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Réforme des lycées professionnels: une atteinte directe à la voie professionnelle
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
Après les réformes Blanquer inégalitaires, instaurant un bac local, et contre lesquelles nous étions mobilisés aux côtés de nos professeurs en 2018, c’est au tour de la filière professionnelle d’être la cible de restrictions moyens (humains et budgétaires).
En effet, cette réforme (déjà appliquée depuis 2019) consiste à dégrader les fondements de la voie professionnelle, comme avec la suppression dès la prochaine rentrée scolaire du BEP (Brevet d’Études Professionnelles) qui permettait jusqu’à lors aux élèves ne voulant/pouvant pas continuer jusqu’au baccalauréat, d’obtenir une certification qui leur donner la possibilité de poursuivre leurs études dans le supérieur.
La spécialisation dès la seconde, est, elle aussi, supprimée pour être remplacée par des groupes de « famille de métier ». Concrètement cela engendre moins de précision dans les cours et augmente le nombre d’élèves par classe (sans compter qu’il n’y a plus d’adaptation au rythme de l’élève et donc plus de parcours personnalisé) ; A VOIR désormais les élèves qui voulaient suivre un enseignement de spécialité dès la seconde ne le pourront plus, et le professeur doit présenter 4 spécialités durant toute l’année de 2nd aux élèves ne voulant pas tous plus ou moins faire la même chose mais étant mélangés A VOIR. Il faut savoir que les spécialités qui vont être dispensées par un établissement s’adaptent/le seront à la demande des entreprises, il y en a même qui paient pour être étudiées dans le programme scolaire !
Les heures de cours dédiées aux enseignements généraux et les heures d’ateliers ont diminué et continuent de diminuer. Ceci rend quasiment impossible pour un.e lycéen.ne pro d’aller à la Fac ou en BTS après l’obtention de son diplôme, et pour un.e apprenti.e il lui sera aussi quasi impossible de se diriger vers un bac professionnel. De fait il y a une réduction de choix possibles d’orientation qu’ont les élèves (la voix général est rendue impossible comme le fait de faire un BTS).
Des professeurs des Alpes Maritimes, dispensant des cours d’enseignements généraux, rapportent que maintenant ils préparent des élèves à un diplôme qu’ils évalueront eux-mêmes, ce qui n’est pas objectif et juste pour tous. Les professeurs expliquent qu’ils sont sensés faire ceci alors qu’on leur supprime la moitié de leurs heures de cours !
Derrière toutes ces attaques il y a une volonté, à terme, de fusion de la voix professionnelle avec l’apprentissage. En effet, les élèves en lycée professionnel n’intéressent pas les entreprises, qui privilégient l’accès aux stages qu’elles ont de disponibles aux apprentis plutôt qu’aux pro. Le gouvernement réduit donc le budget accordé aux lycées professionnels, il est vrai qu’une partie du budget, d’ordinaire attribué aux lycées pro, sera utilisée pour financer des centres d’apprentissage. Des centres d’apprentissage on déjà été ouvert au sein de lycées pro.
Or le lycée professionnel n’est pas une entreprise et les cours que les élèves y suivent doivent leur être utiles dans leur formation professionnelle. Avec cette réforme l’objectif est de répondre et servir les attentes des entreprises et non plus celles des élèves. (ou dire et non plus de dispensés des enseignements de qualité et plaisants/épanouissants pour l’élève).
Il y a un risque de mise en concurrence des lycéen.ne.s pro non payé.e.s et des apprenti.e.s payé.e.s, pendant leurs stages. Mais les lycéen.ne.s en pro n’ont pas non plus intérêt à devenir des apprenti.e.s déjà car cet apprentissage est sous statut patronal, que les conditions de travail y sont mauvaises (avec beaucoup d’accidents). Mais aussi car les inégalités de salaires entre les filles et garçons sont importantes et qu’il y a d’autres discriminations comme du racisme à l’embauche ; de plus il est assez difficile d’obtenir le CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle) car en effet 1 apprenti.e sur 5 abandonne avant même la fin du cursus.
En ce qui concerne le changement dans le programme des enseignements qui sont dispensés aux élèves en pro : le programme d’histoire qui était différent en fonction de chaque niveau est maintenant le même pour les 3 niveaux. Concrètement le programme est fait de telle manière qu’il est impossible de lier les notions de dictature, totalitarisme à un exemple concret de dictature dans l’histoire. Les professeurs avec lesquels nous avons communiquer nous rapportent que toutes les notions sont vidées de leur sens et qu’il est quasi impossible de faire des parallèles entre les notions.
En même temps qu’il détruit la voix professionnelle, le ministère a prévu de supprimer 1800 postes de professeurs (dans le secondaire) pour la rentrée prochaine. Ces réformes ont pour but d’habituer les élèves en pro et apprenti.e.s à étudier, travailler dans de mauvaises conditions, pour qu’ils acceptent ces conditions de travail dégradées une fois qu’ils se retrouveront sur le marché du travail.
Les lycéen.ne.s pro ne sont pas que de futurs employé.e.s, se sont avant tout des élèves. Et le fait qu’ils et elles ne puissent pas avoir le choix de leur avenir professionnel est inadmissible et injuste. Le lycée pro ne doit pas devenir une entreprise les études doivent servir aux bacheliers et bachelières !
Pour les lycées professionnels revendiquons :
- Une embauche de professeurs pour pouvoir décharger les classes et apprendre dans de meilleures conditions.
- Plus de moyens et que le trousseau professionnel que les élèves doivent acheter soit entièrement gratuit !
- La suppression de la réforme ce qui implique le maintient du BEP et de la spécialisation dès la seconde, tout comme la remise en place des heures d’enseignement général et d’ateliers qui ont été supprimées.
- Une »banque de stages » qui contiendrait une liste des entreprises en capacité d’accueillir correctement les élèves en stage et que cette »banque de stage » soit sous contrôle gouvernemental.
- Et au vu de la situation exceptionnelle (cours à distance, difficulté à trouver des stages etc) il est primordial que les stages n’ayant pas pu être réalisés ne soient pas pris en compte à l’examen et que les épreuves de CCF se passent en contrôle continu avec un 10 améliorable.
- Pour les apprenti.e.s revendiquons de meilleures conditions de travail.