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Sur la crise du NPA

NPA

Lien publiée le 20 avril 2021

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://aplutsoc.org/2021/04/20/sur-la-crise-du-npa/

L’annonce d’une candidature aux élections présidentielles, celle d’Anasse Kazib (du « Courant Communiste Révolutionnaire » du blog Révolution permanente) qui dit vouloir l’investiture du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), n’a certes apporté aucune lumière à la perspective de ce scrutin clef de la V° République, mais pourrait bien avoir ouvert une phase critique de ce qu’il est convenu d’appeler la « crise du NPA ».

La crise du NPA est un sujet que les camarades du comité de rédaction d’Aplutsoc suivent avec intérêt et discutent fréquemment, mais sur lequel nous n’avons pas écrit jusqu’à ce jour, en raison d’une retenue causée par une raison fondamentale.

C’est qu’il s’agit d’une mauvaise nouvelle, et que tout ce qui pourrait ressembler au fait de donner des leçons ou de vouloir « récupérer », est à bannir. Car le NPA, comme tout ce qui relève du mouvement ouvrier, fait d’une certaine façon partie du patrimoine qui nous est commun.

La naissance du NPA en février 2009, résultait d’un élan qui, par-dessus les près de 5%, pour la deuxième fois consécutive, d’Olivier Besancenot aux présidentielles de 2007, renvoyait aux plus de 10% des candidatures « trotskystes » à celles de 2002, dont l’écho fut immédiatement noyé dans le bruit du second tour Chirac/Le Pen. Il renvoyait aussi à l’action commune, sur le terrain, de centaines des milliers de travailleurs, de jeunes, de syndicalistes, dans les grandes poussées sociales de 1995, 2003, 2006, sans oublier la victoire du Non au Traité constitutionnel européen, et à Chirac, de 2005. C’est pourquoi plus de 10 000 travailleurs et jeunes se sont alors regroupés, entourés de l’intérêt et de la sympathie de centaines de milliers, voulant donner une expression directe aux colères populaires et à la conscience ouvrière du moment, dans l’espoir d’un parti à la fois révolutionnaire et démocratique offrant une perspective d’affrontement avec le capital et avec le régime de la V° République.

Cet élan initial s’est assez vite heurté au fait que la majorité de l’ancienne direction de la LCR a misé sur des projets d’alliances au sommet visant à occuper un espace politique « à la gauche de la gauche », en particulier avec J.L. Mélenchon – rappelons que la proclamation du NPA date de février 2009, la sortie de J.L. Mélenchon du PS, opposant de longue date dans le PS mais ministre dans le gouvernement Chirac/Jospin en 1997-2002 puis soutien de la candidature Royal en 2007, s’étant produite quelques mois plus tôt et ayant ensuite conduit à la formation du Front de gauche sur l’horizon des européennes de 2009 puis des présidentielles de 2012. La minorité et de nombreux militants de base ne misaient, eux, que sur les luttes, les uns et les autres n’arrivant donc pas à mettre en application l’objectif promis du NPA, c’est-à-dire se faire l’expression politique des luttes mais aussi de la conscience du prolétariat, et donc imposer l’unité à Mélenchon sur la base des aspirations et des revendications populaires qui s’exprimaient dans les grèves et dans la rue (et donc y compris à la base de son propre courant,) dans la perspective de renverser le régime, en menant donc une bataille de l’unité gagnante.

Le drame est, en somme, qu’entre ces deux positions, alliance politicienne ou repli sur « les luttes », un moyen terme les dépassant, une politique s’appuyant sur la conscience ouvrière et l’exprimant en posant l’objectif de renverser ce régime et d’aider la majorité sociale à prendre le pouvoir, orientation susceptible d’imposer l’unité à J.L. Mélenchon dans cette direction-là, et en tous cas de donner une perspective et donc de gagner la bataille de l’unité, ne se soit pas dégagée. Cela aurait pu consister dans un journal qui soit réellement l’émanation de l’action et des expériences de base de chaque comité, confrontant et unifiant celles-ci (sans les uniformiser) sur l’affrontement politique et social (indissociablement) avec le pouvoir existant. C’était difficile spontanément, et la direction issue de la LCR n’était pas formée par son histoire à travailler de cette façon-là, ayant l’habitude, qui perdure, de séparer alliances électorales avec concessions mutuelles, d’une part, et action directe dans la lutte des classes, d’autre part.

Ces questions nous sont d’autant moins étrangères qu’Aplutsoc est formé autour d’une idée clef : à partir des luttes réelles et de chaque revendication, en s’appuyant, exprimant et tirant la conscience politique générale et convergente qui s’exprime dans les luttes sociales et se nourrit des scandales politiques, poser la question du pouvoir, dessiner la perspective de l’affrontement avec l’Etat du capital, et faire de cette méthode le moyen du regroupement de militants de cultures et de traditions politiques diverses. Ce n’est pas forcément facile mais comment faire autrement ? Encore faut-il pour cela penser réellement que la révolution est le contenu de notre époque.

Le NPA a donc été tronqué et ralenti précocement. Cela dit, ce que représentent les images d’Olivier Besancenot et de Philippe Poutou va bien au-delà. Il ne fait aucun doute que les centaines de milliers de jeunes, de travailleurs, qui furent alors intéressés et presque disponibles si une perspective révolutionnaire concrète et efficace s’était dessinée, n’ont pas disparu. Nous pensons même qu’ils sont plus nombreux, au-delà des mots employés, comme l’a montré par exemple le mouvement des Gilets jaunes.

A partir de là la quasi partition du NPA entre la « majo » relative issue de la LCR et les groupes opposants, ne datait pas de cette année. La renonciation au débat de fond est dommageable car celui-ci est nécessaire, nécessaire pas que pour le NPA, mais pour nous tous, les militants ouvriers, car ce sont des problèmes qui nous sont tous communs. Se faire dicter le timing par les délais de candidatures aux présidentielles, n’arrangerait rien, au contraire. En cas d’éventuel éclatement du NPA, l’ancienne « majo » allant se regrouper avec les courants en fait similaires qui l’avaient quitté depuis 2010, pendant que la candidature d’Anasse Kazib « déboucherait », non sur une vraie candidature, mais sur l’auto-proclamation d’un tout petit « parti révolutionnaire » de plus, mais aussi avec le prolongement indéfini de la paralysie-partition actuelle, il reste alors des milliers de militants et de sympathisants, dans tous les courants d’ailleurs comme hors d’eux, auxquels on aura confisqué un instrument politique qu’ils avaient voulu.

Nous nous permettons de dire à tous et à celles-là et ceux-là en particulier : vous valez quelque chose, vous valez beaucoup, ne vous dispersez pas, ne laissez pas se dissoudre, par les conflits artificiels ou par le découragement, les liens que vous avez tissés, préservez vos réseaux de lutte de classe, et, nous, Aplutsoc, pour ça, pour ce qui fut votre projet, pour la révolution, pour l’affrontement avec le régime de la V° République, votre devenir pour nous est important, nous sommes avec vous, nous voulons appuyer vos efforts – actuels ou à venir -, parce que le regroupement de toute notre classe pour l’affrontement révolutionnaire, c’est possible c’est nécessaire, c’est l’avenir, ça peut même être maintenant !