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Gérard Chaouat - Le Maîtron

Lien publiée le 24 avril 2021

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

 https://maitron.fr/spip.php?article239760

Né le 6 mai 1944 à Alger (Algérie), mort le 23 avril 2021 à Paris (XXe arr.) ; militant de l’UEC et du PC, du FUA et de la JCR, de l’International Marxist Group 1974, de la LC/LCR jusqu’en 1980 ; pendant ses études de médecine, militant syndical à l’AGEMP-UNEF, un des dirigeants de la « Mino Médecine » ; chercheur au CNRS, militant du SNCS-FEN, du SNESUP, de la FSU et de l’École Émancipée ; militant du NPA à sa création en 2009, puis Gauche anticapitaliste, Ensemble ; directeur de Recherches au CNRS, spécialiste de l’immunologie de l’implantation.

Gérard Chaouat naquit à Alger dans une famille séfarade. Son grand-père paternel, médecin, juif et franc maçon, fut président de la Ligue des Droits de l’Homme à Alger. Engagé à l’extrême gauche, en 1936 il encouragea les occupations d’usines puis milita de manière occulte en faveur du PC à Hussein-Dey. Interné au début de la guerre, il décéda au camp d’internement de Djenien-bou-Rezg (Sud-Oranais). Son grand-père maternel, ingénieur, participa à la construction de barrages en Algérie et à la modernisation du port d’Alger. Il est mort Grand Officier de la Légion d’Honneur. Il était l’ami de Ferhat Abbas et d’Abderrhamane Farès, ancien président de l’Assemblée algérienne. Un jour, en 1962, à Paris, au retour d’une manifestation
de l’UNEF contre les attentats de l’OAS, Gérard Chaouat eut la surprise de trouver Ferhat Abbas dans le salon de l’appartement familial. Son père, médecin
rhumatologue finit sa carrière comme Médecin chef de la Fondation Rothschild,
rue Manin (XIXe arr.). Sa mère fut empêchée de passer son agrégation de Lettres classiques du fait de l’abrogation du décret Crémieux en Algérie par le
gouvernement de Vichy. Son frère Didier, aujourd’hui décédé, était lui aussi
médecin rhumatologue.

Très tôt confronté à la réalité de cette guerre coloniale – il y avait chez lui le livre Lieutenant en Algérie envoyé par Jean-Jacques Servan-Schreiber à son père avec une dédicace -, il s’engagea dans l’action politique. Après avoir envisagé le PSU, il rejoignit le petit groupe antifasciste du Lycée Janson-de-Sailly (XVIe arr.) où il fut scolarisé. Avec son camarade de classe Jean-Claude Casanova, le fils du dirigeant communiste Laurent Casanova, il porta un pull over rouge lors de la visite de Nikita Khrouchtchev au lycée en 1960. Élève en classe préparatoire, il adhéra en 1962 au cercle de l’UEC du lycée, où il fréquenta Alain Monchablon et Claude Martinand. L’ambiance était pesante dans une organisation encore fortement imprégnée de culture stalinienne. À une de ses interrogations, il lui fut répondu : « Fais donc le point, pour la prochaine réunion, sur l’aide au FLN et sur la désertion que prônent les trotskystes ». Participant à la manifestation du 8 février 1962 contre l’OAS, il fut de ceux qui prirent de face la charge des CRS à l’entrée du métro Charonne. Il ne dut sa survie qu’à la contre- attaque des JC. Il se souvient du boulevard jonché de sacs et de souliers de femmes, et des cris au-dessous dans la bouche de métro. Militant de l’UEC mais aussi du Front universitaire antifasciste (FUA), il fut de toutes les manifestations, notamment d’une grosse manifestation au lycée Janson-de-Sailly, lors de la disparition du fils du mathématicien Laurent Schwartz (130812), Marc-André, les 7 et 8 février 1962 (L. Schwartz, 1997, p.408-420). Il fut agressé rue de la Pompe par des partisans de l’Algérie française qui lui prirent son cartable, à la recherche de documents sur le FUA et l’UEC. Cette conjoncture particulière expliqua que lui, très bon élève jusque-là, ait eu des résultats insuffisants en Maths sup. Il se retrouva donc l’année suivante en PCB (Physique, Chimie, Biologie), la première année des études de Médecine. Il milita au secteur Santé de l’UEC, avec les frères Kouchner, René Frydman, Axel Kahn … Un moment attiré par Clarté, le journal de l’UEC, au ton « italien », il fut vite déçu par ses concessions à l’air du temps, un certain opportunisme. Militant également à l’Association générale des étudiants en médecine de Paris (AGEMP-UNEF), il était davantage attiré par « la gauche syndicale » dirigée par Jean-Louis Péninou et Marc Kravetz.

Très vite, grâce à Jean-Pierre Martin déjà militant de la IVe Internationale, il rejoignit l’opposition de gauche à l’UEC, dirigée par Alain Krivine. Étudiant en médecine de 1962 à 1969, il milita sur la nouvelle faculté rue des Saints Pères puis sur l’ancienne, rue de l’École de Médecine. La Guerre d’Algérie terminée, les étudiants en médecine de droite, dont le fils du Professeur Lortat-Jacob, avec le soutien de l’Ordre des Médecins, lancèrent une offensive pour expulser la direction de l’AGEMP ancrée à gauche. Ces derniers s’organisèrent en une « Mino Médecine » qui mena un combat insistant en faveur de l’Externat pour tous, et également en défense de la Sécurité sociale menacée par les tenants de la médecine libérale. Gérard Chaouat fut un des membres dirigeants de la « MinoMédecine », attaqué plusieurs fois physiquement lors des distributions de tracts. N’ayant jamais perdu la direction de la MNEF-Médecine, les étudiants de la « Mino Médecine » s’investirent dans le Planning Familial étudiant, dans les locaux du boulevard Saint-Michel. Avant 1968, ils militèrent également pour l’allocation d’études et contre la réforme Fouchet.

Gérard Chaouat ne rejoignit pas tout de suite la JCR à sa création le 2 avril 1966, car il pensait avec ses camarades de la gauche de l’UEC pouvoir prendre légalement le contrôle du secteur Santé parisien. Lors d’une AG tenue le midi, ils obtinrent sans surprise 65 % des voix des délégués. Mais à 16 h 30, la majorité bascula, la salle s’étant remplie de jeunes présentés comme délégués de 1ère année. Convoqués quelques jours après avec René Frydman par les dirigeants du PC François Hilsum et Jean Gajer, ils se virent demander leur carte, ce que Gérard Chaouat refusa. Quelques jours après, lors d’une autre réunion, il donna sa carte à Pierre Juquin qui la déchira en lui disant « Eh bien, tu n’es plus membre du parti ! ». Il quitta donc, sans être formellement exclu, le secteur Santé du PC et fit pendant quelques mois de l’entrisme à l’ENS de la rue d’Ulm, espérant gagner quelques-uns de ces étudiants au trotskysme. Dans cette atmosphère « très chinoise » (primat du Petit Livre rouge, culte des chefs Robert LinhartTiennot Grumbach, Jean-Pierre Olivier de Sardan), il ne tint que cinq mois. À partir de la fin de l’année 1966, il rejoignit la JCR, avec Vingtras comme pseudonyme. Il écrivit beaucoup d’articles – certains avec Henri Weber – dans son journal L’Avant-Garde Jeunesse. Ainsi, il notait dans un article les limites de l’aide soviétique aux combattants vietnamiens. Il n’était pas question pour les dirigeants de l’URSS de risquer de remettre en question la coexistence pacifique avec les États-Unis. Du 5 au 8 avril 1969, il participa au congrès de fondation de la Ligue communiste à Mannheim (RFA), puis fut le représentant du candidat Krivine aux élections présidentielles de 1969 dans le Val-de-Marne. Membre de la cellule santé sur Créteil puis de la cellule HLM de Paris, il côtoya Michel Angot (Lazslo), Bernard Romeder (Robion), Michel Martet, avec qui il distribuait des tracts sur l’OPHLM de la Ville de Paris. Il était également responsable du secteur Santé de la jeune LC, avec Jacques Hassoun (Michel Péret) et Jacques Testard (Jumeau). Avec André Grimaldi (Radot) notamment, il contribua à la rédaction de la brochure La Médecine confisquée, un des premiers Cahiers rouges édités par François Maspero en 1968 (46 pages). Des distributions de tracts étaient organisées sur les hôpitaux de Créteil (Henri-Mondor et Intercommunal). Le contact était maintenu avec la revue Garde-Fous grâce à Jacques Hassoun (1936-1999), médecin directeur du Centre médico-psycho-pédagogique d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), mais également avec le Groupe Information Santé (GIS) à majorité maoïste. C’est avec ces derniers – René Frydman notamment – qu’il pratiqua des avortements avant le vote de la loi Veil. Le local organisé par le MLAC avait le même équipement qu’un service IVG hospitalier actuel : oxygène, aspirateur sous vide, autoclave, sondes de Karman venant de Grande-Bretagne en emballage stérile individuel. Ce local était situé rue de Vaugirard près de la Porte de Versailles (XVe arr.). Il faisait une à deux vacations par semaine. Il a formé à cette technique nouvelle tous les camarades qui le désiraient, notamment le
Docteur Irène Borten Krivine. Après une intervention un peu plus
compliquée que d’habitude, une de ses patientes – une concierge immigrée – lui
offrit une serviette en peau de léopard, un des plus beaux de ses souvenirs
médicaux.

À la JCR puis à la LC, il participa à la lutte très active contre l’impérialisme
américain qui accentuait son intervention militaire contre le Vietnam du Nord et
le FNL du Sud Vietnam au début des années 1970. Avec ses camarades parisiens – une petite centaine à cette occasion -, ils décidèrent d’attaquer la façade de l’agence American Express, rue Scribe (IXe arr.). Ses camarades devaient tracer quelques slogans et lui – « un étudiant en médecine, silhouette dégingandée » (Génération, T.1, p.426) - était chargé de tirer des feux d’artifice pour donner plus de relief à l’action. Son entreprise échoua, un seul feu d’artifice fonctionna sur les quatre achetés, mais l’arrestation de son camarade de la JCR Xavier Langlade et de Nicolas Boulte, tous deux étudiants à Nanterre, fut à l’origine du Mouvement du 22 mars, préface à l’explosion de Mai 1968. De plus en plus spécialisé dans les « aspects techniques », il mit au point pour la LC des appareils récepteurs permettant de capter les communications de la police, notamment lors de la manifestation du 21 juin 1973 contre le meeting d’Ordre Nouveau. Il put ainsi se rendre compte que le haut commandement avait tenté délibérément de créer un incident violent entre manifestants et forces de l’ordre, comme l’ont dit peu après des syndicalistes policiers. Suivi par des policiers à l’issue de cette manifestation, il fut arrêté. Objet d’une insulte raciste (« Regardez cette sale gueule de youtre »), menacé, malmené, il sera libéré après une garde à vue de 48 heures. La direction de la Ligue lui demanda de se faire oublier jusqu’en octobre 1973. Il ne reprit d’activité politique normale (sous le pseudonyme de Vallès) qu’en novembre 1973, assistant à un meeting au pavillon du Cambodge de la Cité universitaire, qui lui causa une impression de malaise plus forte encore que certains meetings maoïstes. Avec plusieurs de ses camarades, ils furent stupéfaits au moment où les Khmers rouges, après leur entrée à Phnom Penh le 15 avril 1975, évacuèrent la ville dans l’improvisation et avec violence. À la fin de l’année 1973, il partit pour Londres grâce à une bourse de recherches attribuée par le Medical Research Council. Il y resta 18 mois et milita à l’International Marxist Group (IMG), section britannique de la IVe Internationale, distribuant des tracts devant les usines de Lewisham, un quartier du Sud-Est de Londres. Au total une activité assez routinière comparée à celle de la LCR.

De retour en France, il poursuivit sa formation dans diverses institutions (Institut
Pasteur, Faculté des Sciences, Orsay). Chercheur au CNRS, il devint
immunologiste, spécialiste de l’immunologie de l’implantation, membre du
conseil de l’Union Internationale des Sociétés d’Immunologie (IUS). Dirigeant
plusieurs coopérations internationales de 1999 à 2009, il fut invité dans de
nombreux pays, de la Finlande au Chili, de Tahiti à Hangzhou. Docteur honoris
causa de l’université de Pécs (Hongrie), président d’honneur de plusieurs sociétés d’immunologie de la reproduction, à sa retraite il fut Directeur de Recherches émérite au CNRS. Dans la deuxième moitié des années 1970, il milita à Paris dans le 1234, c’est-à-dire la section de la LCR qui intervenait dans les quatre premiers arrondissements. Il fut le trésorier de la section, bataillant pour récupérer les cotisations de militants négligents. Il y côtoya Jean-René Chauvin, ancien déporté et vétéran du trotskysme, Jean-François Vilar, auteur de romans policiers et animateur des comités de soldats, Michel Martet et Dorothée Daucé. Ils louèrent un local dans la galerie du Marais, au nom des Amis de la Photographie. Ils eurent une importante activité dans le quartier, soutenant les luttes des résidents de foyers d’immigrés (Soundiata). Donc, au moment des élections municipales de 1977, ils présentèrent une liste dirigée par un sympathisant, Gérard de Bournonville, de l’équipe du restaurant La Canaille, rue Crillon (IVe arr.). Le Comité de quartier soutenait aussi, activement, cette candidature.

En 1980, et jusqu’en juillet 1981, il séjourna aux États-Unis pour des raisons
professionnelles. Il ne prit pas contact avec le Socialist Workers Party (SWP),
organisation sympathisante de la IVe Internationale. En effet il venait de
démissionner de la LCR, en complet désaccord avec la position de la majorité du
CC qui, tout en condamnant l’intervention soviétique en Afghanistan en décembre 1979, refusait d’appeler au retrait des troupes. Ce n’est qu’en mai 1981 que la direction de la IVe Internationale revint sur cette position et adopta un texte exigeant le retrait des troupes soviétiques, désormais qualifiées de « troupes d’occupation » (Salles, 2005, p.269). Il trouvait également la position de la LCR exagérément optimiste sur la situation en Iran après le retour de Khomeiny et trop peu critique à son égard.

À son retour en France après son séjour américain, il s’investit fortement dans son syndicat, le Syndicat national des chercheurs scientifiques (SNCS). Il fut membre du BN pendant de longues années et fut présent de manière régulière à l’École Émancipée. Il quitta le SNCS quand sa direction apporta son soutien au protocole de la loi LPR, Loi de programmation de la recherche pour les années 2021-2030. Il fut désormais militant du SNESUP puis de la FSU, membre actif de son SO lors des manifestations. Il fut investi également dans le collectif Sauvons la Recherche.
Redevenu proche de la LCR et de la IVe Internationale dans les années 1990, il
participa comme membre fondateur à la création du NPA les 6-8 février 2009.
Déçu par la séquence électorale de l’année 2012 – Philippe Poutou ne recueillit
que 1,15% des suffrages exprimés, très loin derrière les scores d’Olivier
Besancenot en 2002 et 2007 -, il décida avec ses camarades de la tendance Gauche anticapitaliste (GA) de quitter le NPA pour rejoindre le regroupement Ensemble. Il resta membre de la IVe Internationale. Toujours concerné par les problèmes du Moyen-Orient et de la Palestine, avec d’autres militants ou anciens militants de la LCR d’origine juive, il signa un Appel intitulé « En tant que Juif », paru dans Le Monde du 18 octobre 2002, contre la politique d’Israël envers les Palestiniens. Membre de la sous-commission Palestine-Proche-Orient de la Commission internationale d’Ensemble, il fut très actif dans les groupes Palestine-Proche-Orient de Paris, voyageant en Israël et en Algérie pour apporter sa solidarité militante. Il resta également investi dans le collectif IVG de l’hôpital Tenon (XXe arr.).
Gérard Chaouat fut jusqu’au bout un des animateurs actif de la lutte contre la Covid 19 , notamment à travers le collectif "Brevets sur les vaccins anti-covid, stop. Réquisition".
Il mourut le 23 avril 2021 d’un arrêt cardiaque suite à un choc septique, à l’hôpital Tenon.
Gérard Chaouat avait laissé un message : « Je ne veux PAS d’annonce dans le Figaro (ni dans Libération d’ailleurs). Le Monde suffira », « Prévenir : Le Syndicat national des chercheurs scientifiques : SNCS-FSU , les sociétés d’immunologie de la reproduction (internationale- européenne), le Labo, la 4ème internationale. »