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Nous voulons nous saisir des élections présidentielles !

Lien publiée le 12 juillet 2021

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Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.

Nous voulons nous saisir des élections présidentielles ! par Vincent Presumey – Arguments pour la lutte sociale (aplutsoc.org)

Rappel

La rédaction d’APLS/Aplutsoc a ouvert une phase de discussions sur « que faire ? » maintenant à quelques trimestres de la présidentielle et alors que Macron cherche les moyens de se relancer d’ici là. Donc nous poursuivons le débat avec une nouvelle contribution de Vincent Presumey qui répond aux contributions précédentes ou à des remarques et critiques émises via les commentaires des divers articles déjà publiés. Aucune « ligne juste » ne peut tomber du ciel, elle ne peut naitre que de la discussion fraternelle à égalité entre toutes et tous.

Contribution

Plusieurs articles sur le site Aplutsoc, ainsi que plusieurs messages envoyés en commentaires de ceux-ci, débattent de la question que nous avons soulevée d’un « boycott » des prochaines présidentielles en relation avec la recherche de l’affrontement social dès maintenant. Il y a bien entendu beaucoup de discussions sur ces sujets, mais pas beaucoup autour d’une telle question, et c’est présentement en étendant, en approfondissant et en affirmant une telle discussion, que nous pouvons au mieux, je pense, jouer le rôle du « centre politique » que nous voulons être. Car s’il est très important d’assurer de telles discussions totalement libres et mettant chacun à égalité, il l’est tout autant de comprendre que ce qui rend possible celle-ci est le fait d’avoir situé la question au niveau où elle se pose réellement : comment s’y prendre au mieux pour affronter et renverser le pouvoir de l’État capitaliste en France ? Si la question se pose réellement sous cette forme, ce n’est pas parce que, de façon intemporelle, il faudrait toujours se poser ce genre de question. Pas du tout. C’est parce que les luttes sociales en France, à savoir les Gilets jaunes puis la poussée en défense des retraites, imposent de penser dans ce cadre. Force est de constater que très rares sont pourtant les courants ou groupes organisés qui assument cela …

Devant l’éventualité d’un « boycott » la première objection bien naturellement soulevée est celle-ci : ne peut-on avoir un ou une candidat-e pour qui il vaille vraiment la peine, malgré tout, de faire campagne ? Il est assez significatif qu’aucun camarade, dans le cadre de notre discussion, n’ait à ce jour proposé de soutenir tel ou tel (ce serait pourtant parfaitement légitime et discutable), même les camarades membres de telle ou telle organisation ou parti ayant son candidat. Cela indique bien quelque chose …

Mais l’inexistence d’une candidature que l’on pourrait soutenir, quelles qu’en soient les limites, comme cela est arrivé à toutes les présidentielles précédentes, en ce sens qu’elle pourrait soit gagner, soit faire un score qui pèse réellement sur la situation, est perçue comme un manque, voire comme une défaite, et l’on s’interroge quant à savoir s’il faut l’accepter, l’entériner. Je reviendrai sur cette perception des choses.

John Barzman nous pose donc la question : « Dans l’action immédiate, cette orientation qu’on peut résumer par boycott présidentielles/législatives constituantes détourne de la campagne pour une candidature unitaire de la gauche combative autour d’un programme de rupture (genre « unis pour 2022 »). Faut-il accepter la défaite sur ce terrain ? ».

Marc-Daniel Lévy reprend cette question sous la forme suivante : n’est-il pas encore temps de combattre pour une sorte d’offensive sociale imposant une candidature de rupture avec celles qui existent, pour gagner, en relation avec l’affrontement social contre Macron ? Il précise que ceci ne correspond pas à ce que peut recouvrir la formule « candidature unitaire de la gauche combative », sans doute parce que celle-ci sera forcément perçue comme une candidature de plus, participant à la fois de la division existante et de l’acceptation du cadre institutionnel quelle que soit la « radicalité » des discours.

A noter que les camarades de la GDS (Gauche Démocratique et Sociale), expliquant que sans unité c’est la « défaite » assurée dés le premier tour, alors qu’il faut que « le bloc social majoritaire, le salariat, l’emporte », présentent, ce 10 juillet, la candidature de Gérard Filoche à des « primaires populaires ».

Je veux bien admettre que le fait que notre camp social n’ait pas de candidat valable mais se voit asséner une sarabande de candidats tous aussi impuissants les uns que les autres (l’un a été « puissant », c’est Mélenchon, mais il n’est plus une perspective dans cette présidentielle et ne veut pas l’être), peut être considéré comme une « défaite ». Cependant, la chose est plus profonde.

La distanciation entre le prolétariat, actifs, chômeurs, jeunes, retraités … et ceux qui furent ses représentants politiques, est plus grande que jamais. Un seuil a été franchi. Depuis un certain temps déjà l’absence de débouché politique aux luttes, comme on disait, n’est plus vraiment un frein, car il est tellement intériorisé que des luttes éclatent qui portent la recherche de leur propre débouché. Les Gilets jaunes ce fut cela, et ce furent des millions et des millions de prolétaires en action (les discours de mépris à ce sujet ou les mantras sur la « petite bourgeoisie » ne cachent que la sclérose des bureaucraties !).

Même si les couches militantes formées par les courants socialistes, communistes et d’« extrême-gauche » d’hier et d’aujourd’hui continuent à se retrouver dans les manifs et se recoupent en partie – en partie – avec les militants syndicaux, il n’y a au moment présent plus de corrélation entre luttes sociales et représentation politique ou débouché électoral. C’est ainsi et c’est advenu : ce qui s’était accumulé pendant des décennies, sous les effets du stalinisme comme des présidences Mitterrand, s’est accompli ou a fini de s’accomplir pendant, en gros, le quinquennat Hollande. A cet égard, la « défaite » a eu lieu, en 2017.

Après François Hollande, J.L. Mélenchon y a beaucoup contribué, ou plutôt il a beaucoup contribué à ce que le sursaut qui l’avait porté en 2012 et qui pouvait le faire gagner en 2017 soit stérilisé par l’emballement « populiste », bonapartiste (il s’est vu élu et il a entrepris en catastrophe de repousser tout aspect de représentation sociale de classe dans son éventuelle élection … il a donc réussi à l’empêcher !). Bref, nous ne sommes pas obligés d’avoir la même analyse précise de ce moment 2017 pour nous mettre d’accord aujourd’hui.

Les socles électoraux du PS et du PCF ont implosé et cela s’est consommé en 2017, sans qu’aucun courant « plus à gauche » n’en récupère ne serait-ce qu’un lambeau. Cette défaite-là, elle a eu lieu, et elle s’appelle : présidence Macron.

Nous n’en sommes plus là, puisque la contre-attaque, un certain 18 novembre 2018 sur les ronds-points, a massivement commencé, en dehors des organisations « de gauche » qu’elles soient « traditionnelles » ou soi-disant nouvelles, et même en dehors des syndicats dont les dirigeants ont tout fait pour isoler ce mouvement, mais dont les militants étaient largement présents dès le début. On peut analyser les poussées des Gilets jaunes et du 5 décembre 2019 comme prérévolutionnaires, non pas pour les inscrire dans un catalogue, mais pour en saisir la dynamique.

Deux années de pandémie ont-elles détruit la combativité, la révolte et la recherche de la construction d’un débouché par l’action autonome du plus grand nombre, qui s’étaient manifesté là ? On pourrait le penser. Mais ce n’est pas semble-t-il l’avis de Macron, qui hésite à se relancer pour le capital en relançant la retraite à 64 ans (j’écris le 11 juillet !), ni du Conseil d’État, qui lui a dit « casse-cou » avec la réforme de l’assurance chômage. Les grèves sont en train, en ce début juillet, de remonter nettement. Et puis, surtout, il y eu la vérification, le test des 67% d’abstentions aux deux tours des élections régionales et départementales, pour élire les conseils des « grandes régions » instaurées par Hollande et Valls, ces viviers à aspirants Bonaparte.

Sur cet abstentionnisme, J. Barzman trouve que nous avons tendance à exagérer la part de leur « fraction politiquement consciente », et à sous-estimer le « degré de confusion dans la population tout entière », toutes choses qui peuvent « évoluer vite », mais pas toutes seules, sous l’impact des luttes et des explications militantes. Franchement, il a raison.

Premièrement, l’abstentionnisme massif porte le rejet de toute la représentation politique existante et du régime politique actuel, mais ceci est loin d’être conscient, est mêlé à toutes sortes de confusions, et d’ailleurs comment pourrait-il en être autrement ? C’est une sorte d’action organique et amorphe que cet abstentionnisme.

Deuxièmement, la position que nous discutons d’une bataille pour délégitimer les présidentielles de la V° République, car c’est de cela qu’il s’agit, vise précisément à « expliquer, expliquer et encore expliquer », comme disait l’autre, pour que la fraction politiquement consciente de ce qu’elle fait soit la plus importante possible. Ce n’est donc pas ici, en soi, l’abstention, dans une démarche soit anarchiste soit de dépit, qui est valorisée comme telle, mais, je le répète, la volonté de porter un coup au régime en délégitimant la présidentielle.

Et là, voila vraiment pour moi le point le plus important à saisir : la question que nous posons et dont la réponse pourrait être, en relation avec le combat pour l’affrontement social avec Macron sans attendre, est de porter un coup au régime. Ce n’est pas une démarche de gens qui seraient en manque ou qui auraient subi une « défaite », du fait de l’absence de candidature unitaire et combative aux présidentielles. A cet égard, l’immense majorité des abstentionnistes et des travailleurs est, je le crains, « plus à gauche » ou plus en avant que bien des militants qui réfléchissent dans leurs schémas traditionnels : ils n’attendent rien des candidatures. Cela ne veut pas dire qu’ils sont clairement en train de décider de porter un coup à l’État capitaliste et au régime à travers les présidentielles. Cela, c’est à nous de le dire, de l’expliquer, de le répandre.

Nous ne devrions pas être en train de constater et de déplorer un « malheur » que serait l’état accablant de ce qui provient des anciennes représentations politiques du monde du travail dans cette élection. Cette réalité est intégrée par la masse du prolétariat, pas de manière théorique mais de manière pratique et organique.

Si nous pensons que « l’abstention » est ce à quoi on est conduit en désespoir de cause, nous ne convaincrons personne et il y a là un obstacle naturel à surmonter dans les discussions, car beaucoup de camarades ont a priori cette perception. Il ne s’agit pas de cela. Il s’agit de contre-attaque, il s’agit de porter un coup au régime, ce que les Gilets jaunes ont cherché à faire par les « samedi » contre l’Élysée, et que les secteurs syndiqués du prolétariat ont tenté de faire le 5 décembre 2019.

Alors, quelle est la voie la plus directe et la plus « facile » : délégitimer la présidentielle en militant pour l’abstention majoritaire ou tenter le tout pour le tout dès fois qu’il y aurait encore une chance d’avoir un candidat à la fois unitaire et de rupture qui exprime le mouvement social, voire qui exprime ce mouvement même qui vient de délégitimer les élections régionales ? – après tout, il est d’ailleurs envisageable que des camarades qui se seront dépensés en vain pour susciter encore une belle et bonne candidature, voire qui auront tenté de récolter les 500 signatures [nécessaires à la présidentielle], se retrouvent au final dans ce combat. Essayons de faire en sorte qu’ils ne s’y retrouvent pas par défaut et de leur redonner le moral dont ils auront besoin.

Effectivement, nous sommes « un pas en avant des masses », et certainement pas 100 ni même 3, en dessinant l’abstention aux présidentielles non comme un acte par défaut et parce qu’on en a marre, mais comme un acte offensif pour renverser la table.

S’il est en théorie non totalement impossible qu’une sorte de « Filoche » candidat « créé la surprise » dans le sens du renversement du régime, ceci reste très improbable et, au cas où, pourrait être une complication car toutes les conditions sont a priori réunies pour que ce soit une candidature de plus et rien d’autre. C’est l’hypothèse de la candidature de sursaut qui constitue un pari totalement hasardeux, dépendant du bon vouloir de tel ou tel appareil, et ne pouvant pas constituer un axe politique eu égard au mouvement réel majoritaire.

Quel que soit le déroulement final – et je l’ai déjà dit nous pouvons être battus, nous pouvons avoir un Macron, un Bertrand ou une Le Pen élus avec une bonne participation -, ce qui compte ici est de déterminer dans le réel sur quoi se battre pour avancer- le problème est d’identifier sur quoi fonder une ligne politique, pas de faire une prédiction ou un pronostic.

J.P. Boudine dans l’un des messages envoyés sur le site d’Aplutsoc nous rappelle le passage du Manifeste communiste suivant que je redonne ici : « Les communistes ne forment pas un parti distinct en face des autres partis ouvriers. Ils n’ont pas d’intérêts distincts de ceux du prolétariat dans son ensemble. Ils ne posent pas de principes particuliers d’après lesquels ils prétendent modeler le mouvement prolétarien ». Cette formule justifie à ses yeux le combat pour un candidat unitaire de la gauche à la présidentielle. A-t-il ce faisant bien pris la mesure du « mouvement dans son ensemble » ? Gilets jaunes, 5 décembre 2019, 67% d’abstentions aux régionales. Si ce n’est pas cela le « mouvement dans son ensemble », c’est quoi ?

Alors, certes, les militants rattachés à tel ou tel courant, à tel ou tel appareil, font eux aussi partie du « mouvement dans son ensemble », donc ne les oublions pas, sans oublier qu’en général ce sont eux qui ont des « principes particuliers d’après lesquels ils prétendent modeler le mouvement prolétarien ». Mais ils n’en sont pas la partie principale, il faut quand même en avoir conscience aujourd’hui. Et puis, de leur propre point de vue, est-ce que ça leur fait vraiment du bien qu’on aille leur chanter aujourd’hui la même chanson que six mois avant 2017, six mois avant 2012, six mois avant … ?

J.P. Boudine nous explique aussi que Lénine était pour la participation à la Douma tsariste. Soi-dit en passant, ce n’est pas à la première Douma que les social-démocrates ont eu des députés, puisque, de même que les socialistes-révolutionnaires, ils l’ont boycottée (Lénine aurait voulu qu’ils se présentent, mais il était minoritaire sur ce point dans sa propre fraction bolchevique de la social-démocratie, et une fois le boycott acté, il a préconisé un « boycott actif » ). Le tsar ayant dissous la première Douma, où les cadets bourgeois voulaient jouer la constituante, ils se sont présentés ensuite, et ont généralement expliqué que le début de recul de la révolution (de 1905) les y obligeait. Cette histoire est intéressante, mais en déduire joyeusement qu’il est « parfaitement évident que les militants ouvriers ne peuvent se dispenser de se saisir de l’échéance de l’élection présidentielle » ne démontre rien et relève de la méthode Coué, pas plus d’ailleurs que le boycott majoritaire de la toute première Douma ne démontrerait le contraire. Tout au plus peut-on en déduire que « participer » n’est pas un principe absolu valable en tout temps et en tout lieu …

Mais, arrêtons-nous un instant. Pour J.P. Boudine, nous proposerions donc de nous « dispenser de se saisir de l’échéance de l’élection présidentielle ». C’est pour lui évident, et les réflexes militants, l’histoire qui a conditionné des milliers de militants, fait que c’est en effet cela qu’ils entendent sitôt qu’on leur parle de boycotter les présidentielles. Or, ce n’est pas cela. C’est même exactement le contraire !

Il est évident que si notre position était de laisser tomber les présidentielles, de ne s’en saisir en rien, de laisser passer ce mauvais moment (après, éventuellement, s’être défoulés dans un « premier tour social » !), elle mériterait d’être ainsi rejetée. Le malentendu est total et ce n’est pas de notre fait. C’est du fait de la culture militante formatée par des décennies d’« interventions dans les luttes » versus des « combinaisons électorales le moment venu », pour laquelle soit on essaye d’avoir un bon candidat aux présidentielles soit on se « dispense de se saisir de l’échéance ».

Dans les deux cas, notons d’ailleurs que la suite est la même : l’ordre social et la V° République poursuivent leur bonhomme de chemin, si l’on peut dire (en détruisant les humains et la terre …), jusqu’à la fois suivante où on pourra reposer la valeureuse question du bon candidat unitaire avec un bon programme. On aura été un militant méritant ! Ah mais, c’est qu’on n’est pas paresseux, on ne se lasse pas même si ça n’aboutit jamais ! C’est l’abstention la paresse ! « par écœurement et découragement les masses populaires se réfugient dans l’abstention », on ne va quand même pas miser sur la paresse populaire !

Ce que nous proposons, c’est bien au contraire de se saisir vraiment de l’échéance présidentielle, de miser, oui, sur l’écœurement des plus larges masses et d’en faire l’antidote au découragement. Ce n’est pas hors du temps et de l’espace, c’est en France en 2021, nous n’aurions pas proposé cela dans une présidentielle antérieure (sauf peut-être en 1965, mais à ce moment-là en effet par défaut et sans perspective de peser vraiment).

Il faut distinguer élections présidentielles et élections en général dans la « démocratie bourgeoise ». Les présidentielles ont pour fonction de plébisciter un président-Bonaparte, clef de voûte de la V° République, pilier de l’État capitaliste et impérialiste français, chef des armées. Quand celui-ci est affaibli, elles ont pour fonction de remonter les compteurs du régime, de le relancer par une nouvelle élection plébiscitaire. Ce n’est pas la même chose qu’une élection parlementaire, ou qu’une élection municipale. Il y a élections et élections et la discussion sur le boycott de cette présidentielle là ne peut pas être réglée par des généralités sur les élections, la Douma, etc.

Il s’agit d’une intervention active. Est-ce que oui ou non le mouvement réel de ces dernières années rend possible des présidentielles qui soient un plébiscite à l’envers ? et qui ouvrent donc une grave crise, car il ne sera pas possible de faire comme si de rien n’était – et le boycott majoritaire des élections algériennes du mois de juin par le Hirak délégitime bel et bien l’État algérien, est une victoire et pas un coup pour rien.

A ce point de ces réflexions, on en arrive à la question de l’Assemblée nationale et de la constituante, que John Barzman notamment aborde dans son message. Il s’interroge pertinemment sur la difficulté qu’il pourrait y avoir à agir en même temps pour le boycott des présidentielles et pour susciter des candidatures issues des luttes aux législatives. Ceci est en effet contradictoire si l’on pense, comme le veut la conception dominante – paresseuse ! – que le boycott des présidentielles ne serait rien d’autre que l’enjolivement de l’écœurement et du découragement. J’ai au contraire de plus en plus tendance à penser qu’une campagne – hé oui, une campagne électorale pour délégitimer la présidentielle– sur l’axe :

– aux présidentielles, on met Macron/Bertrand/Le Pen en minorité totale, plébiscite à l’envers et qu’ils s’en aillent tous !

– aux législatives, on élit des candidats issus des luttes populaires pour les affronter et renverser leur régime après la première claque des présidentielles !

… cela aurait de la gueule, non ?

La vraie difficulté n’est pas dans une opposition formelle entre boycott d’un côté, candidatures de l’autre, puisqu’une campagne contre le régime et pour la démocratie peut parfaitement combiner les deux. Elle est que nous ne sommes actuellement qu’un centre politique d’une dizaine de camarades suivis et intéressants sans doute pour quelques centaines, et que ce n’est pas nous qui allons délégitimer la présidentielle et plus encore mettre une majorité à la Douma, pardon à l’Assemblée nationale, voulant en faire une constituante pour virer le président.

Mais est-ce que cela nous interdit de mettre cela en perspective, en discussion, et d’essayer d’avancer en faisant avancer notre classe et de « faire ce que doit et advienne que pourra » ?

J’arrête là ces propos, dont je souhaite que chacun surtout envisage le point central : nous ne proposons pas de nous détourner de la présidentielle, mais bien de l’affronter, ce n’est pas un refus d’intervention, c’est l’intervention, la vraie, et c’est une démarche positive, pas un pis-aller parce qu’on est bien embêtés. Sur le sujet constituante/législative, c’est un aspect de la question qui devra être approfondi aussi.

VP, le 11/07/2021.