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Où va l’Algérie ?

Algérie

Lien publiée le 7 août 2019

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http://fischer02003.over-blog.com/2019/08/ou-va-l-algerie.html

OU VA L’ALGERIE

Par Bernard Fischer

Mercredi 7 Août 2019

J’écrivais un premier message relatif à l’histoire récente de l’Algérie.

La deuxième révolution algérienne est incompréhensible si nous ne connaissons pas les principaux événements de l’histoire récente de l’Algérie, en particulier l’histoire du quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika. La deuxième révolution algérienne avait de nombreux signes avant-coureurs. La totalité des acteurs de la deuxième révolution algérienne étaient des acteurs de l’histoire récente de l’Algérie. Il y a une profonde instabilité institutionnelle depuis le mois de février 2019, mais cette instabilité institutionnelle commençait longtemps avant le mois de février 2019. Nous sommes dans une période de transition, mais cette période de transition commençait longtemps avant le mois de février 2019. Gérontocratie, oligarchie et effondrement des institutions civiles de l’état, l’Algérie souffre du syndrome de l’union soviétique. Le régime était apparemment fort, mais il était fort de la faiblesse des gestionnaires de l’état et de leur opposition officielle. La deuxième révolution algérienne voyait l’apparition au grand jour, comme dans d’autres pays, des vieux leaders des vieilles organisations. Elle voyait leur animation et leur agitation dans de nouvelles circonstances. Elle voyait l’apparition et parfois l’arrestation et la mise en examen dans des affaires de corruption d’un grand nombre d’anciens ministres et d’anciens députés. Elle ne voyait pas encore l’apparition d’une nouvelle génération de leaders politiques.

L’acteur principal de la deuxième révolution algérienne, c’est le peuple algérien dans toutes ses composantes, c’est le hirak, ce sont les manifestations hebdomadaires du vendredi. Au mois de février 2019, les premières manifestations de masse suivaient immédiatement la déclaration de candidature d’Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat. Le mouvement populaire provoquait l’échec de cette candidature, la démission d’Abdelaziz Bouteflika et l’actuel vide institutionnel.

L’autre acteur principal de la révolution, plus exactement l’acteur de la contre révolution, c’est l’armée algérienne. Entre ces deux forces politiques et sociales, il n’y a rien et il y a une situation d’équilibre instable entre ces deux forces, le mouvement populaire n’est pas assez fort pour l’élection d’une assemblée constituante souveraine et l’armée algérienne n’est pas assez forte pour l’organisation d’un coup d’état militaire. Ces deux perspectives fondamentales marqueraient la fin de l’actuelle période de transition, mais il faut surtout et il y aura forcément des négociations entre le peuple et l’armée. Elles passent par une nouvelle organisation populaire, par exemple par la convocation d’assemblées populaires locales et régionales, par l’élection de délégations de ces assemblées locales à une assemblée nationale et par la transformation de cette assemblée nationale en une assemblée constituante souveraine.

Les premières tentatives de dialogue national sont très faibles. Les défenseurs du dialogue national sont ultra minoritaires dans les manifestations du vendredi et dans l’Armée Nationale Populaire (ANP). Les défenseurs du dialogue national prennent des risques importants en cas de victoire de la révolution ou bien en cas de coup d’état militaire.

Il faut et il y aura des propositions de médiation internationale, comme pendant la décennie noire ou bien comme dans toute situation d’absence de solution politique nationale. De ce point de vue, les déclarations du chef d’état-major de l’armée contre les agents de l’étranger n’ont pas de sens. Il y a une importante diaspora algérienne. Il y a en particulier des millions de franco algériens. Nous ne sommes pas dans une situation dans laquelle la diaspora algérienne intervient trop dans la crise nationale. Nous sommes dans une situation dans laquelle la diaspora algérienne n’intervient pas assez dans la crise nationale. Il n’y a pas et il n’y aura jamais de révolution dans une seule Algérie. L’Algérie n’a bien évidemment pas besoin d’une intervention militaire extérieure, mais elle besoin d’une intervention politique extérieure. L’Algérie n’a pas besoin d’une intervention politique extérieure de soutien à l’armée algérienne, mais elle a besoin d’une intervention politique extérieure de soutien au peuple algérien.

Il y a enfin la question des prisonniers politiques. Il n’y aura pas de véritable dialogue national sans libération des prisonniers politiques, mais il n’y aura pas de véritable campagne pour la libération des prisonniers politiques sans intervention dans les affaires internes des partis algériens. Il faudrait des dizaines de pages pour une simple présentation de ces problèmes. Je parlerais seulement des problèmes internes du Parti des Travailleurs d’Algérie (PTA) et de sa présidente fondatrice Louisa Hanoune.

Il y aurait un complot contre l’état dont les trois principaux acteurs seraient Mohamed Mediene, Saïd Bouteflika et Louisa Hanoune. Ce complot justifierait la détention provisoire de ces trois maléfiques personnages. Ce serait un remake de la situation politique algérienne entre 1991 et 1995. Ce complot extrêmement original passerait par la démission du président en exercice et par l’élection d’un nouveau président dont le nom serait Liamine Zeroual. Cette histoire ne tient pas debout. Si ce scénario était le scénario d’un vrai film et si ce n’était pas le scénario d’un film de science-fiction, quelles sont les raisons pour lesquelles Mohamed Mediene, Saïd Bouteflika et Louise Hanoune seraient en prison et quelles sont les raisons pour lesquelles Liamine Zeroual n’y serait pas ? Il y avait un véritable complot contre l’état de droit en Algérie. Ce complot passait par l’organisation de la campagne pour le quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika en 2014 et par la tentative d’organisation de la campagne pour le cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika cette année, mais le principal organisateur de ce complot était Ahmed Gaïd Salah.

Quant au PTA, ses problèmes internes sont de véritables secrets d’état, comme tous les problèmes internes de tous les partis lambertistes. Il y a la question du refus de la participation du PTA à la campagne pour le boycott des élections présidentielles de 2014. Il y a la question syndicale. Le récent congrès de l’Union Générale des Travailleurs Algériens (UGTA) voyait l’élection d’un nouveau secrétaire général. Le nouveau secrétaire général de l’UGTA est un ancien député du PTA. Il était au bureau politique du PTA et le PTA décidait son exclusion au mois de janvier 2016. Enfin, quand la direction nationale du PTA demandait au mois de mars 2019 la démission de ses onze députés de l’Assemblée Populaire Nationale (APN), six députés du PTA acceptaient leur démission de l’APN, les cinq autres députés du PTA refusaient leur démission de l’APN et la direction nationale du PTA décidait donc l’exclusion de cinq de ses onze députés. Cela fait beaucoup pour un seul parti.

La deuxième révolution algérienne a besoin de la naissance d’une nouvelle génération de leaders politiques. Le plus tôt sera le mieux.