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«On n’avait pas fait de contre-G7 de cette ampleur depuis longtemps»

Lien publiée le 21 août 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://www.liberation.fr/planete/2019/08/20/on-n-avait-pas-fait-de-contre-g7-de-cette-ampleur-depuis-longtemps_1746298

Face au grand raout décrié et ultrasécurisé des sept principales puissances mondiales ce week-end à Biarritz, où la présence des ONG sera réduite comme jamais malgré les discours, le contre-sommet organisé à partir de ce mercredi devrait être d’importance, foisonnant et festif. Au programme : débats, ateliers et grande manifestation

Plus de 200 intervenants, une centaine de conférences et d’ateliers consacrés au capitalisme, à l’environnement ou aux migrations, et 80 associations réunies dans deux plateformes, Alternatives G7 et G7 EZ ! («non au G7» en basque). A cela devraient s’ajouter environ 12 000 personnes attendues pour manifester et assister à ces débats organisés à Hendaye et Irún, communes situées de chaque côté de la frontière franco-espagnole. Face au G7 à Biarritz, le contre-sommet traditionnellement préparé par les altermondialistes voit grand. «Le contre-G7 est ambitieux cette année, on n’en avait pas fait de cette ampleur depuis longtemps, confirme Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac et d’Alternatives G7. L’année a été militante en France, avec les gilets jaunes et manifestants pour le climat. On est forts de ces mouvements qui se retrouvent sur notre camp.»

Le choix d’accueillir le sommet des chefs d’Etat à Biarritz a aussi ouvert des possibilités inespérées aux organisateurs. Le Pays basque est l’une des régions françaises où les associations porteuses d’alternatives sont les plus dynamiques, avec Alternatiba ou Bizi qui poussent pour la justice sociale et climatique, par des actions directes et en instaurant d’autres logiques de fonctionnement à échelle locale. Sous leur impulsion, l’eusko est devenu la monnaie locale la plus importante d’Europe, et une deuxième chambre d’agriculture portée sur le bio, la permaculture et les petites exploitations est née en 2005. «Qu’est-ce qui a pu leur passer par la tête pour imposer un G7 au Pays basque, une terre avec une vieille tradition de lutte militante ?» s’étonnait vendredi Laurent Thieulle, membre du groupe local d’Attac, au micro de France Info.

Cette forte mobilisation intervient alors que le G7 (qui réunit les chefs d’Etat allemand, américain, britannique, canadien, italien, japonais et français), très contesté au tournant des années 2000, est en perte de vitesse. «Ce sommet n’est certes plus le directoire du monde comme c’était le cas il y a dix ou vingt ans mais il reste une immense vitrine pour une politique que nous jugeons catastrophique. Il demeure éminemment nécessaire de montrer que des alternatives au libéralisme à tous crins existent», explique Aurélie Trouvé.

Le thème officiel du sommet, la lutte contre les inégalités, a fait grincer des dents côté associations et ONG, qui dénoncent le «cynisme à toute épreuve» d’Emmanuel Macron et l’attitude des sept «pompiers pyromanes». «J’y vois tout de même une victoire idéologique pour tous ceux qui portent depuis des années une autre vision du monde que celle imposée par les chefs d’Etat occidentaux, nuance Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France. Un G7 consacré aux inégalités, cela aurait été inimaginable il y a quinze ans. Mais la question n’est pas seulement de reprendre les mots, il faut mettre en œuvre les solutions que nous proposons depuis des années.»

«Par nature illégitime»

L’analyse vaut pour d’autres combats menés par les altermondialistes. En juillet, le G7 Finances s’est accordé sur la nécessité d’un impôt minimal sur les sociétés, qui constituerait une mesure d’ampleur pour éviter l’évasion fiscale, tout en repoussant à 2020 la prise officielle de décision. Même la taxe sur les transactions financières, qui est l’idée à l’origine de la création d’Attac, a été discutée par le G7 (alors G8) en 2010 et 2011, sans pour l’instant être instauré à l’échelle internationale. «Les questions écologiques et d’égalité femmes-hommes, qui sont des enjeux pour les alter depuis des années, sont aussi mises en avant, note Sébastien Bailleul, du Centre de recherche et d’information pour le développement, qui participe au contre-sommet. Mais le vrai enjeu de l’altermondialisme, c’est la fin de toutes les dominations. Et le G7, qui représente les pays les plus riches, est par nature illégitime à y répondre.»

Autre grand écart, la place réservée aux ONG à l’intérieur du sommet officiel. L’Elysée affirme vouloir en faire un «sommet inclusif». Pourtant, seule une dizaine d’accréditations ont pour l’heure été proposées aux ONG, ce qui correspondrait à leur plus faible représentation depuis 2005. A titre d’exemple, elles en avaient obtenu 80 en 2017 à Taormine (Italie). Cette décision ne devrait que renforcer le G7 alternatif, mais la situation est tout de même jugée «très problématique»par Oxfam. «Nous sommes une des seules organisations présentes au contre-sommet qui aimerait également participer à l’officiel, comme nous le faisons depuis des années. Nous croyons au pouvoir citoyen comme à l’action politique. Pour des sujets comme le climat ou les inégalités, il faut aussi être avec ceux qui posent les problèmes pour essayer d’infléchir leurs décisions. Si la décision de l’Elysée est confirmée, elle nous privera de cette possibilité», poursuit l’une des têtes d’affiche des tables rondes organisées à Irún et Hendaye.

Les associations locales et internationales qui y seront réunies de mercredi à vendredi veulent dessiner «un autre monde», avant de s’opposer plus directement au sommet avec une manifestation prévue samedi et des actions de désobéissance civile dimanche.

«Concerts et réflexion»

Dans le fond comme dans la forme, tout est fait pour distinguer le contre-sommet de son très décrié pendant officiel. Repoussé à une vingtaine de kilomètres de Biarritz par la zone de sécurité, le camp qui accueille les participants est installé dans un ancien centre de vacances et géré de manière participative. Face au dispositif ultrasécuritaire et à la communication rodée du sommet officiel, sa variante alternative mise sur une ambiance festive avec des concerts et des projections de films en soirée et sur la réflexion dans la journée avec les conférences et tables rondes.

Des syndicalistes SUD ou CGT, mais aussi des représentants de La France insoumise, des Verts ou du PCF doivent se joindre aux débats sur le thème «Fin du monde, fin du mois, même combat» ou sur le féminisme comme réponse à la crise écologique et sociale.

Ces alternatives ne sont pas neuves. Des associations comme Attac les portent et les affinent depuis plus d’une vingtaine d’années. Ces sommets alternatifs sont un moyen de les mettre en lumière. «Face au monde bunkerisé représenté à Biarritz qui exclut les ONG et coupe les habitants de leur ville, nous voulons proposer un fonctionnement plus harmonieux du monde, fondé sur le respect des droits humains et concentré sur l’urgence climatique et la justice sociale», confirme Aurélie Trouvé, d’Attac. Mais cette année, pour cette manifestation pensée comme résolument pacifique, l’objectif le plus urgent est de réussir à exister alors que tous les regards sont braqués sur le week-end et d’éventuels heurts entre membres du black bloc et forces de l’ordre.