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LFI : les insoumis se fritent sur toutes les lignes

France-Insoumise

Lien publiée le 8 juin 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://www.liberation.fr/france/2019/06/06/lfi-les-insoumis-se-fritent-sur-toutes-les-lignes_1732227

Après le mauvais score de sa liste aux élections européennes, la formation de Jean-Luc Mélenchon peine à contenir les divergences en son sein. Jeudi, une note interne a fuité, dénonçant le manque de démocratie dans le parti.

Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée nationale, le 10 décembre 2018.

La France insoumise (LFI) souriante. Jeudi matin, une délégation du mouvement s’est invitée à Bruxelles pour escorter les six députés européens fraîchement élus. Une sorte de rentrée des classes. La petite bande a fait une annonce : la création d’un «inter-groupe» composé des parlementaires européens et nationaux. LFI la main dans la main. C’est beau. Derrière le rideau, l’ambiance est différente. Tendue. Le mauvais score des européennes (6,31 %) ne passe toujours pas. Plusieurs figures insoumises se regardent de travers. Les batailles se mélangent. Certains réclament plus de démocratie au sein du mouvement, d’autres s’affrontent sur la ligne politique : plus de gauchisme ou plus de populisme ?

Un casse-tête. Une crise. La première majeure depuis la naissance du mouvement en février 2016. Jean-Luc Mélenchon, lui, reste discret. Pas un mot depuis la soirée électorale du 26 mai. Le chef suprême s’est contenté de publier une note sur son blog pour prévenir les curieux : aucun mot de sa part avant le 6 juin – regrettant immédiatement d’avoir donné un calendrier, ce qui a alimenté les attentes toute la semaine. Son silence laisse place aux rumeurs. Crédibles ou farfelues, c’est selon. L’insoumis prend souvent du champ en temps de crise. Il faut laisser «retomber la poussière», répète-t-il à chaque période de turbulences.Mélenchon va-t-il se mettre totalement ou un peu en retrait de son mouvement ? Aucune décision n’est arrêtée. Une chose est certaine : ça va bouger. LFI est en chantier.

Lundi 27 mai, les têtes pensantes et les principaux acteurs de la campagne européenne se retrouvent au siège parisien. La nuit a été très courte. Ils analysent les mauvais résultats. Certains, dont Jean-Luc Mélenchon, tentent de minimiser, choisissant de se concentrer sur l’essentiel : il y aura six députés insoumis à Strasbourg. Une analyse qui hérisse le poil d’un cadre : «On ne peut pas dire que c’est toujours la faute des autres. Notre résultat est mauvais et nous devons faire le bilan.» Dans la foulée, Clémentine Autain met les pieds dans le plat : elle critique publiquement la ligne politique de LFI qui selon elle, doit «s’ouvrir à la gauche». Pire, la députée de Seine-Saint-Denis met en cause l’état d’esprit «polémique et clivant» du chef. En interne, la ligne Autain est minoritaire. Les stratèges insoumis ne souhaitent plus entendre parler du mot «gauche». Leur combat est ailleurs. La parole se libère et les comptes se règlent. La tête de liste aux européennes, Manon Aubry est épargnée. Tous s’accordent à dire qu’elle a mené une belle bataille et qu’elle a été victime d’un double contexte : politique nationale et tensions au sein du mouvement.

Déroute

Mercredi matin, posté en terrasse d’un café, Adrien Quatennens revient sur la campagne. Le député du Nord tente de comprendre la chute du 26 mai «depuis des jours». Il refait le match et admet que la stratégie du référendum anti-Macron a bénéficié au Rassemblement national de Marine Le Pen. Il argumente sans détour : «Durant la campagne, Macron disait : « Si vous êtes pour l’Europe, votez pour moi. » Le Pen c’était : « Si vous êtes contre Macron, votez pour moi. » Jadot y allait avec : « Si vous êtes écolo, votez pour moi. » Et nous, on disait : « Vous avez dix minutes, le temps qu’on vous explique ? »» Son camarade parlementaire Alexis Corbière partage cette analyse.

Quatennens a été très impliqué durant la campagne. Il assume sa part dans la déroute mais se projette vers l’avenir. Pour lui, le futur ne se trouve pas à gauche. L’insoumis veut convaincre à la fois les abstentionnistes et les électeurs d’extrême droite, ces «fâchés pas fachos» qui placent leur colère dans les bras de Marine Le Pen. Dans les semaines à venir, Adrien Quatennens jouera de nouveau les premiers rôles. Candidat à la mairie de Lille ? Président du groupe parlementaire LFI ? Responsable du mouvement ? Alors que Manuel Bompard devrait piloter les eurodéputés insoumis, à Paris, Mathilde Panot, députée du Val-de-Marne, est également appelée à prendre plus de responsabilités. Les paris sont ouverts.

Comme souvent, en politique ou ailleurs, les crises ouvrent des portes. Les sujets s’entremêlent. Jeudi, alors que la délégation insoumise était en route pour la Belgique, une note interne a été publiée par le Monde. Elle dénonce «un fonctionnement dangereux pour l’avenir du mouvement». Un texte virulent de six pages, signé par une quarantaine d’élus insoumis que Libération s’est également procuré. On a sélectionné un passage révélant l’ambiance : «Les positions politiques publiques proviennent essentiellement du groupe parlementaire, qui a bien entendu toute légitimité pour prendre des positions, mais qui n’a pas reçu de mandat de la part du mouvement pour le faire en son nom. Ne pas reproduire les travers des partis traditionnels est évidemment une problématique cruciale ; mais si nous n’y prenons garde, notre mouvement finira par tomber dans les excès de ceux qu’on a appelés des « partis d’élus ».»

La pêche

Une sortie qui risque de ne pas filer la pêche à Jean-Luc Mélenchon qui rappelle dès que possible que son mouvement n’est pas un parti et que La France insoumise est un outil politique révolutionnaire. Les signataires, dont Charlotte Girard, co-rédactrice du programme du programme et Manon Le Bretton, qui dirige l’école de formation de LFI, soulignent «l’affaiblissement du réseau militant et le départ de plusieurs responsables dus en grande partie au mode de fonctionnement du mouvement depuis sa création». Les fâchés poussent pour que de «véritables débats contradictoires puissent avoir lieu». Un député glisse : «Les insoumis se battent pour plus de démocratie dans le pays, on doit faire le maximum et vite pour satisfaire tout le monde en interne, sinon ça serait incompréhensible.»

Résultat : entre les deux lignes qui s’affrontent et la demande de démocratie interne, les mots de Jean-Luc Mélenchon sont attendus comme la pluie en période de sécheresse. Et cette fois, dire que «rien ne me sera épargné» ne suffira pas. Il le sait. La France insoumise est à un tournant. Les «têtes dures» – comme il les appelle – attendent des réponses qui seront au cœur des débats très prochainement : les militants et les âmes qui doutent ont souligné en rouge le week-end du 22 juin. Les insoumis se retrouvent pour une assemblée représentative, à Paris, afin de faire le «bilan» d’étape du mouvement et rédiger le texte «stratégique et programmatique» pour les municipales de l’an prochain. La semaine suivante, toujours à Paris, c’est Clémentine Autain qui organise une après-midi à Paris, avec plusieurs figures politiques non-insoumises un «big-bang» de la gauche. Une saga estivale.