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    Grève à la RATP : «Macron, on va le mettre à genoux»

    Décembre2019 ratp

    Lien publiée le 9 décembre 2019

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    Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

    https://www.liberation.fr/france/2019/12/09/greve-a-la-ratp-macron-on-va-le-mettre-a-genoux_1768138

    Déterminés, certains conducteurs des lignes 5 et 7 du métro parisien ont déjà reconduit l'arrêt du travail jusqu'à jeudi inclus. Ils n'attendent rien des annonces du gouvernement mercredi.

    Assemblée générale des conducteurs de la ligne 7 et 5 au dépôt RATP porte de la Villette, le 9 décembre 2019.

    Assemblée générale des conducteurs de la ligne 7 et 5 au dépôt RATP porte de la Villette, le 9 décembre 2019. Photo Lucile Boiron

    Dans cette assemblée générale de grévistes de la RATP, on commence par se compter. «Un», crie un premier conducteur de métro au fond de la salle, dans les coulisses de la station Porte de la Villette, sur la ligne 7.«Deux»«trois»«quatre», enchaînent les autres… En quelques minutes, on arrive au nombre de 74 personnes. Il est significatif. Jeudi, même endroit même heure, il n’y avait que trente présents. Ce lundi, le local est bondé ; l’ambiance, bruyante, bouillante, masculine. Des chauffeurs des lignes 5 et 7 bis ont rejoint ceux de la 7 dans ce point fort de la contestation contre le projet de réforme des retraites, qui pourrait mettre fin au régime spécial des salariés de la régie des transports franciliens.

    «C’est aujourd’hui que la vraie grève commence»

    Cette forme de convergence traduit l’unité, à ce stade, des conducteurs dans le combat et l’élargissement du conflit. Un délégué Unsa (syndicat majoritaire à la RATP) de la 5, Bastien, est le premier à prendre la parole : «Le projet de réforme est toujours là. On continue la grève, on durcit le mouvement. On n’a pas le choix. C’est nous le terrain, c’est nous qui décidons ! Mercredi, après les annonces, il faudra refermer la porte tout de suite.» Le Premier ministre, Edouard Philippe, doit annoncer le détail de son projet en milieu de semaine. Les grévistes anticipent un «enfumage» et ne veulent pas des «miettes» qu’on leur jettera, selon eux. La position est unanime, formulée par Kader : c’est «le retrait de la réforme ou la grève jusque-là». Applaudissements à faire trembler les murs. En fin de réunion, la grève sera reconduite jusqu’à jeudi inclus, par un vote à l’unanimité. Une nouvelle AG est programmée ce jour-là. Il ne semble pas y avoir une personne dans la salle pour penser que l’arrêt du travail ne va pas durer toute la semaine.

    Kader, non élu mais très populaire auprès des troupes, poursuit : «Je suis content qu’il y ait autant de monde. C’est l’une des premières fois qu’on est plus nombreux au quatrième jour qu’au premier. Il faut rester soudés. C’est aujourd’hui que la vraie grève commence.» Tous savent que la fin de semaine dernière comptait pour du beurre. Les voyageurs avaient pris leurs dispositions, les rames étaient vides. C’était autre chose dans les stations ce lundi matin. Des métros saturés, des quais remplis jusqu’aux escaliers, des bousculades, parfois des bagarres entre usagers, racontent les présents. Certains ont tenu des piquets de grève dès 6 heures en station, d’autres ont bloqué les tramways au départ de la ligne 1 à Bobigny (Seine-Saint-Denis).

    A Paris, le 9 décembre 2019, AG des conducteurs de la ligne 7 et 5 au dépot Ratp Porte de la vilettePhoto Lucile Boiron pour Libération

    Déborder les directions syndicales

    Très vite, des salariés prennent le micro pour dire tout le mal qu’ils pensent des leaders syndicaux, «les Martinez (CGT), Escure (Unsa) et compagnie», comme dit Youssef : «Ils sont dans une logique de négociation. On les laisse faire ou on s’organise nous-mêmes ? On doit faire remonter nos revendications au sommet.» Elles tiennent en un mot, prononcé par la plupart : «retrait». Walid, qui se présente comme «frondeur» au sein de la CGT, suggère la mise en place d’un «comité de grève» et de «représentants» du nord-est du réseau, pour se mettre en lien avec «les autres secteurs». La proposition n’est pas adoptée mais l’objectif est clair : déborder les directions syndicales. «Les hautes sphères ne nous représentent pas», argumente Walid. A voir cette réunion particulière, la base est remontée, déterminée. Encouragée par le succès national de la mobilisation de jeudi. La dynamique est lancée, selon Manu, l’une des rares femmes de l’assemblée, représentante de Solidaires: «On est sur la bonne voie, on va réussir à faire fermer cette putain de ligne à la fin.» La 7 circule encore un peu aux heures de pointe. La direction de l’entreprise a concentré des ressources sur cet axe de trafic important.

    S’avance Laurent, conducteur sur la ligne 7 bis. Accroché à son pull, un badge «la Base», un petit syndicat créé il y a un an dans la RATP sur des principes de démocratie participative. Il tient le même discours, s’égosille, appelle ses collègues à «prendre le contrôle de cette grève». Il chauffe l’AG en hurlant : «Macron, on va le mettre à genoux. Vive la lutte !» Ça monte au fil des minutes. Les portables se lèvent dans les airs pour filmer les prises de parole des uns et des autres. Les médias sont critiqués, accusés de désinformer sur la réalité des régimes spéciaux, de mettre l’accent sur eux alors que la réforme des retraites «concerne tout le monde». Conducteur sur la 7 bis, Alix attaque là-dessus et conclut ailleurs : «Ça me fait chaud au cœur de voir ici des jeunes et des anciens. J’ai l’impression d’être lancé dans une histoire.»

    A Paris, le 9 décembre 2019, AG des conducteurs de la ligne 7 et 5 au dépot Ratp Porte de la vilettePhoto Lucile Boiron pour Libération