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L’honneur du boxeur contre Macron le voyou

Gilets-jaunes

Lien publiée le 1 juin 2019

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L'honneur du boxeur contre Macron le voyou

Dans un livre émouvant mais politique, Antoine Peillon s’attache à la figure d’un héros des Gilets jaunes, Christophe Dettinger. Une figure honorable, qui dessine a contrario la vilenie d’Emmanuel Macron.

De l’extraordinaire mouvement des Gilets jaunes, une myriade d’images, de figures, de scènes, d’émotions et de douleurs émergent. Le journaliste Antoine Peillon a choisi de s’attacher à l’une des plus attachantes, celle de Christophe Dettinger. Tout le monde se souvient de l’histoire : en janvier, lors d’une manifestation à Paris, un homme avait surgi, enjambant une balustrade, et repoussant de ses poings des gendarmes surarmés.

L’affaire avait soulevé des réactions opposées. Du côté du pouvoir, une réaction indignée, de l’autre, un contentement secret qui avait nourri une cagnotte de soutien - que le pouvoir s’est empressé de faire fermer, tant elle avait de succès.

Le journaliste Antoine Peillon revient sur l’affaire, en s’attachant d’abord à l’homme, Christophe Dettinger, ex champion de boxe (champion de France des lourds-légers en 2007), et aujourd’hui paisible père de famille et fonctionnaire municipal. Rien d’un voyou ou d’un excité. Un homme qui, il s’en expliquait en vidéo, est « un Gilet jaune. J’ai la colère du peuple qui est en moi. Je vois tous ces présidents, tous ces ministres, je vois tout l’Etat se gaver, se pomper. Ils ne sont même pas capables de montrer l’exemple. Ils ne montrent pas l’exemple. » L’expression même du « sens moral » qu’a bien analysé Samuel Hayat à propos du mouvement des Gilets jaunes : une revendication plus morale que politique. On demande que ceux d’en haut se tiennent bien, et agissent équitablement. Mais l’« économie morale » est rompue, les riches se tiennent mal, ils volent et pillent, ils méprisent ceux d’en bas, et la révolte est légitime.

Antoine Peillon a été à la rencontre du boxeur citoyen et de sa famille, il démonte une à une les injures et mensonges par lesquels les laquais du pouvoir ont voulu salir Dettinger. S’adressant à lui, il explique les ressorts de la haine des puissants : « Ce que l’Etat français, la police et la justice subordonnées à l’exécutif ne supportent pas, ne peuvent tolérer, c’est que vous ayez réussi, le 5 janvier, à faire reculer, seul, non masqué et non armé, les ’forces de l’ordre’ sur une bonne dizaine de mètres ! David des Gilets jaunes, vous avez vaincu et humilié le Goliath de Macron-Philippe-Castaner. »

En regard du sens de l’honneur de Christophe Dettinger, l’auteur retrace une sorte d’inventaire des vilenies d’Emmanuel Macron - qui a d’ailleurs parlé avec mépris du « gitan » qui serait incapable de trouver ses propres mots. On y apprend peu de neuf, mais ce regroupement d’informations est utile, sur l’usage sans frein des violences policières, la mise au pas de la justice, les innombrables marques du mépris qu’exprime M. Macron et sa caste à l’endroit des « gens de rien », les menaces sur la liberté de la presse - tout cela constitue « le fond indéniablement totalitaire de la politique d’Emmanuel Macron et de ses serviteurs ».

Charles X, roi ultraconservateur (1824-830), un modèle de Macron ?

Antoine Peillon rapporte « un épisode peu connu du début » du règne de celui qui prétend qu’il y a « dans la politique française un absent, la figure du roi » : en avril 2018, Emmanuel Macron s’était rendu à la basilique Saint-Denis, l’église des rois de France, s’attardant sur les statues de tel et tel roi. L’épisode vaut au lecteur une méditation inattendue sur Charles X (le roi ultra-conservateur de la Restauration, balayée par la révolution de 1830), sur les Templiers et sur les Rois maudits...

Le livre finit sur une note d’espoir, en citant une figure éminente de l’écologie, le géographe et anarchiste Elysée Reclus : « Nos ennemis savent qu’ils poursuivent une oeuvre funeste et nous savons que la nôtre est bonne ; ils se détestent et nous nous entr’aimons ; ils cherchent à faire rebrousser l’histoire et nous marchons avec elle. » Honneur aux Gilets jaunes, honte au pseudo-roi.