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Comme un fantôme de récession

économie

Lien publiée le 8 octobre 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/comme-un-fantome-de-recession-1137746#utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=re_8h-20191007

Seule certitude dans l'économie mondiale : tout ralentit. Difficile de distinguer une récession dans pareil brouillard d'incertitudes : origine du freinage industriel, ruptures structurelles, politiques économiques.

La récession est, aujourd'hui, crainte partout, dans les salles de marché, les comités exécutifs des entreprises, les bureaux des décideurs publics. Mais il ne s'agit pour l'instant que d'un fantôme dans un brouillard d'incertitudes, sauf dans quelques pays où elle semble prendre corps, comme la Turquie et  l'Allemagne .

Tout ralentit

L'inquiétude suscitée par  les chiffres de l'emploi américain , le 4 octobre, a illustré la crainte. Après des indicateurs médiocres les jours précédents, beaucoup d'investisseurs redoutaient de mauvaises nouvelles. Ils ont fait sensiblement reculer les cours boursiers. Mais ils ont été rassurés par un taux de chômage revenu au plus bas depuis un demi-siècle. Et de nouvelles créations d'emploi. Même si l'Amérique crée 160.000 emplois par mois depuis le début 2019, 30 % de moins qu'en 2018.

Ce qui rejoint la seule certitude du moment dans l'économie mondiale : tout ralentit. Depuis un pic fin 2017, la plupart des grands indicateurs d'activité se replient. Dans ses prévisions parues en septembre,  l'OCDE a corrigé à la baisse ses prévisions de croissance en 2020 de pratiquement tous les pays suivis. Dans ses perspectives à paraître cette semaine, le FMI risque de faire de même. Le mouvement est particulièrement marqué dans l'industrie. La production manufacturière mondiale avance deux fois moins vite qu'il y a dix-huit mois. En France, elle devrait un peu reculer au second semestre 2019, après avoir un peu monté au premier. En Allemagne, elle dévisse même de 5 % en un an.

Source : OCDE

Source : OCDE

Fin d'un supercycle ?

C'est ici que vient la première incertitude. Le ralentissement industriel va-t-il gagner les services, qui pèsent bien plus lourd dans l'activité ? Il est encore trop tôt pour estimer l'ampleur de la contagion. Ce qui amène à la deuxième incertitude : l'origine du coup de frein industriel - et donc ce qui permettrait de l'enrayer. Le protectionnisme de Donald Trump constitue évidemment un coupable idéal. Mais il y a aussi le virage de la Chine vers les services, la bascule de l'automobile vers d'autres sources d'énergie, la fin d'un supercycle d'investissements.

La troisième incertitude, la plus profonde, porte sur l'action des gouvernants.  L'indice mondial d'incertitude sur la politique économique, calculé par des chercheurs de l'université américaine de NorthWestern, bat ses records, au-delà de la faillite de Lehman Brothers ou de l'élection de Trump. La politique commerciale est loin d'être la seule en cause. En Europe comme en Chine, le débat monte sur la politique budgétaire. Aux Etats-Unis comme en Europe, les collectifs qui pilotent la politique monétaire sont  de plus en plus divisés . Dans un tel brouillard d'incertitudes, pas facile de dissiper les fantômes.