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    Bernard Fischer: Classe ouvrière, prolétariat et gilets jaunes

    Gilets-jaunes

    Lien publiée le 9 juillet 2019

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    http://fischer02003.over-blog.com/2019/07/classe-ouvriere-proletariat-et-gilets-jaunes.html

    Par Bernard Fischer

    Mardi 9 Juillet 2019

    Vincent Presumey écrivait récemment un long message de réponse à Pierre Salvaing relatif aux questions de la classe ouvrière, du prolétariat et des Gilets Jaunes. Je le diffusais très normalement. En effet, il y a de moins en moins d’espaces et de lieux de discussion politique relatifs à ces questions. C’est une des nombreuses conséquences du champ de ruines de la gauche et de l’extrême gauche française, comme dit Olivier Besancenot.

    Les paragraphes les plus importants du message de Vincent Presumey sont relatifs à l’état de la classe ouvrière et du prolétariat. Cette discussion est une discussion récurrente depuis plusieurs dizaines d’années. Il y a effectivement dans cette discussion une certaine nostalgie des événements de mai 1968, comme l’écrit Vincent Presumey lui-même, et d’une situation particulière de la situation politique française. Cette situation particulière commençait pendant la deuxième guerre mondiale par le Conseil National de la Résistance (CNR) et les événements du mois de mai 1968 fermaient précisément la parenthèse de cette situation politique particulière. Les trois caractéristiques les plus importantes de cette situation politique étaient les suivantes.

    C’était une situation politique de cogestion de l’état bourgeois français par le parti gaulliste et par le Parti Communiste Français (PCF). C’était une situation politique dans laquelle le PCF était le parti majoritaire de la classe ouvrière française. C’était enfin une situation politique dans laquelle la Confédération Générale du Travail (CGT) était la courroie de transmission du PCF.

    Dans son message, Pierre Salvaing parlait seulement de la grève des mineurs de 1963 et de la manifestation des sidérurgistes de 1979. J’ajouterais seulement deux ou trois événements symboliques. C’était l’époque pendant laquelle l’usine Renault de Boulogne Billancourt était à elle toute seule le symbole de la classe ouvrière française. En 1970, trois ans avant la fondation du quotidien Libération, Jean Paul Sartre prenait la parole devant l’usine Renault de Billancourt. En 1972, c’était l’assassinat du jeune militant maoïste Pierre Overney par un vigile devant l’usine Renault de Billancourt. Nous nous souvenons aussi des célèbres déclarations de Georges Marchais contre l’anarchiste allemand Daniel Cohn Bendit pendant les événements du mois de mai 1968. C’était en fait le début de la fin de la domination de la classe ouvrière française par le PCF. En 1971, François Mitterrand fondait le nouveau Parti Socialiste au congrès d’Epinay sur Seine. Une petite organisation trotskyste d’extrême gauche, l’Organisation Communiste Internationaliste (OCI), occupait une place fondamentale dans cette affaire. Il y avait une véritable alliance entre le Parti Socialiste et l’OCI. Mais c’est une autre histoire.

    Je ne répondrais pas à la célèbre question de Vincent Presumey, le niveau de conscience de la jeune femme gilet jaune de 2019 est-il inférieur ou supérieur par rapport au niveau de conscience de l’ouvrier d’usine d’il y a cinquante ans ? De mon point de vue, ce débat est un faux débat depuis toujours. L’existence détermine la conscience, mais la relation entre l’existence et la conscience n’est pas une relation automatique et mécanique. Cette discussion est d’abord et avant tout une discussion philosophique, sociologique et psychologique, et elle est très secondairement une discussion politique.

    J’en arrive au mouvement des Gilets Jaunes. Les plus importants paragraphes du message de Vincent Presumey ne sont pas les paragraphes relatifs au mouvement des Gilets Jaunes. Vincent Presumey écrit beaucoup, il écrivait déjà et il écrira certainement d’autres messages relatifs au mouvement des Gilets Jaunes. Cela dit, si je résume en une phrase les paragraphes de son message relatifs à cette question, le mouvement des Gilets Jaunes ouvrait une crise pré révolutionnaire au mois de novembre et au mois de décembre 2018. C’est un peu court. Surtout, cette analyse n’est pas contradictoire par rapport à l’analyse de la majorité des militants et des organisations de gauche et d’extrême gauche.

    La majorité des militants et des organisations traditionnelles considéraient le mouvement des Gilets Jaunes comme un mouvement idéal homogène totalement négatif ou bien totalement positif. La moitié des militants dénonçaient le mouvement comme un mouvement petit bourgeois sinon réactionnaire et l’autre moitié des militants considéraient, à l’inverse, ce mouvement comme un mouvement totalement révolutionnaire à cent pour cent. Il n’était ni l’un ni l’autre, il était un mouvement profondément contradictoire et hétérogène, comme tous les mouvements sociaux réels de masse. Il y avait une réelle tentative de construction d’un Mouvement Cinq Etoiles (MCE) en France et l’intervention d’un certain nombre de militants d’extrême gauche à titre individuel dans le mouvement provoquait l’échec de cette tentative.

    Le mouvement des Gilets Jaunes posait quatre questions fondamentales et il ne trouvait finalement pas de réponse à ces questions. La première et la plus importante d’entre elles était la question de la répression policière et judiciaire. Des militants sous estimaient totalement l’importance de cette question et d’autres militants présentaient Paris comme la capitale de l’émeute. Paris n’était pas la capitale de l’émeute. C’était la capitale de la répression.

    La deuxième question était la question de la convergence des luttes. Des militants écrivaient des dizaines de messages contre la convergence des luttes. Ces militants font des discours depuis des années contre le front unique ouvrier, ils confondent unité à la base et unité au sommet et ils ne changeaient pas de position depuis le surgissement du mouvement des Gilets Jaunes. D’autres militants intervenaient à titre individuel dans le mouvement mais les appareils des organisations traditionnelles politiques et syndicales ne soutenaient jamais le mouvement.

    La troisième question était la question de la structuration du mouvement. Des militants présentaient encore une fois le mouvement comme un mouvement sans organisation. Ils avaient totalement tort. Le mouvement des Gilets Jaunes bénéficiait dès le début d’une bonne organisation et c’était la cause de son succès et de sa prolongation dans le temps. En ce sens, beaucoup de militants font comme Vincent Présumey. De leur point de vue, le véritable mouvement des Gilets Jaunes durait seulement deux mois au mois de novembre et au mois de décembre 2018. Nous attendons et nous lirons attentivement leur position relative à la prolongation du mouvement pendant six mois entre le mois de janvier et le mois de juin 2019, en particulier leur position relative aux trois assemblées des assemblées de Commercy, de Saint Nazaire et de Montceau les Mines.

    Enfin, la dernière question est la question des relations entre le mouvement des Gilets Jaunes et les médias. Encore une fois, la majorité des militants partaient du principe selon lequel il y avait un boycott total de la totalité des médias contre le mouvement des Gilets Jaunes. Ils ne comprenaient pas une situation dans laquelle des dizaines de journalistes, de photographes et de reporters soutenaient le mouvement des Gilets Jaunes et subissaient eux aussi pour cette raison la répression policière et judiciaire.