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Steve : la version des secouristes accable la police
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Mobilisés quai Wilson, à Nantes, la nuit de la Fête de la musique, des agents de la Protection civile livrent leurs vérités sur l’intervention de la police, qu’ils jugent « totalement disproportionnée ».
Témoins clés de la nuit de la Fête de la musique, ils ont transmis leurs témoignages à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), ainsi qu’il leur a été demandé. Mais ces secouristes de la Protection civile ont le sentiment que leurs observations critiques ont été passées sous silence. Et ce, soulignent-ils, alors que leur « discernement » était « total. O n n’a évidemment rien bu et pas pris de stupéfiants. » D’où le sentiment de colère qui jaillit et « le besoin de parler ». « Cette nuit-là, il s’est produit une injustice, il y a un truc qui s’est passé qui n’est pas normal », décoche, posément, ce secouriste dont l’équipe de quatre personnes a été « déclenchée à 4 h 13 pour intervenir auprès d’une personne ayant fait un malaise à moins de 100 mètres du bunker » du quai Wilson, ce site où un mixeur a remis le son qui a déclenché l’opération de police.
« On était dans la norme festive »
Pas question de laisser dire qu’il n’y a pas eu de mouvement de foule, ainsi que l’énonce pourtant la police des polices dans son enquête administrative, avant de conclure à l’absence de lien entre l’opération de police diligentée quai Wilson, la nuit du 21 juin, et la disparition de Steve Maia Caniço, jeune homme retrouvé dans la Loire après plus de 5 semaines de recherches le 30 juillet. « Je ne sais pas quelle est la définition du mouvement de foule de l’IGPN mais j’aimerais comprendre, fustige le secouriste. Si c’est un grand nombre de personnes qui fuient rapidement un nuage de gaz lacrymogène, alors oui, il y en a eu un. »
Lui assure qu’à 4 h 13, à son arrivée au chevet de la victime, la situation était « très calme. Il y avait des gens alcoolisés et sans doute certains avaient-ils pris des substances mais rien d’effarant par rapport à ce que l’on a l’habitude de voir dans les festivals. Disons que l’on était dans la norme festive. Le son n’était pas à un niveau incroyable car entre secouristes, on se parlait sans crier. On n’a pas vu de policiers à ce moment. Et puis il y a eu les premières odeurs de lacrymo qui ont picoté le nez. On a fait le bilan de la victime à 4 h 25. Soudain, une deuxième salve a été tirée. Le nuage était très très impressionnant. Et on a perdu en visibilité. Comme lorsque cela pète sur les grosses manifs dans le centre-ville de Nantes. »
« Opération inappropriée, intervention disproportionnée »
Un collègue évoque « un mouvement de panique impressionnant » et assure : « On entendait des explosions. Des gens criaient et couraient désorientés. Des voix ont dit qu’il y avait des gens à l’eau. Certains d’entre nous se sont approchés du quai et ont aperçu des gens dériver. » L’un des secouristes raconte : « J’ai vu passer deux formes flotter. On a appelé les secours immédiatement. J’ai tenté de les suivre mais le courant était tel qu’ils sont sortis du faisceau de ma torche. Je ne sais pas ce qu’ils sont devenus. »
« Voir des corps livrés à eux-mêmes, exposés à un danger de mort et ne pouvoir qu’appeler les secours adaptés, c’est terrible, confie un collègue. Ça ne me quitte pas. » « Je suis le dernier à cracher sur les policiers, ils font un job qui n’est pas facile, reprend un équipier. Mais selon moi, l’opération n’était pas appropriée. L’intervention me paraît totalement disproportionnée. Un tel déploiement de grenades juste pour de la musique, dans un secteur sans habitation, me paraît incroyable. D’autant que les autres années, les sound system continuaient après 5 heures du matin. »
« J’ai cru que la voiture explosait »
Ces secouristes disent n’avoir vu les policiers qu’en évacuant leur blessé dans leur ambulance, garée en face de la rue de Guyane. « Ce qui ressemble à une grenade de désencerclement a explosé sous la voiture, rapportent-ils. Je m’en souviendrai toute ma vie, j’ai cru que la voiture explosait. »
Contactée, la direction centrale de la police nationale se borne à cette réponse, via son service de communication : « Tous les rapports transmis par la Protection civile figurent dans l’enquête administrative et le Premier ministre en a pris acte. Si ces personnes veulent apporter un complément, elles pourront le faire dans le cadre de l’enquête judiciaire. »