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De la crise du NPA … à la crise de la V° République ! par Vincent Presumey

Lien publiée le 25 juin 2021

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

De la crise du NPA … à la crise de la V° République ! par Vincent Presumey – Arguments pour la lutte sociale (aplutsoc.org)

La crise du NPA est un symptôme de la situation politique présente. Le NPA a initialement motivé beaucoup de militants ouvriers et de jeunes, souhaitant avoir un parti à eux qui combatte l’ordre existant, et cherchant à poser, et à résoudre, la question du pouvoir dans leur intérêt et celui de l’immense majorité. Il n’est pas sûr que ses fondateurs étaient dans cet état-d’esprit. En fait, ils étaient partagés entre les tenants d’un « parti large » et plusieurs fractions opposées à cette idée, pour elles opportuniste.

« Parti large » ou « fractions étroites » ? Une fois retombé l’élan initial, c’est à ce dialogue de sourds qu’est réduite la vie du NPA.

Pour nous qui sommes partisans d’un parti réellement large, mais un parti du prolétariat, combattant le capitalisme et ses États en vue de la prise du pouvoir, et cherchant systématiquement à relier les luttes réelles (qui n’ont pas à être inventées, elles sont là) à une perspective posant et cherchant à régler cette question du pouvoir politique, ce soi-disant dilemme entre parti large ou fractions étroites ne nous surprend pas, mais il ne conduit qu’à l’impasse.

« Parti large », cela veut dire quoi ? Parti du prolétariat posant la question du pouvoir, avec nécessairement diverses tendances en son sein, d’abord en raison des héritages historiques et de la diversité des cultures militantes qui vont avec, puis de plus en plus à propos de l’action à mener, rapide et court-circuiteuse, ou bien lente et unitaire, ou bien prudente mais déterminée, ce qui dessinera forcément, comme dans la vieille social-démocratie allemande, comme dans le bolchevisme en 1917, comme dans tout vrai parti prolétarien de masse, une ou plusieurs « gauches », « centres » et « droites » ? Voila un parti large, réellement, parce que réellement prolétarien, c’est-à-dire posant réellement la question du pouvoir.

Ce n’est sans doute pas ce que la plupart des fondateurs du NPA, dans la continuité de l’ancienne LCR, entendaient par là. Un parti sympathique, pas trop discipliné, faisant plein de campagnes et groupant des gens aux références idéologiques variées, trotskystes, anars, libertaires, soc-dém de gauche, écolos, féministes … Bref un parti pas trop délimité et brassant du monde.

Certes, un parti prolétarien luttant pour le pouvoir du prolétariat englobera ces traits, mais il n’aura rien de confus, d’invertébré et de flou. Le « parti large » rêvé à travers le NPA des débuts n’a immédiatement pas su proposer publiquement et de manière offensive le front unique au Front de gauche pour prendre le pouvoir, et s’est partagé entre partisans d’une alliance électorale avec J.L. Mélenchon et adversaires de cet « opportunisme », ce qui a coupé son élan initial.

Depuis, le dialogue de sourds entre « les fractions » et une « majo » (de moins en moins majo dans la mesure où la baisse régulière des effectifs des 10 000 et plus des débuts aux 1000 et moins d’à présent voit bien sûr les fractions bien bétonnées mieux résister), résume l’essentiel de cette histoire.

Toutefois, à une échelle de masse, Besancenot et Poutou, cela veut dire quelque chose, et le devenir du NPA ne saurait nous être indifférent.

La plupart des militants du NPA ont généralement une formation politique et une approche plus ou moins consciente marquée par une coupure, souvent inconsciente. Pour eux, il y a les luttes, et il y a les institutions. « Les luttes » sont le domaine où ils pensent s’épanouir, et s’épanouissent parfois en effet, dans lequel on peut développer un « programme anticapitaliste ». Les institutions, c’est-à-dire les élections, sont le domaine où il faut quand même exister (on n’est pas tout à fait à l’UCL !), mais où cette existence passe forcément par des compromissions. Les uns regardent en face ces compromissions nécessaires, d’autres pensent qu’on peut se présenter tout seul et faire comme LO (car LO occupe déjà, de manière traditionnelle, ce terrain), mais sans avoir aucune perspective de victoire. La victoire, c’est compromettant.

Disons qu’en fait, participer seuls aux élections, surtout présidentielles, est une manière d’institutionnalisation, de participation au rituel central de l’ordre existant, qui passe pour non compromettante, alors qu’elle l’est fortement. Il ne s’agit plus d’aider notre classe à prendre le pouvoir mais de « faire avancer nos idées », et c’est bien là la vraie compromission …

Le fondement du Programme de transition, pour sortir la grosse référence, est biaisé par la culture militante dominante au NPA, clairement héritée de la LCR. Ce fondement (je cite de mémoire), c’est le fait de partir des revendications existantes, que nous n’inventons pas, pour aboutir « invariablement à une seule et même conclusion : la conquête du pouvoir par le prolétariat ». Celle-ci n’est pas posée de façon abstraite comme le millénium lointain, mais de façon concrète pour les besoins immédiats et quotidiens -et aujourd’hui la catastrophe climatique ajoute : pour survivre et vivre ! Et elle cherche à se concrétiser dans des formules gouvernementales adressées aux partis ouvriers existants, ou dans une perspective générale comme aujourd’hui : le renversement de la V° République par l’affrontement social, une constituante et des comités élus …

Force est de constater que les débats dans le NPA ne portent pas là-dessus. La méthode dite du programme de transition est prise ici pour une manière d’éduquer les masses façon curé de gauche des années 1970 (désolé) : en saisissant ce qui se passe dans telle ou telle lutte, hop, on en profite pour suggérer telle ou telle idée « anticapitaliste » aux gens mobilisés, une nationalisation sans indemnités ni rachat et sous contrôle ouvrier par ci, une réduction massive du temps de travail par-là, le tout appelé de nos jours du nom de mesures « écosocialistes ». En somme, on nourrit les luttes de belles idées dont on espère qu’elles vont germer, plus tard, ce qui sous-entend que les plus larges masses ne sont pas au niveau (je suis un peu méchant, il s’y ajoute aussi la recherche de l’ « auto-organisation », et ça j’approuve, mais tout en le reliant à la question du pouvoir).

Il y a donc, pour résumer, un fossé entre « la lutte, la lutte » et les combinaisons d’appareils et autres éventuelles alliances électorales dont on sait qu’elles consistent nécessairement en de mauvais compromis. Forcément, puisque ni dans un cas ni dans l’autre le mouvement réel du prolétariat tout autour de nous et indépendamment de nous n’est saisi comme ayant, pour des raisons objectives et vitales, un contenu à la fois anticapitaliste et démocratique qui appelle non pas tant de chouettes trucs programmatiques (consistant souvent à repeindre un peu en vert plusieurs thèmes du Programme de transition), qu’une perspective pour qu’il s’unisse, se généralise et se centralise pour affronter l’État du capital, son gouvernement, son président …

Autant dire que les plus « illettrés » des Gilets jaunes fin 2018 et des millions de prolétaires ces dernières années sont, de fait, lorsqu’ils entrent en mouvement, « mille fois plus à gauche » que les couches militantes, dont les militants du NPA sont une assez bonne illustration.

De plus, une bonne partie d’entre eux, de manière latente mais fortement dans la dernière période, ont une approche idéologique qui fait d’autant plus obstacle à la mise en œuvre de la vraie « méthode du programme », partant des luttes et revendications existantes pour se diriger vers la question du pouvoir et de la prise du pouvoir par le prolétariat : il y aurait « processus de fascisation », « droitisation de la société », « islamophobie » rampante ou galopante. Dans cette vision diffuse, le régime autoritaire bonapartiste et policier et son second grand parti traditionnel qu’est le RN ne sont plus identifiés comme des dangers et des ennemis précis à combattre, la figure de l’ennemi étant perçue comme généralisée. Cette véritable vision maladive du monde, avec Macron et avec Le Pen, a pourtant pris une première claque ce dimanche 20 juin 2021.

Sur ce fond culturel qui leur est commun – soit « la lutte », soit des combinaisons avec la gauche officielle, et souvent tantôt l’un tantôt l’autre – la « majo » et « les fractions » se sont progressivement retrouvées en vis-à-vis. Il serait orgueilleux de dire qu’on a la solution à leur dilemme, mais rappelons que tout ce qui s’est construit de révolutionnaire, parfois temporairement, depuis la Commune jusqu’au PT brésilien en passant par le parti bolchevik, etc., dans notre histoire commune (et notamment, en France, le syndicalisme révolutionnaire d’avant 1914 puis le vrai accoucheur de ce qui s’appelait, à Tours, le PS-SFIC, hé oui, avec les Comités de la III° Internationale), a été fécondé ou initié par des centres politiques non délimités comme des fractions, tout en ayant une ligne claire proposée aux plus larges masses et aux couches militantes autour d’elles, et que c’est ainsi que des réseaux militants efficaces pouvant aboutir à des partis prolétariens formés de plusieurs tendances, ont existé. Cette vision tend à dépasser la contradiction entre fractions autoproclamées et soi-disant bien délimitées, et mouvances plus larges mais un peu invertébrées. Il y a là un débat qui va bien au-delà du NPA et de la France, mais qui aide largement à comprendre l’état présent du NPA.

Celui-ci est victime de deux choses, mais victime consentante.

Confronté aux « fractions » virulentes, « lambertistes » ou « morénistes » hier, diversement issues de l’histoire de la IV° Internationale aujourd’hui, la « majorité », autrefois du SU, aujourd’hui du NPA, n’a jamais su ni vraiment voulu avoir un débat allant jusqu’au bout et dégageant clairement les divergences dans l’action, sur quoi faire maintenant sur la question du pouvoir, cela pour une bonne raison : cette « majo » vit en refoulant cette question. Envers les « fractions » son attitude oscille donc entre la tolérance laissant chacun se faire un pré carré, et des mesures de rupture que peuvent comprendre ceux de ses anciens militants devenus tolérants et démocrates au fil du temps, énervés par les méthodes des « fractions ». De part et d’autre, un véritable congrès avec un débat explicite et large est esquivé, les « fractions » n’y ayant guère intérêt (malgré leurs réclamations) de leur côté.

Là-dessus arrivent la V° République et ses élections présidentielles. Là, voilà que la plus grosse et la plus « fractionnelle » des fractions (le CCR) prend une initiative où se disputent infantilisme et sens de la manœuvre dans les petits appareils : une candidature issue de ses rangs à la présidentielle ! (je précise que les tenants et aboutissants, très en amont et par-dessus les quelques 290 supposées signatures s’affichant comme « exclus du NPA », de ce courant, forme type de fraction « national-trotskyste », à savoir le courant post-moréniste du PTS argentin, mériterait une étude à part, je ne développe pas).

Il n’y aura donc pas de congrès sur la stratégie et la méthode, mais une conférence nationale sur les présidentielles, ce week-end [26 et 27 juin] . Le CCR souhaitait lancer son propre « parti », avec cette formidable ambition : avoir en France un « pas-de-porte » trotskyste prétendant à une dimension « nationale », le cinquième donc (après le NPA, le POI, le POID et LO) – ambition tout à fait distincte du fait d’aider notre classe à poser et résoudre la question du pouvoir. Y arriveront-ils, c’est une autre affaire, de peu d’importance à vrai dire, car c’est en Argentine que l’on peut écrire qu’Anasse Kazib est l’idole des prolétaires et le pionnier des soviets en France. La « majo », en disposant dans les consignes de préparation de la conférence nationale que des problèmes internes pouvaient conduire à modifier les conditions de tenues des assemblées électives, ouvrait la voie à la mise à l’écart de « fractions » jugées éventuellement trop pénibles, ce dont le CCR s’est saisi pour se proclamer exclu. Les courants souhaitant un vrai débat démocratique n’excluant personne, de toute façon mal parti dans une conférence surdéterminée par la question des candidatures présidentielles, comme la tendance « Claire », en ont été pour leurs frais.

Les 6 plateformes soumises à cette conférence nationale sont donc toutes liées à l’élection présidentielle.

Pour la « 1 » (le courant « Démocratie révolutionnaire » historiquement issu du courant « Voix des travailleurs » de LO), une discussion plus large serait nécessaire, mais, après un catalogue de revendications « transitoires » qu’on ne lira que distraitement et sur lequel on peut dans l’ensemble s’accorder (comme avec les catalogues similaires présents dans les 6 plateformes qui toutes se livrent à cet exercice), elle estime que « Olivier Besancenot entouré d’un collectif de porte-parole serait le mieux à même de représenter cette nouvelle dynamique nous rassemblant par-delà nos désaccords dans le même temps qu’il pourrait porter le projet d’une candidature commune du mouvement anticapitaliste et révolutionnaire. »¸faute de quoi il faudrait soutenir Nathalie Artaud (LO). La candidature semble donc envisagée ici comme un moyen de refaire l’unité du NPA …

Pour la « 2 », soutenue par beaucoup de membres du CPN du NPA, il y a certes « une société d’injustices sociales » aggravées par la pandémie, « des révoltes permanentes » contre cette société, un « pouvoir autoritaire », un grand « danger de l’extrême-droite » dont il faut vraiment « prendre la mesure », un « désastre de la gauche institutionnelle ». Suite à cette description qui peut impressionner, mais qui n’analyse absolument pas les moments successifs de la crise depuis 2017, une seule conclusion : il faut « prendre ses responsabilités » et seul le NPA le peut, le « mouvement social » car il y a « absence de collectifs prêts à faire face à une échéance comme la présidentielle » en étant, lui, tout à fait incapable – ce qui donne la mesure du degré de confiance de ces camarades dans le mouvement réel … « Prendre ses responsabilités », c’est donc une seule chose : c’est se présenter aux présidentielles, sur deux axes : le « soutien aux luttes » et un « programme de rupture » (dont on dira la même chose que les 6 intéressants catalogues présentés par les 6 plateformes). Après cet exposé typique de la « culture NPA », nous apprenons qu’un homme existe, susceptible d’incarner cette « prise de responsabilité ». Il s’appelle Philippe Poutou.

La « 3 » (tendance Claire) « refuse de se prononcer immédiatement sur la tactique électorale » en dénonçant le refus d’un véritable congrès. Néanmoins, elle propose « une campagne s’appuyant sur les résistances de notre classe et traçant les perspectives du gouvernement des travailleur-se-s et du communisme ». On ne sait donc pas trop si ce n’est tout de même pas une sorte de campagne faite à l’occasion des présidentielles qui est proposée ici. Le catalogue programmatico-revendicatif-transitoire est le plus long des 6 plateformes. Il semble mu par l’idée que nous allons vers des temps difficiles mais qu’il faut s’appuyer sur les « résistances » mais sans s’y limiter, car il faut aussi donner une idée attrayante du communisme. L’époque semble être à la propagande générale et universelle, même si, comme il n’y a aucune marge pour des réformes, la révolution pourrait arriver soudain, bien qu’on ne la voit pas trop venir ici.

Dans ce tableau, la plate-forme 4 revêt un intérêt particulier car elle préconise de ne pas présenter de candidat, soulignant sur la fin les incertitudes organisationnelles considérables pour y arriver (les 500 signatures …), et, tentant de se situer « du point de vue des dominé-e-s », donnant un tableau frappant de la manière dont ces présidentielles apparaissent comme sans perspectives autres que catastrophiques. Elle est la seule à poser la question que des millions se posent – et auxquels ils ont commencé à répondre ce 20 juin : « échapper au piège Macron/Le Pen ». Mais elle ne pose pas d’autres perspectives à terme que « des assises anticapitalistes à l’issue de la campagne » (ce qui entre les lignes indique un désir de dépasser le NPA actuel). Qu’après les Gilets jaunes et le 5 décembre 2019 la lutte sociale puisse affronter les présidentielles elles-mêmes n’est pas envisagé ni sans doute même pensé, et la crise du régime, non analysée, n’est pas saisie comme pouvant ouvrir des brèches à l’intervention des plus larges masses. Cette vision réductrice des possibilités réelles s’explique par l’annonce, au début du texte, de « l’extrême-droitisation de la société » : même si sont ensuite mentionnés les généraux ayant fait leur déclaration dans Valeurs actuelles, c’est bien « la société » qui est en proie à la fascisation d’après ce texte. Qu’est-ce que la « société » ? Où sont ici les classes, où est l’État ? On voit là comment l’idéologie confuse et diffuse de la « fascisation », intervient comme un obstacle à la pensée alors même que les vrais problèmes sont posés. De sorte que peuvent se retrouver sous cette plateforme des camarades ayant les perspectives les plus diverses – soutenir in fine Mélenchon, ne rien faire, se tourner vers le mouvement réel contre ces présidentielles …

A l’inverse, la plateforme 5, où se retrouvent notamment les courants « Anticapitalisme et Révolution » et « Convergence révolutionnaire » (issue de la fraction « l’Étincelle » de LO), a pour point de départ le fait que la conférence nationale du NPA « doit » présenter un candidat, cela pour trois objectifs : « dénoncer le système capitaliste, avancer quelques mesures emblématiques d’un programme pour les luttes ainsi que les moyens pour les imposer et tracer une perspective pour renverser le pouvoir des patrons et des riches : vers un gouvernement des travailleurs, seul capable d’en finir avec l’exploitation et les inégalités et d’établir une démocratie réelle c’est-à-dire ouvrière, un pouvoir de classe qui prendrait toutes les décisions tant politiques qu’économique ». La situation générale est envisagée comme de plus en plus tendue, les luttes montant et les contre-réformes aussi, un développement intéressant étant consacré à la recherche de liaison et de coordination – n’ayons pas peur de dire généralisation et centralisation ! – des luttes malgré et contre les directions syndicales. La « montée de l’extrême-droite » est saisie comme un problème en soi, mais qui appelle des réponses au niveau des « luttes ». La campagne des présidentielles doit donc servir aux luttes, et à l’affirmation du dilemme « socialisme ou barbarie ». Pour le choix du candidat, il est proposé de constituer d’abord un collectif de porte-paroles fait d’« animateurs des luttes » et de choisir à l’automne. La critique de la « gauche radicale mais institutionnelle » et des alliances électorales du NPA en Aquitaine et Occitanie vaut exclusion de Philippe Poutou d’un tel choix, au profit de militants connus pour des grèves dans la période récente comme Gaël Quirante.

La plateforme 6 est celle du CCR qui a donc quitté le NPA avant même cette conférence nationale (comme dit ci-dessus je tâcherai de revenir par ailleurs sur ce courant international). A défaut de présenter réellement leur candidat, ils vont proclamer un de ces jours un « Parti Révolutionnaire des Travailleurs ». Leur texte se situe, au point de vue stylistique et culturel, exactement dans la même tonalité que les autres. Contre la gauche « institutionnelle », c’est une version durcie de la plateforme 5. Assez nettement, ces camarades ont bonne conscience : ils sont « 100% révolutionnaires ». Cette bonne conscience permet bien des choses, mais pas forcément d’aider notre classe.

Il serait hors de propos et ce n’est nullement mon intention, de distribuer bons et mauvais points sur ces plateformes, dont l’importance interne au NPA est très inégale. Si j’ai pu paraître ironique souvent, c’est l’ironie qui va avec la sympathie. Sympathie car il y a là une recherche qui nous est commune, dans toute notre classe (même si certains textes se font croire que « seul le NPA », etc. !). Ironie car dans toutes ces positions nous avons une manière de tourner autour du pot, à savoir la question du pouvoir en France, la possibilité réelle, qui s’est présentée durant ce quinquennat qui en reste éclopé, d’une crise révolutionnaire où les plus larges masses interviennent directement et réalisent la démocratie. Aucune des plateformes du « révolutionnaire » NPA n’envisage cette réalité. Toutes tournent autour et plusieurs croient affronter le problème par une candidature aux présidentielles.

Aucune, par exemple, ne songe à proposer que Besancenot et Poutou, les candidats putatifs, et divers « animateurs des luttes » (on pourrait même inviter A. Kazib, le mettre ainsi devant ses responsabilités !), pourraient se tourner vers le peuple, les travailleurs, les jeunes, et dire : « ces présidentielles sont une infamie, la volonté majoritaire pour les droits sociaux et la démocratie ne peut s’y exprimer, et si nous leur enlevions, comme cela vient de se produire ce 20 juin pour les régionales, toute légitimité ? Et si tous ensemble nous faisions des présidentielles un plébiscite à l’envers, ouvrant la crise finale de la V° République ? Et si on préparait des candidatures unitaires et populaires aux législatives pour en faire la constituante qui, après la défaite des Macron, des Bertrand et des Le Pen aux présidentielles, mettra fin à ce régime et donnera la parole au peuple ? »

Ce serait là une manière de dépasser les contradictions larvées qui s’expriment dans et très au-delà au NPA. Et si ? …

VP, le 23/06/2021.