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Élections départementales 2021 : la terre face à Jupiter ?

Lien publiée le 7 juin 2021

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

https://aplutsoc.org/2021/06/06/elections-departementales-2021-la-terre-face-a-jupiter/

Le mouvement des gilets jaunes l’avait déjà montré, le bonapartisme macronien sans base sociale ne peut s’accommoder de ce qui se passe en bas. Ce « en bas » qu’il conviendrait donc de mater au plus vite.

Il faut dire que cela fonctionne rarement. Car autant les luttes des femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles, désormais victorieuses, que les blocages de ronds-points en ruralité, ou encore les mobilisations pour l’école publique, contre les violences policières et pour les libertés publiques, la solidarité internationale et évidemment les grèves, existent et perdurent.

Ce, malgré les interdictions arbitraires de Darmanin ou de ses préfets, les tirs de LBD et les réquisitions des procureurs.

Mais cette combativité qui perdure n’est pas le seul paramètre qui gêne Jupiter dans son œuvre d’achèvement de la construction bonapartiste de la Ve République.

Si depuis 2017, le macronisme est fort d’un parlement fantoche qui se résume à une chambre d’enregistrement servile totalement déconnectée d’une quelconque réalité sociale qui s’imposerait à elle, les collectivités territoriales restent, elles, un sérieux caillou dans la chaussure du petit Napoléon.

Les élections municipales l’ont bien montré : malgré la crise historique des organisations de notre camp, mais aussi celles du camp d’en face, de toutes organisations politiques structurant le paysage institutionnel national, le macronisme « pur » est incapable de s’ancrer dans les territoires et est sanctionné la plupart du temps lorsqu’il s’y essaie.

Macron poursuit donc son œuvre pour mettre aux ordres les institutions sur lesquelles il n’a pas la main. Certains ont beau jeu d’appeler « jacobinisme », par pure mystification, mais curieusement jamais « bonapartisme », l’assèchement progressif de l’autonomie des départements et des collectivités.

Bien que cette information ait été peu commentée, la réforme de la fiscalité locale, comprenant notamment la suppression de la taxe d’habitation, a eu pour conséquence de priver aujourd’hui le département de levier fiscal : la taxe foncière sur les propriétés bâties étant transférée aux communes.

C’est l’autonomie fiscale, mais ainsi plus généralement budgétaire, dont la liquidation est poursuivie après des années de réductions, toutes collectivités confondues, des recettes budgétaires versées par l’État, au nom du dogme de la baisse des dépenses publiques.

La « contractualisation » se développe et constitue ainsi le maillon supplémentaire de la tutelle budgétaire de l’État sur les collectivités, qui renforce encore la remise en cause de l’autonomie politique des échelons locaux. Et nous pourrions ajouter la loi de transformation de la fonction publique qui veut imposer les atteintes non consenties par nombre d’exécutifs locaux aux acquis des agents de la fonction publique territoriale.

Dans le même temps, la crise sanitaire a été l’occasion de donner tout pouvoir aux Préfets et aux Directeurs d’ARS.

Et pourtant. Paradoxalement, en l’absence de masques, de gel, de vaccins, les collectivités locales, institutions de proximité, ont été au cœur de la mobilisation pour la santé publique face à l’indigence de l’État.

Aujourd’hui encore, sur leurs deniers, avec leurs agents et en mobilisant les professionnels de santé de leurs territoires, ce sont les collectivités, et non pas les ARS, ni Messieurs Véran, Macron et leur conseil scientifique, qui organisent la vaccination de masse ; les collectivités encore qui assurent, tant bien que mal, la protection des agents, des enfants et donc des familles face au virus dans les écoles. Ce sont les collectivités enfin, qui restent le seul « lieu de pouvoir » au contact plus ou moins direct des populations en détresse.

Les communes subissent progressivement une « neutralisation » par les regroupements à marche forcée dans les intercommunalités et les métropoles technocratiques, tandis que les régions gigantesques ont perdu tout ancrage au territoire réel, le département. Ce dernier, malgré la réforme du découpage des cantons d’avant 2015, a pu maintenir son existence historique et reste connu et reconnu dans la conscience collective.

Dans un tel contexte, les élections départementales qui auront lieu les 20 et 27 juin et pour lesquelles d’aucuns se plaisent à pronostiquer un taux d’abstention record, peuvent constituer un point de résistance.

Tous commenteront dés leur lendemain ce qui se joue à l’échelle nationale dans ce scrutin, et qui peut se résumer pour nous à un enjeu : sortir la droite LR-RN, sortir les macronistes, leurs assimilés et leurs compatibles qui s’accommodent tous, de la politique liberticide du Bonaparte.

Voter pour les listes unitaires de gauche, (les candidats que soutient ici APLutSoc sont candidats de listes uniques de la gauche dans leur circonscription), c’est ainsi que pourront le plus clairement s’exprimer les revendications démocratiques, l’exigence de mesures concrètes répondant aux urgences actuelles. Et c’est ainsi que les luttes trouveront leurs relais.

Rencontre avec 3 camarades candidats de deux départements, dans des situations politiques distinctes mais convergentes.