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"Le pire est à venir" (Rapport du Giec) ou l’urgence de changer de mode de production

Lien publiée le 27 juin 2021

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

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L’humanité est au seuil d’une catastrophe majeure et le dérèglement climatique est en train de prendre une tournure cataclysmique… tel est en substance le contenu du projet de rapport des scientifiques du GIEC qui a été rendu public mercredi dernier par l’AFP. Normalement, les rapports de ce collectif international de scientifiques du climat de l’ONU, passent par le filtre très diplomatique de son approbation par consensus par les 195 États membres… d’ailleurs celui-ci ne devait officiellement paraître qu’en février 2022, après la COP 26 qui doit se tenir à Glasgow…

Cette « fuite » est probablement le reflet de la prise de conscience d’une partie de la communauté scientifique du décalage, de plus en plus insupportable, entre les mensonges cyniques des chefs d’États, comme des représentants des multinationales et non seulement l’absence totale de réponse politique à la hauteur des enjeux mais surtout la fuite en avant des classes dominantes pour imposer « quoiqu’il en coûte » pour l’environnement et les populations la folie de leur course aux profits.

Devant l’émotion et l’inquiétude suscitées par cette divulgation, les responsables du GIEC ont eu beau vouloir minimiser, expliquer qu’il faut attendre la version définitive, les faits sont têtus et comme l’a souligné la jeune militante Greta Thunberg, enfin les choses sont dites, c’est l’occasion « de regarder la réalité en face ».

Un réchauffement climatique aux conséquences sociales « cataclysmiques »…

Faim, pénuries d’eau, exode, flambée de maladies… Dans ce document sans filtre, qui est bien plus alarmiste que le précédent de 2014, les faits accumulés par ces centaines de scientifiques sont sans appel : les impacts dévastateurs du réchauffement climatique sur la nature et l’humanité vont s’accélérer avec des retombés cataclysmiques pour des centaines de millions d’humains bien plus tôt que ce qui était prévu jusque-là.

Le dépassement du seuil de 1,5 °C de hausse des températures, quasiment inéluctable dans les prochaines décennies, entraînera « progressivement, des conséquences graves, pendant des siècles, et parfois irréversibles ». Ce qui rend déjà caduque l’accord de Paris de 2015, où les chefs d’Etats s’étaient difficilement engagés à limiter le réchauffement à 2 °C et qui n’est en réalité toujours pas mis en application dans nombre de pays…

Les catastrophes climatiques causées par ce réchauffement vont entraîner une hausse des « pertes soudaines » dans la production alimentaire provenant de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche ou de l’aquaculture. « Les niveaux actuels d’adaptation seront insuffisants pour répondre aux futurs risques climatiques », prévient le GIEC. Jusqu’à 80 millions de personnes supplémentaires seront menacées par la faim d’ici à 2050, le manque d’eau mettrait en péril la riziculture dans 40 % des régions productrices. C’est plus de 180 millions de pauvres qui risquent ainsi de basculer dans une situation de malnutrition chronique, majoritairement en Afrique et en Asie du Sud-Est. La faim et le manque d’eau devrait obliger 30 à 140 millions de personnes à partir de chez elles.

Face à ces catastrophes en chaînes qui n’ont rien d’une fatalité, les scientifiques du GIEC appellent à « une transformation radicale des processus et des comportements à tous les niveaux : individus, communautés, entreprises, institutions et gouvernement ». Pour conclure : « Nous devons redéfinir notre mode de vie et de consommation »…

Oui, mais ce n’est pas une question morale ou d’éducation, une question de bonne volonté qui suffirait à changer notre façon de vivre. Ce qui est en cause c’est la façon de produire ce dont nous avons besoin pour vivre, ce qui en réalité pose la question de qui possède les moyens de production, qui dirige l’économie en fonction de quels intérêts sociaux. Car c’est bien la façon dont les richesses sont produites dans cette société capitaliste qui détermine notre mode de vie et de consommation, et qui est à l’origine de la catastrophe annoncée.

… produit de la faillite globale du capitalisme

Dans le mode de production capitaliste, la production ne vise pas à produire des biens utiles pour satisfaire des besoins sociaux réels mais des marchandises à vendre sur des marchés pour alimenter au final la machine à profits qui a pris ces dernières décennies un caractère de plus en plus spéculatif, parasitaire. C’est cette logique du profit qui est à l’origine du productivisme du capitalisme, comme de son incapacité à prendre en compte les limites de notre environnement.

Le système capitaliste est non seulement responsable de l’accélération et de l’ampleur prise par la crise écologique mais il est aussi le principal obstacle pour y faire face, tellement il s’oppose à la moindre forme de régulation de la production au nom des lois du marché, de la libre concurrence.

Les conférences internationales sur le climat qui se succèdent depuis une trentaine d’année n’ont été qu’une succession de beaux discours, d’étalages de bons sentiments… et de mensonges cyniques. Leur bilan est un échec complet à mettre en œuvre la moindre politique globale pour diminuer les rejets de gaz à effet de serre qui sont aujourd’hui supérieurs de 60 % à leur niveau de 1990.

Les États n’ont jamais pris de décisions politiques à la hauteur des recommandations des scientifiques, car cela aurait impliqué de s’en prendre aux intérêts des multinationales dont ils servent les intérêts. Tout au contraire, les conférences pour le climat n’auront été que de véritables foires commerciales pour promouvoir un capitalisme vert, pour ouvrir de nouvelles opportunités de profits, à grand renfort de fonds publics au nom de la transition énergétique, pour que les multinationales poursuivent leurs affaires… en continuant à exploiter les populations, à piller les richesses naturelles et ravager l’environnement.

C’est la soumission à cette logique de classe, aux lois du marché, à la propriété capitaliste qui explique l’incapacité des gouvernements, des États comme des institutions internationales comme l’Union européenne ou l’ONU, à mettre en œuvre des politiques dans l’intérêt général pour faire face aux multiples conséquences d’une crise écologique devenue globale.

Car la généralisation à l’échelle de la planète d’un mode de production qui repose sur l’exploitation du travail humain et le pillage des ressources naturelles a eu pour conséquence de donner à la crise écologique une dimension globale avec la multiplication d’épisodes catastrophiques, comme la montée des océans qui menace des centaines de grandes villes, des méga-incendies qui ravagent les forêts de Sibérie, d’Australie ou de Californie, l’effondrement de la biodiversité qui nous a fait entrer dans l’ère des pandémies dont la Covid-19 est un premier épisode.

Cette mondialisation capitaliste impose cette logique destructrice qui ne s’arrêtera jamais d’elle-même et menace désormais d’entraîner toute l’humanité vers la catastrophe en provoquant des déséquilibres écologiques totalement incontrôlables dans le cadre du système.

Le capitalisme suit une logique de classe absurde et aveugle qui rend impossible de discuter et décider démocratiquement de ce qui doit être produit pour répondre aux besoins de toute la population en matière de santé, d’éducation, de logement tout en prenant en compte la préservation de notre environnement.

Prendre le contrôle de la marche de la société pour construire un autre mode de production

Rompre avec cette logique ne signifie pas produire moins, consommer moins ou relocaliser les productions pour réduire les transports, mais produire différemment, c’est-à-dire remettre en cause le fonctionnement même du système capitaliste, l’ensemble de ce mode de production.

Pour réorganiser toute l’économie mondiale en fonction des intérêts du plus grand nombre et du respect de la nature, c’est une autre logique économique et sociale que celle du profit qu’il s’agit d’imposer.

Face à la crise écologique les solutions existent, d’autant que jamais les progrès des sciences et des techniques n’ont été aussi rapides. Mais ces progrès sont aujourd’hui dévoyés par un système qui ne les met qu’au service de l’enrichissement des classes dominantes, d’une poignée de multinationales et de leurs actionnaires… rendant impossible la mobilisation des moyens humains, scientifiques, techniques existants pour faire face face aux catastrophes écologiques annoncées.

Ces solutions impliquent de pouvoir choisir consciemment, démocratiquement quel type d'énergie utiliser en fonction de son impact sur l’environnement, de réorganiser tout l’appareil productif à l’échelle du monde pour le rendre plus efficient, non du point de vue de la rentabilité financière, mais de la satisfaction des besoins réels des populations et des contraintes écologiques, de combiner sans les opposer les productions locales et une organisation internationale des échanges, d’arrêter les productions inutiles comme celle des armes, de développer des services publics efficaces et gratuits pour organiser dans l’intérêt général la santé, l'éducation, le transport, la distribution d’eau, d’électricité...

Mettre en œuvre ces solutions implique d’opposer aux intérêts des classes dominantes ceux du plus grand nombre, des classes populaires. Ces solutions ne pourront qu’être imposées par le monde du travail et la jeunesse, exerçant directement leur contrôle sur l’économie, en empiétant pour cela sur la propriété capitaliste jusqu’à l’expropriation des principales multinationales.

La crise écologique est la conséquence de la faillite globale du système capitaliste. La multiplication des catastrophes sanitaires, écologiques, sociales et économiques ne peut qu’ouvrir une période d’instabilité, de révoltes, de bouleversements sociaux et politiques qui ne trouvera d’issue que dans l’intervention consciente, démocratique, révolutionnaire du monde du travail et de la jeunesse.

Ce n’est qu’en libérant toute la société des entraves de la propriété capitaliste, qu’un nouveau mode de production pourra être mis en place, reposant sur une réorganisation, une planification de l’économie au service de la satisfaction des besoins de tous, dans le cadre d’une société démocratique et solidaire en harmonie avec son environnement.

Bruno Bajou