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Ratp: une grève historique, un point d’appui pour construire un mouvement contre la réforme des retraites
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Crédit Photo: NPA / LV
La grève à la RATP pour les retraites est une incontestable réussite : dix lignes de métros complètement fermées, presque 100% de grévistes selon l’Unsa dans les métros et RER. Le signal est fort pour le gouvernement… et pour celles et ceux qui veulent organiser la confrontation contre lui.
Il y aurait également 60% de grévistes dans les bus. C’est un niveau de grève jamais vu depuis 2007. Dans un secteur qui, depuis plusieurs années, a connu un recul de son niveau de mobilisation et d’organisation.
Il faut dire que l’attaque contre les retraites est simple à expliquer à la RATP : elle conduirait à des baisses de pensions de 15 à 36% selon la CGT (voir tableau1). Dans un secteur où les conditions de travail sont dures, les horaires tournants, réduire les retraites, c’est casser un petit avantage compensant la difficulté du travail. D’autant que, comme pour tout le monde, les chiffres calculés le sont sur la base du point retraite tel qu’on le connait aujourd’hui. Le gouvernement voulant pouvoir le réduire à la baisse à sa guise, cela peut encore baisser.
La colère des agents est donc très importante. L’UNSA précise que cette grève de 24 heures est un avertissement et appelle même à la convergence avec les autres salariéEs des transports : « routiers, cheminots, transports en province… ». Les syndicalistes et les grévistes parlent de grève illimitée, de refus de négocier les reculs.
La droite répond à cette grève par la volonté de renforcer le « service minimum », par la voix d’Aurore Bergé, porte-parole de Valérie Pécresse. En effet, actuellement, comme dans l’Éducation nationale, le « service minimum » oblige les agents à se déclarer grévistes à l’avance, mais ne permet pas d’empêcher la grève. En cas de grève massive, la direction ne peut donc pas casser la grève. Le discours contre les grévistes en s’appuyant sur les embouteillages ne semble pas porter autant qu’autrefois, puisque de toute façon la circulation à Paris est congestionnée en permanence…
La réussite de cette grève montre que la force des travailleurs/ses, c’est la grève : qu’en bloquant la production, l’économie, on relève la tête, on exerce une énorme pression sur le gouvernement et le patronat, et qu’on se libère des chaines du travail quotidien. La mobilisation montre aussi que la lutte contre la réforme des retraites commence maintenant, même si le gouvernement cherche à disperser la mobilisation en annonçant le report d’une partie des mesures à 2020. Pour gagner, le plus simple est encore de profiter de cette rentrée de mobilisation, notamment de la grève du 24 septembre, pour construire un immense mouvement de grève interprofessionnel pour arrêter le plan d’attaque contre les retraites, arrêter ce gouvernement. Cela montre enfin que, même dans les secteurs où les mobilisations ont été affaiblies ces dernières décennies, il existe des ressources pour relever la tête et construire des mobilisations réussies pour le monde du travail.
D’ailleurs, il est assez ironique de voire que cette journée de grève, conçue par certains appareils syndicaux pour se démarquer de la journée interprofessionnelle du 24 septembre, les salariéEs s’en sont saisis, avec des taux de grévistes énormes. Ce qui montre que quand les travailleurs/ses sont prêts à se battre, ils peuvent balayer les obstacles, qu’ils viennent du gouvernement ou de la politique des directions syndicales.
La réussite du 13 doit servir de tremplin pour la suite. C’est la preuve que la combativité est présente. Maintenant, il reste à construire ce mouvement d’ensemble de tous les secteurs professionnels !
Antoine Larrache