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Grèce. Les quatre enseignements des élections législatives
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Comme prévu, Syriza est largement battu, et la droite revient au pouvoir. La gauche anticapitaliste (Antarsya) réalise un très faible score (0,4%), de même que Unité populaire (0,3%), la scission de gauche de Syriza en 2015. L'ancienne présidente du parlement (Konstantopoúlou) ne réalise que 1,5%. Autrement dit, la gauche antilibérale et anticapitaliste ne profite absolument pas de la débandade de Syriza. Varoufakis (l'équivalent de Hamon en Grèce, ex ministre de l'économie de Tsipras) s'en tire un peu mieux avec un peu plus de 3%. C'est le parti communiste stalinien (KKE) qui arrive en tête à la gauche de Tsipras, avec un peu plus de 5%
L'abstention progresse fortement, avec un record de 42%, alors que le vote est théoriquement obligatoire. Une très grande partie des catégories populaires sont dégoûtés, écoeurés, et se détournent du vote. La victoire de la droite est une victoire par défaut, en l'absence d'un projet de rupture avec l'ordre capitaliste qui paraît crédible aux yeux des masses.
Suite au changement de majorité né du résultat des élections législatives, quelles sont les leçons à retenir et les enjeux à venir en Grèce ?
Après la large victoire de la droite aux élections législatives grecques, émergeant de quatre années d’opposition, voici quatre enseignements à retenir de ce scrutin :
Le retour de la bipolarisation
La victoire du parti conservateur Nouvelle Démocratie, huit points devant la formation de gauche Syriza, selon des résultats officiels partiels à 21 h GMT, montre le retour de deux partis prédominants sur la scène politique grecque.
Au total, les deux principaux adversaires rassemblent plus de 70 % des voix, un pourcentage qui rappelle la période d’avant la crise de 2010.
À l’époque, le duel était entre ND et les socialistes du Pasok, deux partis qui ont dominé la scène politique grecque pendant des décennies.
En 2009, ces deux partis ont rassemblé 77,3 % des suffrages contre presque 80 % en 2007. Mais au pic de la crise grecque aux élections de 2012, ce pourcentage a baissé à 36 %.
« La Grèce retourne à la normalité », a jugé Georges Flessas, analyste politique à la télévision publique Ert, après l’annonce de premiers résultats.
Un vote sanction
La victoire de la droite de Kyriakos Mitsotakis est perçue comme un vote de sanction contre la gauche d’Alexis Tsipras qui a poursuivi l’austérité pendant les quatre ans de sa gouvernance.
Il a été surtout critiqué par les électeurs de la classe moyenne, salariés et entreprises, pour la hausse des taxes et la poursuite de l’austérité, réclamée par les créanciers de la Grèce, UE et FMI.
Malgré la reprise, la sortie du pays des programmes d’aide internationale et les aides octroyées aux plus démunis, la gauche n’a pas pu convaincre les Grecs.
« Les électeurs n’ont plus de critère idéologique, ils votent de droite à gauche et vice-versa, et ne s’intéressent qu’à l’amélioration de leur situation financière », relève Ioannis Kouzis, professeur de politique sociale à l’Université Pantion d’Athènes.
Une affaire de famille
Cadet d’une des familles politiques dominantes en Grèce, Kyriakos Mitsotakis, 51 ans, a remporté les élections de dimanche.
Son père, Konstantinos Mitsotakis a été Premier ministre conservateur de 1990 et 1993, sa sœur Dora Bakoyannis née Mitsotakis a été ministre des Affaires étrangères et maire d’Athènes dans les années 2000. Et le nouveau maire de la capitale grecque, élu début juin, Costas Bakoyannis, n’est autre que son neveu.
Dès sa victoire, il a remercié sa famille et évoqué « la protection de ses parents ».
« Certes, je descends d’une famille politique et je suis très fier de mon héritage, mais « jugez-moi sur mon CV, et non par mon nom ».
L’abstention estivale
Pour ces premières élections générales en été, depuis 1928, les candidats craignaient une forte abstention en raison des premiers départs en vacances et des températures étouffantes.
Kyriakos Mitsotakis et Alexis Tsipras n’avaient cessé de battre le rappel, appelant les Grecs à aller voter malgré la torpeur estivale. « Vous avez le temps d’aller à la plage et ensuite d’aller voter », avait scandé le leader conservateur en campagne.
Mais à 42 %, l’abstention de ce 7 juillet s’explique en fait par une lassitude des Grecs, appelés aux urnes pour la troisième fois en un mois et demi. Elle n’est que d’un point supérieure à l’abstention des Européennes et du premier tour des municipales du 26 mai.
Il y a dix ans l’abstention n’était que de 29 % mais elle n’a cessé de croître sous l’effet de la crise et le discrédit de la classe politique. La Grèce a connu en dix ans cinq élections et autant de gouvernements.
Le vote est obligatoire en Grèce de 17 à 70 ans, mais les pénalités ne sont jamais appliquées.