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Le printemps hongrois oublié : 1919-2019, la Commune de Budapest

Hongrie

Lien publiée le 1 octobre 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://dissidences.hypotheses.org/12319

Un billet de Christian Beuvain et Jean-Guillaume Lanuque (septembre 2019)

Si le centenaire des révolutions russes de 1917 a été marqué par toute une série de publications, numéros spéciaux de revues, rééditions et nouveautés diverses aussi bien dans les sujets abordés que dans leur qualité intrinsèque, bien peu de choses ont été proposées sur les autres révolutions, nées dans le sillage de celles qui ont secoué l’empire russe : la révolution finlandaise, les révolutions allemandes – parmi lesquelles celle de Bavière en 1919 également – et la révolution hongroise des conseils1, donc. Est-ce en raison de l’idée de vague révolutionnaire qu’elles valident, là où certains préfèreraient cantonner la révolution russe à un particularisme national n’ayant pas vocation universelle ?

Une image de propagande de cette révolution des conseils hongrois introduit ce court récit événementiel.

Mihály Biró, lithographie en couleurs, 95 cm x 127 cm, Canailles ! Est-ce cela que vous vouliez ?, Musée national hongrois, Budapest (Hongrie)

Présenter

Cette lithographie en couleurs (95 cm x 127 cm) de Mihaly Biró participe, de par son symbole principal et sa composition, au style de la caricature politique. Sous forme d’affiche, elle est destinée à la rue, espace public. Sa fonction est d’être vue, commentée, appréciée ou au contraire vilipendée, déchirée. Oeuvre de propagande, il s’agit probablement d’une commande du Commissariat du peuple à l’éducation et à la culture, dirigé par Georg Lukács, de la République hongroise des conseils. Elle est produite par les imprimeurs Jenö et Gyula Radó (père et fils), à Budapest (Szemere-U.19), à la toute fin de mars 1919. Elle s’intitule Bitangok ! Ezt akartatok ?ce qui signifie « Canailles ! Est-ce cela que vous vouliez ? ». Elle est conservée actuellement au musée national hongrois, à Budapest. On peut raisonnablement penser que la grande majorité des affiches de ces artistes travaillant pour la République « rouge » ont été lacérées, arrachées et détruites lors de la période de « terreur blanche » qui suivit la chute du régime communiste. Tout aussi raisonnablement, un certain nombre ont du être sauvegardées par des collectionneurs avisés, puisque outre les œuvres que l’on retrouve dans les musées et les expositions, d’autres sont vendues aux enchères.

Mihály Biró (1886-1948) est l’auteur de ce document. D’origine juive, c’est un des grands noms de l’affiche révolutionnaire européenne des premières décennies du XXe siècle. Après des études artistiques à Budapest (1904-1908), il voyage à Munich, Berlin et en Angleterre, où là, devenu « apprenti à la Guild of Handicraft de Charles Robert Ashbee à Londres, [il] apprit le métier d’imprimeur et assimila la philosophie socialiste et les idéaux utopiques du mouvement britannique des arts et métiers »2. Il découvre également l’affiche comme moyen de propagande. En 1910, revenu en Hongrie (empire austro-hongrois), il adhère au Parti social-démocrate et devient leur principal graphiste, en particulier pour le journal Népszava (La Voix du peuple), pour lequel il crée en 1912 son fameux homme rouge au marteau. Démobilisé en 1917 pour raison de santé, il participe avec enthousiasme, en 1919, à la Commune de Budapest, dont il devient un des propagandistes graphiques les plus actifs : affiches, décorations de fêtes populaires – dont la célébration du 1er mai, dont il dessine la majorité des décors – sculptures, etc. Exilé en Autriche pour fuir la répression après les 133 jours de la République des conseils, il travaille pour le parti social-démocrate de ce pays et publie en 1920 un ensemble de litographies sur la Terreur blanche exercée par le régime du régent Horthy. Il ne rentre en Hongrie qu’en 1947, très malade, à l’invitation de la nouvelle République, qui comporte socialistes et communistes. Il y décède en 1948.

Décrire

Le dessinateur représente une grande salle, avec de très hautes fenêtres, d’où un énorme poing rouge et son avant-bras nu surgissent avec fracas, repoussant une vitre du milieu et s’abattant sur une immense table, la brisant net, renversant les encriers et éparpillant les dossiers. Les hommes assis autour sont renversés de leurs sièges, tombent à terre, lèvent les bras au ciel. La stupeur et la peur se lisent sur les visages. On compte trois personnages sur la gauche de l’affiche, dont un officier (uniforme), un autre militaire au milieu, au premier plan, à quatre pattes, et six hommes sur la droite, dont un roi, reconnaissable à sa couronne et au trône, au sol. Excepté les militaires, ces hommes sont en costume ou en frac. Le titre est en bas, en lettres rouges et la signature de Biró se trouve en bas à droite. Les personnages et le décor sont dans des couleurs passées, plutôt ternes (gris, bleu pâle, marron clair, rose) alors que le poing/avant-bras est rouge vif, ainsi que le titre, en grosses lettres.

Analyser

Cette affiche représente une réunion dans la galerie des glaces du château de Versailles, dans le cadre de la conférence de paix, des principaux chefs d’Etat vainqueurs de la Première Guerre mondiale, ainsi que d’officiers supérieurs. L’auteur ne présente que les dirigeants qui prennent les décisions cruciales, grosses de conséquences pour l’avenir de la Hongrie. Tout à gauche, en bas, il est possible de reconnaître le ministre anglais Lloyd George, avec au-dessus de lui le général Franchet d’Espérey – qui début avril demandera à Clemenceau une intervention militaire contre la Hongrie – et le président des États-Unis Woodrow Wilson. A droite, le roi est Ferdinand 1er de Roumanie, et à côté de lui se trouve Clemenceau, le président du conseil français. Ces dirigeants, traités de « canailles » par l’auteur, discutent ici de la partition de la Hongrie, afin de lui faire payer son rôle (d’après les vainqueurs) dans le déclenchement de la guerre. Le roi de Roumanie, admis parmi les « puissants » (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France) espère bien, lui, récupérer les territoires austro-hongrois à majorité roumanophone. Mihaly Biro laisse entendre ici que si l’Entente n’avait pas voulu s’en prendre aux Hongrois en dépeçant leur pays, la révolution communiste qui menace leur pouvoir – survenant après celle de la Russie et celle, concomitante, en Bavière – ne serait peut-être pas survenue. La volonté des vainqueurs de remodeler par la force les frontières européennes a précipité les événements et favorisé la vague révolutionnaire (Allemagne, Italie) qui fait « craquer l’écorce » du vieux continent, entre 1918 et 1920. Ces dirigeants sont également réunis pour discuter des mesures à prendre contre cette république soviétique qu’ils ne peuvent tolérer. Franchet d’Espérey, début avril, demandera à Clemenceau une intervention militaire contre ce qu’un diplomate a nommé le « poste avancé de Lénine ».

Mihaly Biró, dans la composition de son affiche, utilise avec brio les oppositions. La République soviétique de Hongrie affirme sa puissance par le poing rouge. Il s’agit d’un défi, qui surgit brutalement, brise les fenêtres et le mobilier et bouleverse tout. La couleur rouge (celle du drapeau de la révolution sociale mais aussi couleur guerrière jadis, et qui appelle donc celle du sang qui coulera), la nudité du bras, sa jeunesse, sa vigueur, sa vitesse d’exécution ainsi que sa taille disproportionnée n’en soulignent que mieux la petitesse, la grisaille des habits, la vieillesse et la fragilité des dirigeants d’un monde capitaliste figé dans ses traditions et appelé, selon l’auteur, à disparaître de l’histoire. Le surgissement brutal du poing rouge dans cette assemblée policée, c’est le dehors, la périphérie, le refoulé, ce qui a été repoussé au loin. Et qui fait retour sous la forme du « péril rouge ». C’est le monde ouvrier qui s’invite sans ménagement à la table des « grands », dans un univers suranné, symbole d’une époque déjà révolue.

Réappropriations

Le poing, rouge ou non, devient dans les années et les décennies suivantes un symbole quasi obligé de la propagande visuelle des mouvements révolutionnaires dans le monde. La reprise la plus proche, dans le temps, est celle d’une affiche du jeune Parti communiste allemand (KPD), en juin 1920, pour les élections au Reichstag. Cette lithographie, Votez Spartakus, dont l’auteur est inconnu, représente un poing rouge, presque identique à celui de Mihaly Biró, qui s’abat avec violence sur un pupitre du parlement, tandis que des députés, vêtus de noir, s’enfuient, effrayés. L’artiste, sans aucun doute, s’est inspiré de son collègue hongrois.

********

Le contexte de la révolution hongroise est celui d’un pays défait, confronté à des difficultés convergentes, à l’instar de la Russie ou de l’Allemagne. Devant subir, aux yeux des puissances de l’Entente, le sort de l’Autriche des Habsbourg, déclarée premier responsable de l’alliance avec l’Allemagne des Hohenzollern, la Hongrie ressent comme une profonde injustice les pertes territoriales qui lui sont promises. C’est donc dans ce sentiment national blessé que se forge le profil bien particulier de cette révolution radicale, une blessure alimentée entre autres par les anciens combattants de retour au pays, et qui puise également sa légitimité dans un Ancien régime encore bien présent3. Une multitude de conseils naissent dans les derniers jours du conflit – y compris, étonnamment, chez les prêtres – dans le même temps où l’agitation sociale grandit en ville comme à la campagne. Confronté à cette situation tendue, le gouvernement modéré de coalition du comte Mihaly Karolyi, opposant traditionnel au pouvoir des Habsbourg, qui accompagne l’indépendance retrouvée de son pays depuis novembre 1918 (la République est proclamée le 16), ne parvient pas à renverser la situation et à contrer l’intransigeance manifestée tout particulièrement par la France. C’est ce qui amène les sociaux-démocrates hongrois, jusqu’alors membres du gouvernement, et qui avaient initialement approuvés l’arrestation des leaders communistes4, au premier rang desquels Béla Kun, à négocier avec eux un accord de gouvernement dans l’espoir de mieux réussir à préserver l’intégrité territoriale de la nation5.

On assiste donc à une convergence aux antipodes de la situation allemande, puisque les deux partis décident même de fusionner sous le nom de Parti socialiste de Hongrie (devenu en juin Parti des ouvriers socialistes-communistes de Hongrie) et d’en appeler à une alliance avec la Russie bolchévique. Des messages télégraphiques seront à moult reprises échangés entre Béla Kun et Lénine6, sans que l’aide de ce dernier puisse être autre que symbolique. La République des conseils de Hongrie est donc officiellement proclamée le 21 mars 1919. Devenue République des conseils socialiste fédérative de Hongrie en juin, elle se dote au même moment d’une Constitution. Si le pouvoir se veut centralisé, il est dans les faits partagé avec les conseils, dotés d’une relative autonomie, en particulier hors de Budapest. Les mesures révolutionnaires décidées, réforme agraire, nationalisation des banques, des assurances, ainsi que de la plupart des industries, des commerces, et des immeubles d’habitation, libéralisation des moeurs, accès à la culture au sens large pour le peuple, création d’une armée rouge de volontaires, séparation de l’Église et de l’État, bouleversent profondément les rapports sociaux : « le socialisme tout de suite ». S’y ajoute la participation active des artistes avant-gardistes, prosateurs, poètes, et surtout graphistes, comme Mihaly Biró, Robert Berény, Arpad Bardocz, Odön Dankö ou Lajos Szántós7. Certains occupent des fonctions officielles, comme Jölan Szilagyi, cofondatrice de l’Union des graphistes avec Mihaly Biró, qui travaille au Commissariat du peuple à l’éducation et à la culture, et qui se réfugia à Berlin puis à Moscou, d’autres pas, tout en partageant l’idéal socialiste d’un monde plus juste, auquel leur conception des arts entend oeuvrer. Sandor Barta, par exemple, publie un recueil de poèmes, édité par la revue d’avant-garde Ma (Aujourd’hui), où il exalte les travailleurs, « fils de la lutte rouge ». Certains de ces artistes, qui polémiquent durement avec le Parti communiste – Béla Kun déclare par exemple en juin 1919 que l’art du poète Lajos Kassak, fondateur d’une revue censurée en 1916, est « étranger à l’esprit du prolétariat » – revendiquent avec force ce qu’ils appellent les « forces de démantèlement, tels l’amour libre et l’éclatement de la cellule familiale. »8 Pour Jean-Michel Palmier, la révolution artistique de l’avant-garde hongroise « appartient aussi à la République des conseils. »9 La rapidité et la radicalité de ce bouillonnement social et culturel font éclater l’unité nationale initialement revendiquée avec force. C’est chez les paysans, surtout, encore majoritairement attachés à la religion, que l’agitation contre-révolutionnaire et antisémite rencontra un écho croissant. S’ajoutaient à ces tensions internes les difficultés économiques ainsi que la menace extérieure, l’Entente étant à la manœuvre dans les offensives répétées des troupes tchèques et surtout roumaines, ces dernières avides de récupérer des territoires tandis que la République sœur de Bavière était tombée le 1er mai 1919, qu’une brève République slovaque des conseils n’avait qu’une existence éphémère mi-juin, et qu’un projet de prise du pouvoir communiste à Vienne au même moment était finalement mort-né. Le refus par Bela Kun d’un Brest-Litovsk hongrois devant les propositions plus favorables que jamais du général Smuts semble avoir scellé le sort de la jeune République déjà corsetée.

Le 1er août, après 133 jours d’exercice du pouvoir, Béla Kun est démis de ses fonctions, et son gouvernement remplacé par une majorité social-démocrate – syndicale. Mais elle n’est pas jugée suffisamment représentative aux yeux de l’Entente, qui laisse les armées roumaines pénétrer à Budapest le 6 août. La « terreur blanche » exerce ses ravages, sous la forme entre autres de pogroms, et d’une ampleur et d’une férocité sans commune mesure avec ce que fut la « terreur rouge »10. L’archiduc Joseph-Auguste de Habsbourg, parfait représentant de l’Ancien régime, devient brièvement le nouveau dirigeant du pays, pavant la voie pour l’amiral Horthy. Si Tibor Szamuely, ancien commissaire du peuple aux affaires militaires, se suicide pour ne pas tomber aux mains de ses ennemis, Béla Kun parvient à revenir en Russie soviétique à l’occasion d’un échange avec des prisonniers autrichiens ; il jouera un rôle dans les derniers développements de la guerre civile contre Wrangel, et exercera une fonction conséquente dans l’Internationale communiste, avant d’être emporté par les purges staliniennes de la seconde moitié des années 1930. Parmi les autres figures du mouvement communiste ayant participé à cette expérience, on peut citer le philosophe Georg Lukacs, l’économiste Eugène Varga, ou Matias Rakosi, futur dirigeant de la Hongrie communiste des années 1940, qui exerça la fonction de commissaire du peuple au commerce…

La question qui sera abondamment discutée jusqu’à nos jours concerne bien sûr les causes de l’échec communiste en Hongrie. Les communistes, en s’alliant avec les sociaux-démocrates, plus puissants et surtout mieux implantés dans les masses – rappelons que le Parti communiste hongrois fut principalement créé en Russie révolutionnaire, et que ses dirigeants ne regagnèrent la Hongrie qu’au moment de son indépendance, s’associant alors à des socialistes de gauche et à un courant anarcho-syndicaliste – ont-ils négligé de se construire une base suffisamment solide ? La politique mise en place a-t-elle manqué de radicalité, ainsi d’une réforme agraire qui n’alla pas jusqu’au partage léniniste ? Le parti communiste hongrois ne souffrit-il pas de ses tiraillements entre l’aile gauche représentée par Tibor Szamuely et un centre que tenta d’incarner Béla Kun, face à la droite social-démocrate ? Sans oublier un isolement que la Russie bolchevique, encore menacée dans son existence par la contre-révolution, n’était alors pas en mesure de rompre, isolement renforcé par le blocus de l’Entente, véritable asphyxie économique.

Sur le plan mémoriel, passée sa célébration rituelle durant l’existence de la Hongrie socialiste d’après-guerre, cette révolution connaît une postérité limitée. Signalons néanmoins le film d’un réalisateur injustement tombé dans l’oubli, lui aussi, Miklos Jancso, Les Rouges et les Blancs(1967) qui retrace le développement d’une fermentation révolutionnaire permise par le relâchement les prisonniers de guerre par la Russie et leur retour en Hongrie, l’excellent roman d’Isabel Alba, La Véritable histoire de Matias Bran (La Contre allée, 2014, chroniqué sur notre blog11) et une nouvelle de Meddy Ligner, « Les trois Béla », (in Jean-Guillaume Lanuque (dir.),Dimension Merveilleux scientifique 3, Pamiers, Rivière blanche, 2017), dystopie imaginant une République hongroise ayant survécu et permis la victoire d’une Europe rouge…

Bibliographie indicative

  • Roland Bardy, 1919 la commune de Budapest, Paris, La Tête de feuilles, 1973.

  • Sandor Barta, Tibor Déry, Gyula Illyés, Lajos Kassak, Destins croisés de l’avant-garde hongroise, 1918-1928, édition de Marc Martin, Lausanne, L’âge d’homme, coll. « Cahiers des avant-gardes », 2002.

  • Cahiers du CERMTRI n° 97, « La révolution prolétarienne en Hongrie (mars-août 1919) », juin 2000.

  • Cahiers du mouvement ouvrier n° 82, « Autriche, Hongrie, Bulgarie : trois défaites de la révolution mondiale », deuxième trimestre 2019.

  • Dominique Gros, thèse (inédite) de science politique Les conseils ouvriers, espérances et défaites de la révolution en Autriche-Hongrie, 1917-1920, Université de Bourgogne, 1973.

  • Miklos Molnar, De Béla Kun à Janos Kadar, soixante-dix ans de communisme hongrois, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques / Institut universitaire des hautes études internationales, 1987.

  • Jean-Michel Palmier, « Budapest 1919 : l’an 01 d’une avant-garde »,http://stabi02.unblog.fr/2009/04/04/budapest-1919-lan-01-dune-avant-garde/

  • Julien Papp, De la guerre en Autriche-Hongrie à la République des conseils (1914-1920), Paris, Les Bons caractères, 201512.

  • Arpal Szelpad, Les 133 jours de Béla Kun, Paris, Fayard, 1959.

1Rappelons que les conseils (soviets en russe, räte en allemand) sont la forme prise par les assemblées de travailleurs s’organisant directement, sans intermédiaires ni médiations extérieures. Les premiers conseils apparaissent en Russie lors de la révolution de 1905, puis de nouveau en 1917 où les ouvriers sont rejoints par des soldats. Cette forme originale d’organisation insurrectionnelle – revendiquée et théorisée par ceux qu’on appellera par la suite les conseillistes – se répand ensuite, entre 1918 et 1920, en Allemagne (Kiel, Berlin, en Bavière, dans la Ruhr), en Hongrie, en Alsace et en Italie. Pour un premier aperçu historique, Anton Pannekoek, Les conseils ouvriers (2 tomes), Paris, Spartacus, 2010.

2Juliet Kinchin, commissaire de l’exposition du Musée d’art moderne de New York, Seing Red : Hungarian Revolutionary Posters, 1919 [Voir rouge : Affiches révolutionnaires hongroises, 1919], février-août 2011,https://post.at.moma.org/content_items/759-hungarian-posters-from-the-1910s?_ga=2.182691171.494956236.1567156493-169437376.1567156493

3Bien qu’engagé dans une révolution industrielle capitaliste, le pays conserve encore des structures semi-féodales (Miklos Molnar).

4Le Parti communiste hongrois est créé le 24 novembre 1918 par la fusion de plusieurs groupes : l’aile gauche du Parti social-démocrate, des anarcho-syndicalistes et des communistes revenus de Russie soviétique, dont Béla Kun, qui prend la direction de ce parti.

5Le traité de Trianon, en 1920, ampute la Hongrie des 2/3 de son territoire et de sa population…

6Miklos Molnar recense plus de deux cent messages télégraphiques échangés entre les dirigeants des deux pays.

7Des affiches de ces artistes (ainsi qu’une courte biographie, parfois) peuvent être vues ici,https://budapestposter.com/history

8Lire Sandor Barta, Tibor Déry, Gyula Illyés, Lajos Kassak, Destins croisés de l’avant-garde hongroise, 1918-1928, édition de Marc Martin, Lausanne, L’âge d’homme, coll. « Cahiers des avant-gardes », 2002.

9Jean-Michel Palmier, « Budapest 1919 : l’an 01 d’une avant-garde »,http://stabi02.unblog.fr/2009/04/04/budapest-1919-lan-01-dune-avant-garde/

10Contre cette « terreur blanche » exercée par les propriétaires terriens et les miltaires, Mihali Biró édite à Vienne (Autriche) en 1920 une série de 20 images au format carte postale, Horthy ; voir ces dessins surhttps://graphicwitness.org/contemp/biro.htm

11https://dissidences.hypotheses.org/6045

12Compte rendu sur notre blog, https://dissidences.hypotheses.org/7135