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“Taux d’intérêt négatifs : le casse-tête du cash”

économie

Lien publiée le 22 septembre 2019

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https://www.emmanuelcombe.fr/taux-dinteret-negatifs-le-casse-tete-du-cash-lopinion/

Face au risque de récession, tous les regards se tournent vers la relance monétaire. Les récessions passées ont toutefois démontré qu’une baisse de 3 à 6% des taux directeurs était nécessaire pour espérer avoir un effet sur l’activité. Le problème est que dans la plupart des pays, les taux directeurs sont déjà proches de… zéro : seuls le Mexique, l’Islande et la Turquie disposent d’une marge de manœuvre suffisante pour abaisser les taux dans une telle proportion, sans se retrouver en territoire négatif.

En pratique, les banques commerciales répercuteront ces taux négatifs sur les comptes courants de leurs clients. Dit en d’autres termes, avec des taux à – 4%, les 1000 euros que vous détenez sur votre compte bancaire ne vaudront plus que 960 euros quand vous déciderez de les utiliser dans un an. Cette taxation des comptes courants vous incitera à dépenser, pour éviter la dépréciation de vos avoirs bancaires, ce qui soutiendra la consommation.

Mais en réalité les choses sont plus complexes. En premier lieu, les ménages peuvent compenser la dépréciation de leur épargne liquide en épargnant plus : si votre objectif est de disposer dans un an de 1000 euros et que votre compte courant est taxé à hauteur de 4%, vous allez épargner 1041 euros. En second lieu, les ménages peuvent réagir en augmentant leur détention de cash puisqu’un billet de 200 euros vaudra toujours nominalement 200 euros dans un an.

On peut donc s’attendre à une forte augmentation de la détention de pièces et billets, si les taux deviennent fortement négatifs. Cet arbitrage en faveur du cash viendra contrecarrer l’efficacité d’une politique de taux négatif. Si les banques centrales veulent retrouver une marge de manœuvre, elles doivent alors limiter l’usage de monnaie fiduciaire. Un casse-tête dans la mesure où les billets et pièces occupent une place encore importante : à l’exception des pays nordiques, le cash en circulation représente encore 10 % du PIB dans l’Union européenne.

Une première option consiste à restreindre la quantité de cash en circulation, comme l’a fait l’Inde en 2016 avec une démonétisation de 86% des billets. Cette option est explosive : elle suscitera la révolte, notamment chez ceux qui ont recours à l’économie souterraine. Une seconde option, proposée par deux chercheurs du FMI, consiste à taxer le cash comme les dépôts bancaires. La base monétaire serait divisée en deux monnaies distinctes : les espèces et la monnaie électronique. Un taux de change s’instaurerait entre les deux monnaies : avec un taux négatif de 4 % sur les dépôts, le prix d’un bien serait de 96 euros si vous payez en monnaie électronique ou de 100 euros si vous payez en cash.

Une troisième option a été suggérée en 2009 par Greg Mankiw, professeur à Harvard : tirer au sort chaque année un numéro entre 0 et 9 ; tous les billets terminant par le numéro tiré n’auraient plus cours légal, ce qui revient à fixer un taux négatif sur la monnaie scripturale de – 10%. Dans ce monde nouveau sans inflation, il va falloir beaucoup d’imagination pour redonner demain du pouvoir à la politique monétaire.