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Quand les képis font la loi
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
http://cqfd-journal.org/Quand-les-kepis-font-la-loi
Et si la police n’était plus seulement le bras armé de l’État, mais une force d’occupation autonome, capable de dicter sa loi aux politiques ? Éléments d’analyse avec Mohamed, membre du collectif Quartiers 21 et militant aguerri contre les violences policières.
« Dans l’affaire Adama Traoré, il n’y a pas que le procureur et la maire de Beaumont-sur-Oise qui ont pris fait et cause pour les gendarmes tueurs, le ministère de l’Intérieur a pesé lui aussi de tout son poids. Quand Bruno Le Roux a été nommé ministre, c’est à la gendarmerie de Persan, où Adama est mort, qu’il a effectué son premier déplacement officiel. C’est le gouvernement qui en a fait une affaire d’État. Pour comprendre pourquoi, il faut garder à l’esprit que les forces de l’ordre constituent un pouvoir de plus en plus hostile au gouvernement, qui espère contenir cette rébellion en leur accordant mille faveurs, depuis le droit de porter leur arme même quand ils ne sont pas en service jusqu’à l’extension de l’usage de la légitime défense, en passant par la gratuité des transports RATP ou l’équipement de la BAC en fusils d’assaut.
Le 18 mai 2016, lors du rassemblement de flics organisé place de la République à Paris par le syndicat Alliance, Marion Le Pen et Gilbert Collard sont venus s’afficher aux côtés des manifestants. C’est la première fois qu’on a vu des leaders d’extrême droite aussi chaleureusement accueillis par des policiers aussi nombreux. Dans le même temps, des études indiquaient qu’entre 50 et 70 % des policiers et gendarmes votaient Front national. Là-dessus, t’as des centaines de policiers qui manifestent cagoulés et armés dans les rues de Paris. Quand tu additionnes tout ça, tu ne t’étonnes plus que les dirigeants politiques baissent de plus en plus la tête devant les syndicats de police.
Ce à quoi on assiste, c’est une autonomisation des forces de l’ordre. La police n’est plus seulement le bras armé de l’État, c’est une force qui impose par elle-même son propre agenda politique. Cette évolution s’est d’abord manifestée sur le terrain médiatique : chaque fois que les violences policières font un mort, dans l’heure qui suit les syndicats de flics envahissent les plateaux télé pour marteler leur version, qui devient aussitôt la version officielle, celle que les médias vont relayer en boucle. La famille ou le comité de soutien de la victime auront beau démasquer les mensonges de la version officielle, leur parole aura du mal à faire le poids.
La puissance des syndicats de flics en France reste un angle mort, on n’en parle jamais, alors que la police constitue un État dans l’État, un ministère dans l’Intérieur. Lors du mouvement social contre la loi Travail, tout se passait comme si le gouvernement laissait sa police réprimer en roue libre. Des policiers se sont même étonnés publiquement : on ne reçoit pas d’ordres, ils nous laissent faire ce qu’on veut.
Cette autonomisation saute aux yeux quand tu vas sur les comptes Facebook communautaires des flics, où ils se lâchent complètement, sur le mode : laissez-nous faire, on va nettoyer la France. Exemple, la page Facebook de Robert Paturel, un ancien du Raid qui s’est présenté comme l’un des meneurs des manifs cagoulées d’octobre dernier : il y partage des vidéos ouvertement d’extrême droite. C’est devenu banal. Quand t’as le directeur général de la police nationale qui se fait huer et mettre la pression par des flics en armes chauffés à blanc par leurs syndicats, comme en octobre 2016, tu te dis que dans n’importe quel pays cela provoquerait des enquêtes et des mises à pied. Pas en France. Il y a même une vidéo où l’on entend des flics crier “les francs-macs en prison”, à se demander s’ils ne visaient pas leurs propres supérieurs. Tout ça passe comme une lettre à la Poste.
À droite et à gauche, on continue de nous bassiner avec la “police républicaine”, pendant que l’un de ses représentants les plus en vue dans les médias se sent suffisamment à l’aise pour faire l’apologie du mot “bamboula” sur un plateau de télévision. »
Propos recueillis par Olivier Cyran & Karima Younsi





