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Il y a 30 ans, place Tiananmen

Chine

Lien publiée le 13 juin 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://www.anti-k.org/2019/06/12/il-y-a-30-ans-place-tiananmen-15-minutes-dapocalypse-en-photos/

Daniel Tanuro

5 juin 2019

Le mouvement pour la démocratie en Chine a été écrasé dans le sang sous prétexte que les étudiants qui occupaient Tiananmen voulaient rétablir le capitalisme.

Trente ans après, le capitalisme chinois est florissant et le Parti « communiste » veille jalousement à étouffer tout pluralisme, toute ébauche de contestation.

Le calcul de Deng Xiaoping (qui dirigeait le PCC à l’époque) ne faisait aucun doute: instruit par l’expérience de Gorbatchev en URSS, Deng voulait la pérestroïka (la transformation pro capitaliste) sans la glasnost (la transparence démocratique), car celle-ci risquait de mettre en danger la bureaucratie et ses privilèges.

L’écrasement du mouvement démocratique a été un événement majeur. Il a en effet permis la réussite du projet de la bureaucratie chinoise: utiliser son monopole dictatorial du pouvoir d’Etat pour piloter le rétablissement du capitalisme et se transformer elle-même en classe capitaliste.

En URSS, ce même processus de transformation s’est déroulé de façon chaotique et douloureuse, au prix d’une profonde récession économique, de déchirements successifs au sein de la bureaucratie et de l’éclatement de l’Union. En Chine par contre, grâce à l’écrasement de Tiananmen et à la poigne de fer de l’appareil, le retour au capitalisme s’est fait de façon méthodique, organisée et disciplinée. Un triomphe de l’économie planifiée, pourrait-on dire avec cynisme… Un triomphe que les travailleur.euse.s chinois.e.s paient au prix fort, et tous les travailleur.euse.s du monde aussi, par conséquent.

Certain.e.s déploreront évidemment mon « sectarisme », mais on doit à la vérité de rappeler que le PTB était, il y a trente ans, le porte-voix zélé de la bureaucratie chinoise et de ses mensonges.

Tout le monde peut se tromper, dira-t-on. Oui mais… à condition de l’avouer. Or, cet aveu, non seulement on l’attend toujours, mais en plus le PTB refuse d’admettre que la Chine, sous la houlette des « communistes millionnaires », est devenue une grande puissance capitaliste et impérialiste…


Il y a 30 ans, place Tiananmen, 15 minutes d’apocalypse en photos

Sur l’avenue Chang’an, 11 morts (Le Nouvel Observateur)

Neuf clichés exceptionnels d’un étudiant chinois qui a photographié la violence de la répression de juin 1989 et nous a confié ses photos.

http://www.nouvelobs.com/ Par Ursula Gauthier

Publié le 04 juin 2014

Il y a 30 ans, au petit matin, des étudiants sont morts sous les chars à deux pas de la place Tiananmen, sur l’avenue de la Paix céleste. Ils étaient les derniers à avoir évacué la place, reculant devant l’avancée des troupes. Ils faisaient partie d’un groupe de quelques dizaines de jeunes gens, épuisés mais pas abattus, poussant leurs vélos et emportant leurs banderoles fatiguées.

Ils ont quitté la place Tiananmen par une petite rue latérale et venaient de rejoindre l’avenue de la Paix céleste (Chang’an en chinois), quand trois chars ont surgi des nuages de fumée et foncé vers eux. Tout ceux qui n’ont pas eu le temps ou la force de sauter les barrières métalliques bordant la chaussée ont été écrasés sous les chenilles. Puis les chars ont continué leur route, laissant au bord du trottoir une scène d’apocalypse.

L’un de ces étudiants était occupé à photographier la séquence historique de la retraite de son groupe. Il a eu la chance d’échapper au carnage. Malgré l’horreur, il a continué à prendre des photos. Plus tard, il a développé clandestinement sa pellicule et annoté les tirages à la main.

Je l’ai rencontré quelques semaines plus tard. Il avait appris par des relations communes que je rentrais en France et m’a demandé si j’étais d’accord pour emporter ses tirages. Il n’avait trouvé aucun autre moyen de rendre ces images publiques car, depuis le 4 juin, un contrôle très sévère s’était abattu à tous les postes-frontières.

En août 1989, j’ai rapporté en France ce mince paquet de photos. Elles ont été diffusées sur les médias. Certaines ont été reproduites dans le numéro spécial des Documents du « Nouvel Observateur » de septembre 1989.

Voici la série des neuf photos qui racontent, presque minute par minute, cet épisode tragique.

Attention, certaines images peuvent être choquantes.

6h10

A pied ou à vélo, des étudiants sont en train d’évacuer calmement la place Tian’anmen vers l’Ouest.

6h12

Le dernier groupe débouche sur l’avenue Chang’an, au carrefour Liubukou, à 50 mètres de Zhongnanhai, le siège du gouvernement et de Parti.

6h12

Au même moment, trois chars venant de la place foncent dans leur direction.

6h15

Sous un nuage de gaz lacrymogènes, les étudiants tentent d’escalader les barrières métalliques pour éviter les chars.

6h17

Le carrefour Liubukou sur l’avenue Chang’an après le passage des chars.

6h20

Pendant que des blindés continuent de circuler sur l’avenue Chang’an, des passants tentent d’aider un blessé qui s’accroche à la barrière. Sur la chaussée, onze morts.

6h25

Deux hommes tentent de poser des garrots sur ce qui reste des jambes d’un des étudiants piégés au carrefour de Liubukou.

On a appris plus tard qu’il s’agissait de Fang Zheng, étudiant à l’Université des Sports, qui avait aidé une jeune fille à sauter la barrière mais n’avait pas eu le temps de se mettre lui-même à l’abri.

Quelques années plus tard, malgré un harcèlement incessant, Fang Zheng a décroché le titre de champion de Chine d’athlétisme pour handicapés. Mais il n’a pas été autorisé à participer à des compétitions internationales. Il est aujourd’hui exilé en Californie.

Ursula Gauthier