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Christophe Ventura : "L’Amérique latine vit un moment très indéterminé et très volatile"

Lien publiée le 31 octobre 2019

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

http://www.regards.fr/la-midinale/article/christophe-ventura-l-amerique-latine-vit-un-moment-tres-indetermine-et-tres

Entre les mouvements sociaux au Chili et en Equateur, la réélection de Morales en Bolivie, la présidence Bolsonaro, l’incertitude du scrutin uruguayen ou l’élection du péroniste Alberto Fernandez en Argentine, la géographie politique se redessine en Amérique latine. Christophe Ventura, chercheur à l’IRIS, est l’invité de #LaMidinale.

VERBATIM

 Sur la situation au Chili 
« Il y a une lame de fond qui est désormais lancée. Personne ne sait où elle va s’arrêter y compris d’ailleurs les acteurs eux-mêmes. C’est une caractéristique de ces révoltes sociales que l’on voit un peu partout. »
« Le bilan est lourd de la répression : une quinzaine de morts, plus de 3500 personnes arrêtées, plus de 1100 personnes par balles. On déplore aussi des viols par les militaires dans plusieurs endroits du pays. »
« Il y a quelque chose de nouveau : c’est la puissance du mouvement. Jamais un mouvement social n’avait eu cette force au Chili. »
« La réponse du gouvernement s’est un peu inspirée d’Emmanuel Macron : à la fois la carotte et le bâton. À l’instar des gilets jaunes, le gouvernement a annoncé des mesures sociales et en même temps une répression du mouvement. »
« Sebastián Piñera va jouer maintenant sur l’envie d’ordre et chercher à diviser les classes moyennes par rapport à ce mouvement. »
« Ce qui se passe aujourd’hui au Chili n’indique pas que le mouvement va s’éteindre. Il est hyper puissant. »
« Il n’y a pas de logique sociologique dans l’organisation du mouvement. »

 Sur la responsabilité de la gauche en Amérique latine 
« Les gauches au Chili ou ailleurs, peuvent accompagner ces mouvements, le cas échéant être dedans, mais elles n’en sont ni à l’origine, elles n’en sont ni le réacteur central ni la force qui l’organise, ni même la réponse politique. »
« Ce qu’on voit aujourd’hui partout, ça s’est passé au Brésil en 2013 avec les manifestations massives dans les rues contre la vie chère. »
« La gauche, surtout quand elle a pu être au pouvoir, ne part pas gagnante sur l’issue de ces mouvements. »
« La responsabilité de la gauche c’est d’avoir connu deux moments : un moment de développement et d’épanouissement des années 2000 et d’avoir été des gouvernements qui se sont retrouvés confrontés à la gestion de la crise économique de 2008. »
« Il ne faut pas oublier que quand la gauche arrive au pouvoir, quasiment la moitié de la population ne veut pas d’elle et dans la moitié, il y a les vrais pouvoirs : les pouvoirs économiques et financiers. »
« L’autre responsabilité de la gauche c’est qu’elle a plus géré l’Etat qu’elle n’a pas continué de mobiliser ses propres troupes et secteurs sociaux. »
« Il y a une perte de lien entre la gauche organisée et le terrain, les mouvements sociaux. Il y a une forme de gauche gestionnaire qui s’est mise au pouvoir. »
« La gauche au pouvoir a produit une classe moyenne assez conforme aux exigences de l’idéologie libérale donc aujourd’hui ces gens-là se retournent contre la main de ceux qui les a nourris. La gauche n’a pas proposé d’alternative à ces classes moyennes. »

 Sur le quatrième mandat de Morales en Bolivie 
« En Bolivie, c’est pas le même sujet qu’en Equateur, au Chili ou à Haïti. »
« En Bolivie, il y a un sujet d’hyperpolarisation politique, c’est pas tellement sur les questions économiques et sociales. »
« En Bolivie, il y a plutôt une satisfaction globale de la population par rapport à ses conditions de vie. Le gouvernement Morales a plutôt bien géré l’économie du pays. »
« En Bolivie, il y a des gens qui n’ont jamais supporté la prise de pouvoir de Morales. »
« L’hyperpolarisation politique peut créer de l’instabilité à long terme dans le pays. »

 Sur la situation en Argentine et le « péronisme » 
« Le nouveau président Alberto Fernandez a eu un programme qui n’était pas triomphaliste. Il n’a pas un programme qui propose une révolution en Argentine. »
« Il y a rien qui ressemble au péronisme dans le monde. » 
« Au sein du péronisme, il y a une gauche et une droite. Le péronisme est un mouvement national populaire. C’est à la fois un mouvement politique avec des partis, syndical avec des syndicats, social avec des associations de jeunesses, de femmes, etc. »
« Le mouvement poursuit l’idée de la construction de la patrie argentine, d’une nation argentine fondée sur l’implication des intérêts populaires et des classes populaires dans les affaires de l’Etat. »
« L’ancienne présidente Cristina Kirchner a réussi un tour de force en nouant une alliance avec son ancien adversaire Alberto Fernandez. »
« Le Kirchnerisme c’est la gauche du péronisme et qui garde l’hégémonie dans le mouvement. Mais pour gagner, Kirchner a du concéder une alliance avec Alberto Fernandez qui est plus au centre. Il est plus modéré. »
« En Argentine, il n’y a pas de place pour une gauche radicale ou révolutionnaire : elle est réduite à la portion congrue. »

 Sur la présidentielle en Uruguay 
« La gauche part en ballotage défavorable avec très peu de report de voix. »
« L’effet de la victoire d’un gouvernement progressiste chez le voisin argentin peut, peut-être, avoir un effet ‘last minute’ dans le vote uruguayen. »
« Il faut accepter l’idée qu’en Amérique latine on vit un moment très indéterminé et très volatile. »

 Sur le rôle des Etats-Unis en Amérique latine 
« Les Etats-Unis ont un rapport qui est à la fois hyper distendu et hyper agressif. »
« Pour Trump, l’Amérique latine c’est surtout le Venezuela, Cuba et le Mexique. Le reste c’est secondaire. Ce qui intéresse Trump aussi, c’est le Brésil de Bolsonaro et ses réserves naturelles. »
« Bolsonaro a beau eu faire un jeu de claquettes sur le thème ‘je suis le garant de la souveraineté brésilienne face aux européens qui veulent nous manger l’amazonie’ : dans le même temps il a signé des contrats pour ouvrir l’Amazonie aux multinationales américaines. »
« Le plan de Trump au Venezuela n’a pas marché. »
« Ça intéresse Trump pour des raisons de politiques intérieures : il veut des succès internationaux et montrer qu’il a éradiqué le socialisme en Amérique latine ; montrer qu’il a éradiqué les migrants des Etats-Unis pour pouvoir compter sur les voix de la Floride essentiellement. »
« Ce qui va se passer avec la nouvelle terre politique : la réélection de Morales, l’élection d’Alberto Fernandez, le maintien au pouvoir de Maduro au Venezuela et surtout le gouvernement d’Andrés Manuel Lopez Obrador et aussi à Cuba, vous allez avoir un axe, un canal qui va s’ouvrir entre ces pays non pas pour avoir des projets en commun ou mener une politique offensive mais pour essayer de se maintenir au pouvoir face à ces eaux trumpiennes qui se déversent dans la région ou aux droites revanchardes. »

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