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Algérie - Salim Labatcha à la tête de l’UGTA : La contestation risque de s’exacerber
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Le congrès extraordinaire de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) s’est achevé hier sur une note peu optimiste. L’élection de Salim Labatcha au poste du secrétaire général de la centrale syndicale, à la place de Abdelmadjid Sidi Saïd qui a annoncé bien avant son retrait, a surpris plus d’un.
Même les observateurs les plus avertis ne s’attendaient pas à un tel résultat, en ce sens que Salim Labatcha ne figurait pas parmi les cadres les plus en vue au sein de la centrale syndicale. Il était d’ailleurs peu connu du grand public. Secrétaire général de la Fédération des travailleurs de l’agroalimentaire, Salim Labatcha était connu pour être l’organisateur des marchés de vente en détail des produits alimentaires durant le mois de Ramadhan.
De par son poste, il finit au fil des ans par développer des relations très étroites avec des groupes spécialisés dans l’agro-industrie. Mais Salim Labatcha ne s’est pas fait connaître par ses activités syndicales mais plutôt par son activité politique.
Ex-député du Parti des travailleurs (PT), Salim Labatcha s’est fait connaître par le «putsch raté» contre Louisa Hanoune en janvier 2016. Soutenu par Abdelmadjid Sidi Saïd et le patron du FLN de l’époque, Amar Saadani, Salim Labatcha avait lancé un mouvement de redressement regroupant quelques dissidents, sans avoir pu aboutir le résultat escompté. Exclu définitivement de cette formation politique après un congrès extraordinaire, M. Labatcha a pu conserver sa place au sein de l’UGTA grâce à sa proximité avec l’ex-secrétaire général, Abdelmadjid Sidi Saïd.
Son élection à la tête de la centrale syndicale risque, selon de nombreux observateurs, d’exacerber les tensions au sein de cette organisation syndicale. Les contestataires de Abdelmadjid Sidi Saïd ont déjà affirmé leur rejet de ce congrès et de ses résultats et ne comptent pas se taire. Ils promettent de reprendre bientôt la protestation jusqu’à la réappropriation de la centrale syndicale par les travailleurs. A cette forte contestation s’ajoute le manque de cohésion à l’intérieur de l’organisation.
Déjà, le congrès a été boycotté par cinq unions de wilaya. Même l’union de wilaya d’Alger s’est retirée de ce congrès extraordinaire deux jours avant sa tenue. Aussi, selon des sources internes à la centrale syndicale, plusieurs unions locales, de syndicats d’entreprise et même de fédérations envisagent de se démarquer des résultats de ce congrès. Ainsi donc, le départ de Abdelmadjid Sidi Saïd n’apaise pas les tensions au sein de la plus grande organisation syndicale, qui est loin de sortir de la zone de turbulences. Déjà affaiblie par l’avènement des syndicats autonomes dans le secteur public, l’UGTA risque de perdre totalement le «contrôle» du front social et de ne plus pouvoir jouer les premiers rôles dans les défis futurs qui attendent le monde du travail. Ayant déjà perdu beaucoup de ses syndicalistes, l’UGTA risque de connaître une nouvelle saignée si la situation ne change pas.
Cela dans un contexte où la centrale syndicale, qui a soutenu le président Bouteflika durant tout son règne, souffre d’un manque de crédibilité. Il faut rappeler que depuis l’arrivée de l’ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir en 1999, l’UGTA, dirigée par Abdelmadjid Sidi Saïd, ne cessait de le soutenir. En effet, en 2004, l’UGTA avait été parmi les premières organisations à déclarer son soutien au deuxième mandat de Bouteflika contre son rival de l’époque, Ali Benflis.
Cette organisation syndicale, qui a signé un pacte économique et social, avait aussi appuyé la trituration de la Constitution en 2008, qui avait permis au chef de l’Etat de briguer un 3e puis un 4e mandat et le 5emandat avant que ce dernier ne soit «empêché» par le peuple sorti massivement dans la rue. Il sera difficile donc de redorer son blason dans un contexte révolutionnaire où les Algériens réclament chaque vendredi, et ce depuis le 22 février dernier, un changement radical du système de gouvernance.