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Algérie. 38e marche des étudiants: «La justice a perdu sa balance»
Les brèves publiées dans cette rubrique « Informations et analyses » le sont à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Par Mustapha Benfodil
Alger, 12 novembre: 38e marche hebdomadaire des étudiants. La place des Martyrs est bien trempée. Mais il a cessé de pleuvoir. Les manifestants remplissent progressivement la place. Comme tous les mardis, les étudiant·e·s sont largement soutenus par toutes les franges de la population.
Contrairement à la semaine dernière où les «organisateurs» ont renoué avec la tradition du forum en plein air avant l’entame de la marche, pas de débat cette fois-ci. «Ça sera pour mardi prochain», nous dit l’étudiant qui avait modéré le précédent forum.
• 10h30. Un groupe d’étudiants qui encadre la marche lance le compte à rebours avant d’inviter les présents à scander Qassaman (hymne national)
Dans la foulée, tonne un émouvant «Tayhia El Djazair!» (Vive l’Algérie) Une minute de silence est ensuite observée à la mémoire des trois soldats tombés dans une opération antiterroriste près de Damous, le 6 novembre. Le cortège entame sa marche aux cris de «Dawla madania, machi askaria !» (Etat civil, pas militaire).
La procession enchaîne par: «Ettessînate jamais tetaâwed !» (Les années 1990 ne reviendront jamais), un slogan qui est apparu vendredi dernier. Un autre chant qui est venu enrichir le répertoire du hirak ce même vendredi sera ardemment repris: «Ahna ouled Amirouche, marche arrière ma n’ouellouche. Talbine el hourriya !» (Nous sommes les enfants de Amirouche, pas de marche arrière, nous ne reculerons pas. On demande la liberté).
Le cortège traverse la rue Bab Azzoun en répétant le nouveau chant : «Ahna ouled Amirouche…» On pouvait entendre aussi: «Dégage Gaïd Salah, had el âme makache el vote!» (pas de vote cette année).
• A un moment fuse ce cri de colère: «Ya lil âre ya lile âre, adalate etilifoune!» (Quelle honte! Justice du téléphone). Dans le même registre, ce slogan féroce adressé spécialement aux juges qui officient au tribunal de Sidi M’hamed: «Qodhate Sidi M’hamed yaâbdou fel Gaïd !» (Les magistrats de Sidi M’hamed idolâtrent Gaïd Salah).
Ce slogan est répété avec un surplus de hargne en traversant le Square Port-Saïd, qui n’est pas loin justement de ce tribunal où d’autres détenus devaient connaître leur verdict ce même mardi.
A hauteur du TNA (Théatre national algérien), les protestataires répètent: «Qodhate ettilifoune yaâbdou fel Gaïd !» (Les juges du téléphone idolâtrent Gaïd Salah). En abordant la rue Ali Boumendjel, cet autre cri d’indignation fustige de nouveau les magistrats: «Ya qodhate ettilifoune, roho taqraw el qanoune!» (Juges du téléphone, allez apprendre la loi).
Sur les pancartes, les juges en prennent allègrement, là aussi, pour leur grade: «La justice d’Alger a perdu sa balance», dénonce une étudiante. Un homme d’un certain âge parade avec ces mots: «La justice injuste: elle condamne des actes non prévus par la loi».
Sur une large banderole déployée, on peut lire: «Quand l’injustice devient loi, la résistance devient un devoir». D’autres messages du même tonneau disaient: «On ne peut faire confiance à une justice qui marche avec des lois fabriquées par la bande pour se protéger».
Plusieurs pancartes exprimaient, en outre, un soutien indéfectible aux détenus du hirak: «Prisonnier sois tranquille, on continuera le combat»; «Rendez les enfants du hirak et de l’espoir aux familles angoissées et à l’Algérie qui en a besoin»; «Des hommes libres dans les prisons, et des traîtres dans les palais»; «Rendez-nous notre indépendance, libérez Lakhdar Bouregaâ».
• Autre thème qui revenait avec insistance: le rejet des élections : «On n’a pas à choisir entre les urnes et le cercueil», écrit une manifestante. «Non aux cendres de Bouteflika», assène une dame en visant les 5 candidats.
Un monsieur d’âge mûr plaide pour sa part : «Le peuple est libre de choisir son avenir. Non aux élections poubelle avec les lèche-bottes et les traîtres à la solde des généraux. Vive l’Etat de droit !» Lu sur une banderole : «Non à la transmission héréditaire du pouvoir d’une îssaba à une autre».
Un habitué du hirak cite Abraham Lincoln : «Un bulletin de vote est plus fort qu’une balle de fusil». Un autre écrit: «La seule chose qu’un dictateur ne peut pas dicter, c’est la vérité». Enfin, retenons ce message caustique: «Au pouvoir sot : le mur de Berlin est tombé il y a 30 ans. Il en adviendra de même pour le mur d’Alger. Bientôt!»
«Libérez les otages, le vote ne marche pas au chantage»
En arrivant à la rue Larbi Ben M’hidi, la foule scande de nouveau : «Ahna ouled Amirouche, marche arrière ma n’ouellouche!» On entend aussi : «Makache intikhabate maâ el îssabate» (Pas d’élections avec la bande), «Pouvoir assassin!»…
Le cortège emprunte l’avenue Pasteur avant de s’engager sur le boulevard Khemisti. Des voix martèlent : «Echaâb yourid qadhae moustaqill!» (Le peuple veut une justice indépendante). La marée humaine déferle ensuite sur le boulevard Amirouche.
Des étudiants lâchent: «Libérez les otages, el vote machi chantage !» (Libérez les otages, le vote ne marche pas au chantage). La procession traverse la rue Mustapha Ferroukhi avec la même ferveur, avant de tourner en direction de la place Audin.
• Nous devancions le cortège de quelques mètres en notant, comme d’habitude, sur un petit carnet les slogans déclamés et autres éléments d’ambiance. Un policier en uniforme s’approche de nous et nous demande si nous étions journalistes et pour quel média travaillions-nous.
Nous déclinons notre identité ainsi que l’organe pour lequel nous travaillons. Il nous demande de le suivre et nous invite à entrer dans la cage d’escalier d’un immeuble proche des arrêts de bus de la place Audin.
Là, il procède à la vérification de nos papiers: pièce d’identité et carte professionnelle. D’autres de ses collègues arrivent pour s’enquérir eux aussi de l’objet de notre présence à cette manif’. Ils pensaient, affirment-ils, que nous étions «un journaliste étranger». Notre sac est fouillé sommairement.
Un commissaire divisionnaire très affable pénètre à son tour dans la cage de l’immeuble. Il se présente courtoisement et nous rassure d’emblée que c’était juste pour un petit contrôle de routine. «Vous voulez un café?» lance-t-il avec un sourire. Nous déclinons poliment, il quitte l’immeuble. A l’extérieur, ça chauffe.
De fait, dès que les manifestants ont constaté ce qui s’est passé, ils se sont massés spontanément devant l’immeuble en exigeant notre libération.
On pouvait entendre la foule crier: «Attalgouh!» (Relâchez-le), «Pouvoir assassin!» Des voix scandent: «Sahafa horra, adala moustaquilla» (Presse libre, justice indépendante). Un officier en civil arrive. Il nous reconnaît d’entrée et s’étonne de notre présence.
Il demande à ses collègues de nous relâcher illico et de nous restituer nos papiers. Il ne manque pas de prendre en photo notre carte de presse à l’aide de son téléphone portable, tandis qu’un de ses collègues en uniforme photographie notre carte d’identité.
Quand la grande porte en bois de l’immeuble s’ouvre, nous nous retrouvons face à une formidable foule solidaire. D’ailleurs, si nous nous permettons de relater ce fait, c’est uniquement pour rendre un fervent hommage à nos merveilleux hirakistes. Nous ne sommes pas près d’oublier leur élan généreux. (Article publié dans El Watan en date du 13 novembre 2019)