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VIVENT LES DOCKERS !

Lien publiée le 5 juin 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://lundi.am/Vivent-les-dockers

L’implantation syndicale dans les ports à travers le monde est connue. La tradition pacifiste, anti-coloniale et anti-impérialiste des dockers, l’est moins. Un film de la CGT tourné dans les ports français au début des années 1950 
« Les ouvriers dockers CGT du Golfe de Fos ne chargeront aucune arme, aucune munition pour quelle guerre que ce soit. »

Le communiqué syndical était une réaction à des révélations selon lesquelles un cargo saoudien devait prendre livraison de munitions dans le port provençal. Il s’avère que cette livraison précise n’a peut-être en fait jamais été programmée et selon l’ONG
chrétienne ACAT, le cargo Bahri Tabuk a en tout cas quitté les eaux territoriales françaises à vide. Mais la ligne de conduite des syndicalistes n’est pas passée inaperçue. Précisons que ce n’était pas la première fois ces dernières années qu’on entendait parler des dockers du Golfe de Fos, qui ont occupé les accès d’une raffinerie et d’un dépôt de carburant en 2016 durant le mouvement contre la Loi travail.

Le docker est au cœur du pouvoir logistique. Neuf millions de tonnes de marchandises sont transportées par an par la voie maritime, ce qui correspondrait à environ 80% du transport mondial de marchandises et 70% de sa valeur (des chiffres de l’Institute of Shipping Economics, en Allemagne, publiés sur le site de la chaîne arte). En 2006, quelques milliers de dockers de d’Allemagne, de Belgique, d’Espagne, de France et de Pologne s’étaient retrouvés pour une manifestation – qui a fini par virer à l’émeute - à Strasbourg contre la libéralisation des services portuaires. Et dans toute l’Europe, des dockers répondent présents à des manifestations contre l’austérité, comme à Anvers en 2014.

La ligne pacifiste affichée par les dockers de la CGT du Golfe de Fos, elle s’inscrit dans une vieille tradition. On trouve sur le site du fonds audiovisuel du Parti communiste le film « Vivent les dockers », du réalisateur Robert Ménégoz, communiste et ancien résistant tourné en 1951 et produit par la CGT .

« Tourné dans les principaux ports français (à l’exception notable du Havre), Vivent les dockers mêle des images dérobées (débarquement des cercueils des soldats français tués en Indochine, présence des C.R.S.) et des scènes reconstituées (accidents du travail et manifestations, harangue d’un travailleur algérien et fraternisation). » On y voit notamment des dockers s’opposer au transport d’armes américaines vers l’Allemagne et l’Indochine et refuser, selon la voix off, « que leur dur métier ne devienne un sale métier ». En effet, dès 1949, les dockers du Midi décidaient que « plus une arme pour la sale guerre du Viet-Nam ne (doit) partir des ports de la Méditerranée ». Des dockers, notamment ceux issus de la Résistance, se souvenaient que des grèves antifascistes visant l’Italie et l’Allemagne avaient été suivies quelques années plus tôt à travers le monde.

L’opposition à l’armement et à la guerre par le blocage, l’occupation ou le refus de travailler n’est pas spécifique aux ports français. La déclaration de la Fos-sur-Mer avait été précédée par un appel de dockers du port de Gènes à refuser de charger un autre cargo saoudien. L’apartheid en Afrique du sud et la dictature au Chili, ont, par le passé, poussé des dockers danois, de Liverpool et de Californie à l’action.

Aux États-Unis en 2008, un appel à une journée de grève contre la guerre en Irak de la puissante ILWU (International Longshore and Warehouse Union), syndicat des dockers nord-américains, avait été suivi par plusieurs milliers de travailleurs. Quelques années plus tard, à Oakland, ce sont des syndicalistes qui refusent de décharger un bateau de la compagnie israélienne Zim. Le blocus sur Gaza et les assauts sur les bateaux de la « Flottille internationale », en 2010 et en 2015 ont causé bien des ennuis à cette dernière. Depuis, des syndicalistes sud-africains, suédois, tunisiens et américains ont notamment refusé de décharger ses bateaux.