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Pour et autour de Sante Notarnicola (1938-2021)

Lien publiée le 5 avril 2021

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https://lundi.am/Pour-et-autour-de-Sante-Notarnicola-1938-2021

Sante est décédé le 22 mars 2021 suite à une infection post-Covid. Son livre l’Evasione impossibile dans ses premières éditions, Feltrinelli pour l’Italie en 1972 et les Éditions d’en bas pour une version francophone en 1977 sous le titre La révolte à perpétuité, nous avait bouleversés, mais les retombées en France furent minces pour plusieurs raisons. La composition sociale des prisons s’avérait fort différente entre les deux pays, alors pourtant qu’ils formaient l’épicentre de la plus récente tentative d’insubordination prolétarienne, tout en n’étant pas limités par cette stricte dimension puisqu’elle revêtait déjà des caractères de ce qu’on pourrait appeler une révolution à titre humain.

En effet, en France, la plupart des participants à Mai 68 échappèrent à la prison ou, quand ils furent arrêtés pour des faits de droit commun, ne se déclarèrent pas prisonniers politiques (cf. le procès de la « bande des Tables Claudiennes » à Lyon où le procès de Raton et Munch, « trimards » accusés d’avoir conduit le camion qui aurait tué le commissaire Lacroix à Lyon le 24 mai sur le pont Lafayette). D’une façon générale, au début des années soixante-dix, la question du banditisme social ne se pose pas en France. Les maoïstes de la Gauche prolétarienne ou les trotskystes de la JCR arrêtés sont des militants politiques qui se revendiquent comme tels et même dans le milieu issu de « l’ultra gauche » les positions sont peu claires comme on a pu le voir au moment du soutien (ou non) au MIL de Puig Antich et de ses camarades. Pendant que certains soutenaient une défense nécessairement politique, quelle que soit la position qu’on puisse avoir vis-à-vis de la lutte armée, et publiaient une brochure [1] pour l’expliquer, d’autres, plus que réservés, tenaient le discours comme quoi il n’y avait pas plus de raison de les défendre eux particulièrement plus que les autres prisonniers (de « droit commun ») condamnés tout aussi lourdement. En France les luttes dans les prisons et particulièrement sur les QHS virent bien émerger quelques figures (Charly Bauer, Jacques Lesage de La Haye, Roger Knobelspiess), mais ces dernières restèrent quelque peu isolées. Malgré des révoltes sporadiques, la formation du CAP et l’action d’individus comme Serge Livrozet, elles ne prirent pas une dimension véritablement collective. Et ainsi elles sont restées tributaires de la résonance que leur donnaient des « avant-gardes externes », pour parler comme les Italiens, plus ou moins spécialisées sur la question des prisons. Pendant ce temps, il en était tout autrement en Italie avec l’entrée incessante dans les prisons de protagonistes d’une insubordination de plus en plus criminalisée, qu’elle provienne des jeunes ouvriers ou étudiants ou encore des emarginati et autres disocupati. Cela produisait un brassage et une nouvelle composition sociale de la prison qui posait concrètement et non pas simplement sur le plan des principes, la caducité de la distinction entre prisonniers politiques et prisonniers de droit commun. Par là même, elle offrait la possibilité d’une lutte autonome dans les prisons venant s’insérer dans le mouvement plus large de « l’autonomie italienne », en lien avec elle donc, mais sans que le sens du lien soit univoque. Sante en fut une des expressions, les NAP une autre. C’est de cette expérience que nous avons essayé de rendre compte ici en quatre fragments dans cet hommage à une figure marquante des luttes de l’époque.

JW

[1] – Cf. « La guerre civile en Espagne, 1973 : Violence et mouvement social », in Le mouvement communiste (MC), no 6, octobre 1973, p. 5-19 et la réponse en question : L’antifascisme dans un verre d’eau de Vichy, Ajax, Bériou, Brisset, Cicero, Will. Puis en nouveau contrepoint, celui de Jacques Barrot de 1974 « Violence et solidarité révolutionnaires. Le procès des communistes de Barcelone » dans la ligne de celui du MC.

La révolte à perpétuité  : présentation