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    Syrie: conflit entre Kurdes et rebelles

    Lien publiée le 30 novembre 2012

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    (Le Monde) Les armes se sont tues, pour le moment, à Ras-Al-Aïn. Après une semaine d'intenses combats pour le contrôle de cette ville frontalière de la Turquie, les miliciens kurdes des Forces de défense du peuple (YPG), liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et les brigades islamistes se revendiquant de l'Armée syrienne libre (ASL) ont conclu une trêve, dimanche 25 novembre. Tous les hommes en armes se sont retirés du centre de la petite cité désertée par ses habitants. Les affrontements des jours précédents avaient pourtant fait craindre une escalade rapide et l'ouverture d'un nouveau front dans le conflit syrien.

    Les Kurdes (10 % de la population), majoritaires dans le nord-est du pays, s'étaient jusqu'alors tenus à distance des affrontements. Mais la prise de Ras-Al-Aïn (Sere Kaniye en kurde), début novembre, par des groupes islamistes radicaux, Jabhat Al-Nousra et Ghouraba Al-Cham, a changé la donne.

    Tout le long de la route qui borde la frontière turque et mène de Kamichliyé à Ras-Al-Aïn, les combattants kurdes du YPG ont disposé points de contrôle et barricades. Dans des tranchées creusées à la pelleteuse, des hommes et des femmes portant keffieh et kalachnikov, pointent leurs armes sur les véhicules qui approchent.

    ECHANGES NOURRIS DE COUPS DE FEU ET COLONNES DE FUMÉE

    Le 19 novembre, la tension est brutalement montée d'un cran. Au dernier point de contrôle, on pouvait entendre, ce jour-là, les échanges nourris de coups de feu et voir s'élever des colonnes de fumée. Plusieurs milliers de civils, vieillards, femmes, enfants, mobilisés par le Parti de l'union démocratique (PYD), l'aile syrienne du PKK, principale force politique kurde du pays, ont fait route vers Ras-Al-Aïn pour en reprendre possession. Les combattants de l'Armée libre y étaient entrés le 8 novembre, subissant dans un premier temps des bombardements de l'aviation syrienne.

    A la première accalmie, les tensions sont apparues entre les rebelles de l'ASL et les Kurdes. "Nous allons chasser tous ces djihadistes à la solde de la Turquie. Nous défendrons notre terre", menaçait Mizgin, un manifestant armé d'un fusil de chasse et d'une ceinture de grosses cartouches. La caravane bigarrée, encadrée par des pick-up hérissés de mitrailleuses fut stoppée aux portes de la ville. Au moins une douzaine de combattants arabes et cinq Kurdes ont été tués ce jour-là, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, parmi lesquels Abed Khalil, chef local du PYD. Le lendemain, 10 000 personnes assistaient à ses funérailles.

    La trêve conclue dimanche reste fragile. L'ASL a fait part de son intention de progresser vers l'Est et de "libérer" la ville d'Hassaka, tenue par le régime, voire celle de Kamichliyé, où les forces loyalistes restent solidement établies autour de l'aéroport.

    LA RÉVOLUTION S'EST TRANSFORMÉE EN GUERRE DE RELIGION

    Les combattants islamistes déployés à Ras-Al-Aïn ne cachent pas leur hostilité aux Kurdes du PYD. "La révolution pour la liberté s'est transformée en guerre de religion. Il y a beaucoup de combattants étrangers qui se réclament d'Al-Qaida et sont aidés par la Turquie", affirme Kamiran Hassan, membre du Conseil du Kurdistan occidental, une institution affiliée au PYD. Le Jabhat Al-Nousra, qui possède trois chars pris aux forces du régime, est mieux armé. Les affrontements de Ras-Al-Aïn pourraient donc annoncer d'autres batailles.

    Déjà fin octobre, des combats avaient éclaté à Achrafiyé, un quartier kurde d'Alep, après une tentative d'intrusion de l'ASL, faisant plusieurs dizaines de morts. La dirigeante locale des milices YPG, Nujin Deriki, avait été capturée. "J'ai été torturée et livrée par l'Armée libre à la Turquie, affirme cette femme, rencontrée le 23 novembre à Kamichliyé. J'ai été détenue à Hatay [Antioche] six jours par les services de renseignements turcs avant d'être relâchée."

    Dans la bande de territoire contrôlée par les Kurdes, qui court jusqu'à la frontière irakienne, la défense s'organise. Les miliciens locaux sont encadrés par des hommes plus aguerris du PKK, venus de Turquie. A Malikiyé (Derik), Derbasiyé et Amoudé, les derniers représentants de l'administration baasiste ont été chassés le 12 novembre, laissant les Kurdes seuls maîtres du terrain. C'est désormais la crainte d'une percée des rebelles qui fédère les deux principales factions kurdes : le Conseil national kurde (CNK) et le PYD, ont accepté la création d'un Conseil militaire commun.