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Renault passe à l'attaque sur la flexibilité

Lien publiée le 22 novembre 2012

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

(L'humanité) Dans la droite ligne de l'offensive du Medef, le groupe automobile tente d'imposer un accord de compétitivité en exerçant un chantage à la fermeture de sites en France. Pour parvenir à ses fins, Renault met en avant les concessions qu'il a arrachées à ses salariés espagnols.

«Donnant donnant », « compromis », « concessions » Derrière ces qualificatifs consensuels se prépare une agression patronale sans précédent. En voulant imposer aux salariés de l'ensemble de ses sites français des reculs sociaux au nom de la sauvegarde de la compétitivité, en plein milieu des négociations syndicats-patronats sur la sécurisation de l'emploi, Renault s'avance comme le cheval de Troie du Medef. Si le constructeur automobile n'a pas encore complètement abattu ses cartes sur l'ampleur des régressions sociales qu'il entend obtenir en échange d'un engagement au conditionnel « à ne pas fermer d'usines en France », l'orientation qui se dégage des deux premières réunions de négociations avec les syndicats a tout d'un chantage à l'emploi.

LE GROUPE comme le cheval de Troie du Medef.

Dans la lignée de l'« accord de la peur » conclu récemment avec les syndicats espagnols pour tirer salaires et conditions de travail à la baisse (voir page 3), Renault joue de la sinistrose ambiante sur le marché automobile européen et du traumatisme généré par l'annonce de la fermeture du site PSA d'Aulnay-sous-Bois pour tenter de faire plier les salariés français pour qu'ils s'alignent, ou du moins se rapprochent, des conditions de travail de ses travailleurs espagnols. « L'amélioration de la compétitivité de Renault est un sujet de survie pour la France », assénait fin septembre dans les colonnes du Figaro le PDG du groupe, Carlos Ghosn. Se gardant bien de communiquer sur les 324 millions d'euros versés cette année en dividendes aux actionnaires au titre de l'exercice 2011, ou sur ses propres émoluments frôlant les 3 millions d'euros l'an dernier, le patron de choc ne ménage pas ses efforts quand il s'agit de taper sur le « coût » du travail des salariés.

Obliger plutôt qu'inciter à la mobilité intersites.

Si le gros des discussions sur la flexibilité du temps de travail et des salaires devrait avoir lieu dans les semaines qui viennent, la direction a déjà posé quelques propositions pour le moins inquiétantes sur la table : mutualisation des fonctions support (formation, suivi qualité, comptabilité, maintenance, logistique, communication ) sur un seul site pour faire la « chasse aux doublons » et supprimer des postes au passage, regroupement des sites de production en deux pôles et « fluidification » des mouvements du personnel, comprendre : obliger plutôt qu'inciter les salariés à la mobilité intersites. « La direction ne trouve pas assez de volontaires pour aller travailler dans une usine autre que la leur, et quand il y en a, ce ne sont pas forcément les profils qu'ils cherchent. Et surtout, ça leur coûte cher, puisqu'ils versent une prime qui peut aller jusqu'à 1 000 euros aux salariés en mobilité », explique Fabien Gâche, délégué CGT central, qui affirme que la direction veut rendre le principe de mobilité « opposable » aux salariés. Certaines usines, comme celle de Flins, étant surchargées et d'autres, comme celle de Douai, manquant chroniquement de volumes de production, tout l'intérêt de cet accord serait de permettre à la direction de déplacer à son bon vouloir les flux de travailleurs sur les sites manquant de bras, en diminuant le recours à l'intérim ou à d'autres mesures jugées coûteuses. « (Un tel dispositif) représenterait une solution pour limiter le recours au chômage partiel, éviter les licenciements économiques et donc préserver l'emploi et les compétences », fait valoir la direction de Renault dans un communiqué. Intention faussement louable, si l'on en croit Fabien Gâche, qui juge au contraire qu'un tel mécanisme risque de « rendre les usines qui souffrent déjà du manque de volume à produire encore plus déficitaires », appelant à l'inverse au rééquilibrage de l'activité entre les sites. « Ce dispositif, c'est l'inverse d'une garantie de maintien de l'emploi », souligne le syndicaliste, qui y voit au contraire le prélude à une fermeture d'usine sous-utilisée.

Si ces négociations vers un accord de compétitivité constituent une étape décisive dans l'offensive patronale, cette mise en concurrence des salariés de différents pays ne risque pas de s'arrêter avec la conclusion de cet accord. « L'internationalisation de Renault a toujours consisté à mettre en concurrence les salariés français et espagnols d'un côté et les salariés roumains et marocains de l'autre », explique Aziz Khensous, représentant CGT au comité de groupe, appelant ses collègues étrangers à ne pas céder au chantage, mais au contraire à « maintenir leurs acquis dans l'intérêt de tous ».

Loan Nguyen