2019/05/22/conjoncture-etats-unis-une-croissance-a-haut-risque/
Alternatives économiques, 15 mai 2019
Baisse du taux d’activité, dérégulation environnementale, déficit budgétaire : la santé économique insolente de la première puissance mondiale a de nombreux coûts cachés.
« Make America Great Again », avait promis Donald Trump lors de sa campagne présidentielle. Pari tenu ? La conjoncture est en tout cas très favorable au président américain, qui vient de recevoir coup sur coup deux (très) bonnes nouvelles. Le 26 avril dernier, tout d’abord, le département du Commerce des Etats-Unis a annoncé une croissance atteignant les 3,2 % pour le premier trimestre 2019. Quasiment un point de plus que les prévisions des économistes ! Le Shutdown du début d’année – la fermeture des administrations décidée en janvier par le pouvoir exécutif faute d’un budget entièrement adopté par le Congrès – n’aura donc pas fait trembler le géant américain. Pas plus qu’un contexte extérieur peu porteur en raison de perspectives de croissance européenne et chinoise revues à la baisse.
Le 3 mai, ensuite, c’est le Département du travail qui annonçait un taux de chômage à son plus bas niveau depuis 1969, frôlant les 3,5 %. « Notre économie est aujourd’hui la meilleure de la planète et le monde entier nous envie (…). Notre politique peut être résumée en trois mots très simples : des emplois, des emplois, des emplois », s’est empressé de souligner Donald Trump lors d’un discours prononcé à Panama City en Floride le 8 mai dernier.
Jobs, jobs, jobs
Comme l’a pointé l’économiste Paul Krugman, il n’y a rien de mystérieux dans cette bonne étoile conjoncturelle : Donald Trump mène une politique keynésienne (moins d’impôts et une politique budgétaire expansionniste) qui permet de créer de la demande supplémentaire grâce aux dépenses de l’Etat et à la hausse du pouvoir d’achat des ménages ou des marges des entreprises. Logique donc, qu’une telle économie crée ensuite de la croissance, et des emplois. Pas moins de 263 000 au mois d’avril, avec une moyenne de 169 000 créations mensuelles sur le dernier trimestre. « Les indicateurs élargis du marché du travail, tenant compte des travailleurs découragés et des temps partiels involontaires montrent également une amélioration », complète Christophe Blot, économiste à l’OFCE. A l’instant T, la photo semble donc réjouissante. Mais le film à venir l’est un peu moins.
Car si de nombreux emplois se créent, la baisse du chômage est obtenue au prix d’une baisse tendancielle du taux d’activité (la part des personnes d’une tranche d’âge qui ont ou cherchent un emploi). Et ce notamment en raison de la crise des opioïdes, véritable enjeu de santé publique aux Etats-Unis. Les prescriptions de ces médicaments antidouleurs présentant de forts risques d’addiction explosent dans le pays, causant de graves problèmes de santé et des dizaines de milliers de morts chaque année par overdose. Ces produits ont récemment été identifiés par l’OCDE comme un déterminant majeur du taux de participation au marché du travail. « Si on avait aujourd’hui le taux d’activité d’avant-crise, le chômage serait bien plus élevé », affirme Christophe Blot. Malgré le léger rebond observé en début d’année, la part des individus de plus de 16 ans appartenant à la population active peine à dépasser les 63 %. La faible participation au marché du travail reste donc un handicap structurel de l’économie américaine.
Côté salaires, la progression est soutenue (+ 3,6 % sur un an en avril), signe que les tensions sur le marché du travail incitent les entreprises à augmenter les salaires proposés pour attirer de nouveaux travailleurs. Sans toutefois susciter d’inquiétudes quant à une hausse de l’inflation, qui reste dans la cible de la Fed (2 % sur un an). Une nouvelle d’autant plus bonne que si l’on regarde dans le détail, ce sont les travailleurs les plus pauvres qui voient leurs salaires augmenter plus rapidement que les autres (+ 4,4 % pour les 25 % d’Américains les plus pauvres, contre 3,1 % pour les 25 % les plus aisés). Une évolution probablement alimentée en partie par les récentes augmentations du salaire minimum dans certaines villes et Etats du pays, qui ne tiendrait donc pas spécifiquement à la politique économique de Donald Trump, dont les impasses restent malgré tout évidentes.
Hypothèque sur le futur
« La mobilisation de l’outil budgétaire et la hausse des déficits ne sont pas, comme on l’entend souvent, un problème en soi. Surtout pour le pays qui dispose de la monnaie de réserve mondiale, et jouit donc d’une relative confiance de ses créanciers », souligne Christophe Blot. Mais, à l’exception d’un plan d’investissement en infrastructures de 200 milliards de dollars en discussion avec les démocrates, la relance américaine est aujourd’hui mal orientée.
Notamment car les dépenses sont axées sur le volet militaire – dont le budget fédéral augmente pour la première fois depuis 2010 de + 4,6 % –, qui atteint 649 milliards de dollars, selon le dernier rapport du Sipri. Les dépenses sociales (éducation, santé…), censées servir d’amortisseurs pour les populations les plus vulnérables en cas de retournement de situation, sont, elles, négligées. De nombreux économistes soulignent ainsi le caractère risqué d’une politique budgétaire dite « procyclique », qui continue de creuser le déficit même en période de croissance, au lieu de le réduire pour se constituer un matelas de résistance mobilisable lors de périodes moins fastes. Ici, la direction prise est donc clairement celle d’un Etat moins protecteur, qui se dédouane du sort des populations les plus précaires.
D’autre part, plutôt que d’investir, les entreprises, qui ont bénéficié de la baisse du taux d’impôt sur les sociétés (passé de 35 % à 21 % en 2017), ont préféré racheter leurs actions avec leur surplus de trésorerie. « Résultat : on observe ces derniers mois un boom du prix des actifs financiers assez important », souligne Christophe Blot. Qui ajoute que le marché immobilier repart à la hausse, même si ce regain est sans commune mesure avec la bulle observée avant la crise de 2008.
Quelques fils fragiles
Le régime de croissance atteint aujourd’hui par l’économie américaine tient donc à quelques fils relativement fragiles. « Elle doit beaucoup, d’une part, à la constitution d’inventaires par les entreprises, qui stockent du matériel en anticipation de la hausse des tarifs douaniers et, d’autre part, à la hausse des exportations. Dans un contexte de guerre commerciale, cela pourrait évoluer rapidement en sens inverse », indique Jean-Francois Boittin, expert associé au Cepii. Ce spécialiste des Etats-Unis anticipe donc une révision à la baisse des prévisions de croissance dans les prochaines semaines.
Deux chercheurs à la Brooking Institution ont aussi noté que, depuis 2016, le rythme des créations d’emplois dans les Etats acquis au Parti républicain a quasiment rattrapé celui observé dans les bastions démocrates. Avec pour conséquence, dans ces territoires historiquement liés aux secteurs agricoles, industriels ou énergétiques, une forte dépendance aux cycles économiques et à des chocs conjoncturels.
« Aujourd’hui les Etats-Unis sont devenus de grands producteurs de pétrole, donc une hausse du prix stimule la production et la croissance américaine. » Anton Brender, économiste
La hausse de l’emploi dans le secteur pétrolier révèle, enfin, le coût environnemental de cette croissance. « D’habitude, une hausse du prix de l’énergie freinait l’économie en réduisant le pouvoir d’achat des ménages. Aujourd’hui, les Etats-Unis sont devenus de grands producteurs de pétrole, donc une hausse du prix stimule la production et la croissance américaine », soulignait Anton Brender, chef économiste de Candriam au micro de France Culture. « Concernant le pétrole de schiste, l’Etat encourage indirectement le secteur en relâchant certaines contraintes environnementales, notamment l’interdiction d’ouverture d’exploitations dans des parcs nationaux », ajoute Jean-Francois Boittin.
Tensions avec la FED
Des tensions sont également apparues entre le président américain et la Réserve fédérale. Le premier accuse la seconde d’empêcher que la croissance soit encore plus forte (et l’économie de « décoller comme une fusée », selon ses propres mots) en refusant d’abaisser ses taux sous leur niveau actuel de 2,5 %, ce qui permettrait de réduire le coût du crédit et donc de relancer la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. Preuve, si besoin était, que Donald Trump et ses conseillers se focalisent sur le très court terme. Et pour cause : le locataire de la Maison Blanche sait que l’échéance présidentielle de 2020 approche à grands pas. Et que, par ailleurs, il tient dans cette (très relative) bonne santé économique un argument massue pour établir un rapport de force favorable avec ses meilleurs ennemis chinois.