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Pourquoi la productivité se dégrade en France

économie

Lien publiée le 29 juillet 2019

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https://www.anti-k.org/2019/07/28/pourquoi-la-productivite-se-degrade-en-france/

LR: Comme toujours dans les « rapports officiels », au delà du discours convenu, quelques idées parfois dérangeantes viennent émerger, il y aurait un lien entre la baisse des salaires et celle de la productivité, le transfert de l’emploi industriel vers les services depuis le début des années 80 passant de 30% à 15%, contribue également à cette baisse de la productivité.

Par Grégoire Normand  |  26/07/2019

Entre 1985 et 2000, le rythme moyen de la productivité tricolore était de 1,2% contre 0,4% sur la période 2012-2017. (Crédits : Reuters/Peter Nicholls)

Dans la version définitive de son rapport publié récemment, le conseil national de la productivité pointe le retard des entreprises françaises dans l’adoption et la diffusion des technologies, le manque d’innovation, le problème des compétences et certaines pratiques managériales.

Déficit de formation, sous-investissement dans l’éducation et l’enseignement supérieur, manque d’innovation, limites du management… l’économie française conserve un niveau relativement élevé de productivité, mais elle a clairement marqué le pas depuis le milieu des années 90. Tel est le constat dressé dans le dernier rapport livré par le conseil national de la productivité intitulé « Productivité et compétitivité : où en est la France dans la zone euro ? ». Après avoir livré une version non-définitive au début du printemps, cet organisme, présidé par l’économiste Philippe Martin pour deux années, a rendu une copie plus complète et passée presque inaperçue il y a quelques jours.

Pourtant, la question de la productivité dans le contexte du ralentissement économique dans les grandes puissances devient préoccupante.  Depuis trois décennies, la productivité française a connu trois périodes critiques en tout, au milieu des années 90, au début des années 2000 et au moment de la crise de 2008 soulignent les rapporteurs. Entre 1985 et 2000, le rythme moyen de la productivité tricolore était de 1,2% contre 0,4% sur la période 2012-2017. Si le ralentissement du progrès technique et le coup de frein du produit intérieur brut (PIB) au moment de la crise sont régulièrement avancés par les économistes, bien d’autres facteurs spécifiques à la France peuvent expliquer cette dégradation des gains de productivité.

Le point noir des compétences en France

Les économistes auteurs du document pointent en particulier les compétences de la main d’oeuvre française qui seraient plus faibles que la moyenne des pays membres de l’OCDE. Bien que le système éducatif français profite aux bons élèves, « il se dégrade par le bas, avec une proportion d’élèves en difficulté toujours au-dessus de la moyenne OCDE. Les élèves issus des milieux les plus défavorisés en France (quartile inférieur de l’indice du milieu socioéconomique) ont quatre fois plus de risque que les autres d’être parmi les élèves en difficulté (contre trois fois en moyenne OCDE ».

« Le système d’éducation français est caractérisé par un écart de compétences selon les origines sociales plus important que dans les autres pays. » Ainsi, les inégalités sociales auraient un impact à moyen terme sur la productivité des travailleurs. En outre, les salariés français souffriraient d’une déqualification au fil de la vie active en raison d’un manque de formation continue en particulier chez les salariés les plus précaires.

Le manque d’innovation plombe la productivité

Sans réelle surprise, la France accuse un retard en matière d’innovation rappelle le Conseil national de la productivité. Les experts notent que ces performances décevantes s’expliquent en grande partie par la faiblesse de l’investissement privé, lié notamment à la structure du modèle productif français moins porté sur l’industrie que chez ses voisins.

Résultat, l’économie française est loin de remplir les objectifs affichés par le traité de Lisbonne qui fixe comme but de consacrer 3% (privé et public) de son PIB chaque année aux dépenses de recherche et développement. Or selon de récents chiffres de l’Insee, la France consacre environ 2,2% de son PIB à de telles activités. « En France, 1,4% du PIB est consacré à des activités de recherches au sein des entreprises. C’est au-dessus de la moyenne européenne, mais encore loin de l’objectif de 2% », expliquait Camille Schweitzer, chargée d’études au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche lors d’un point presse à l’Insee.

Les entreprises en retard dans l’adoption des TIC

L’autre facteur avancé par les économistes est le retard des entreprises françaises dans l’adoption des technologies de l’information et de la communication. Ces lacunes sont particulièrement criantes à travers quelques indicateurs comme le pourcentage d’entreprises qui ont un site web ou celles qui utilisent un service de cloud par exemple. « La moindre diffusion du numérique dans l’économie pourrait s’expliquer par le déficit de compétences de la population active et la faiblesse du management pour investir dans les nouvelles technologies » précisent les auteurs du rapport.

La qualité du management pointée du doigt

Outre le retard technologique, le conseil national de la productivité composé d’un collège d’une dizaine d’économistes explique en s’appuyant sur le rapport du World Management Survey que « si les entreprises françaises obtiennent un score relativement élevé en matière d’amélioration des procédés existants et des techniques de production, elles seraient en revanche relativement moins performantes sur les aspects humains du management ». La France accuse notamment un retard par rapport à la moyenne de l’Union européenne sur la qualité du retour et des commentaires du manager sur le travail du salarié par exemple.

Le chômage persistant des moins qualifiés

L’écart de productivité entre la France et les autres grandes économies de l’OCDE peut s’expliquer également par le taux de chômage. La France se distingue par un taux de chômage plus élevé et un taux d’emploi plus faible par rapport à l’Allemagne, aux États-Unis ou encore le Royaume-Uni. « Les personnes au chômage ou inactives étant susceptibles d’être en moyenne moins productive que les personnes en emploi, leur exclusion de fait pourrait expliquer une part des écarts de productivité entre les pays » soulignent les économistes.

La France, loin d’être isolée

L’économie française est loin d’être la seule a avoir connu un net ralentissement des gains de productivité ces dernières années. Dans les principaux pays de l’OCDE, la productivité horaire a nettement marqué le pas à partir du milieu des années 90. Cette tendance s’explique en grande partie par « un renforcement du poids dans l’économie des secteurs à faibles gains de productivité […] La « tertiarisation » de l’économie pèse sur l’évolution des gains de productivité, car ils sont moins dynamiques dans les services que dans l’industrie ».

Rien qu’en France, la proportion de l’industrie dans l’emploi du secteur marchand a chuté de 15 points depuis le début des années 80 passant de 30% à 15%. Outre ce changement structurel, les économistes notent que « la politique de réduction des cotisations sociales employeurs sur les bas salaires en France, qui a contribué à l’intensification de la croissance en emploi, a pu mécaniquement freiner les gains de productivité du travail. »