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Santé publique : non aux sanctions ! Du personnel, des lits, des moyens !
Ces articles de la rubrique « Ailleurs sur le web » sont publiés à titre d'information et n'engagent pas la Tendance CLAIRE.
A compter du 15 septembre, le personnel des établissements de santé sera soumis à l’obligation vaccinale. La loi prévoit la suspension du contrat de travail, sans salaire, pour les soignants qui refuseraient de se faire vacciner.
Ces mesures sont totalement inacceptables, pour les soignants comme pour tous les autres salariés concernés par l’obligation vaccinale. D’une part, le mouvement ouvrier doit refuser que les travailleurs payent le prix d’une crise sanitaire dont le gouvernement et la classe dirigeante sont responsables. Aucune sanction n’est admissible : c’est une ligne rouge que le mouvement syndical doit défendre fermement. Dans chaque établissement de santé publique, les salariés et leurs syndicats doivent prendre en main l’organisation du travail et décider eux-mêmes de toutes les mesures nécessaires pour se protéger et protéger les malades, y compris l’affectation du personnel non vacciné aux tâches appropriées.
D’autre part, l’obligation vaccinale ne répond pas aux besoins en effectifs, moyens de soins et infrastructures hospitalières. D’autres mesures, cohérentes et efficaces, devraient être adoptées en urgence. Elles ont été réclamées de longue date et à travers de nombreuses mobilisations des soignants eux-mêmes, qui en réponse n’ont reçu que du mépris et des coups de matraque.
Les revendications des soignants
Avant le début de la pandémie, une grève reconductible a touché de nombreux établissements sur l’ensemble du territoire, pendant six mois. Une majorité des hôpitaux et de nombreux EHPAD étaient mobilisés. Au pic de la mobilisation, on comptait 217 services hospitaliers en grève. Plus du tiers des Urgences du pays ont connu une grève reconductible.
Les soignants alertaient sur l’asphyxie du système de santé, avec la multiplication des « plans blancs » (déprogrammations de soins dits « non urgents »). Ils réclamaient un changement radical de politique, et notamment : 1) 50 milliards d’euros pour la santé publique ; 2) La formation et le recrutement de 100 000 soignants à l’hôpital, 200 000 pour les EHPAD et 100 000 aides à domiciles ; 3) La fin de la tarification à l’activité, c’est-à-dire de la santé considérée comme une simple marchandise ; 4) Une augmentation de salaire de 300 euros. 5) La « gouvernance partagée » de l’hôpital, au moyen de laquelle les soignants prendraient pleinement part aux décisions importantes. Portées par la CGT, Sud et des collectifs de soignants, ces revendications avaient le soutien déterminé de dizaines de milliers de grévistes – et les grèves l’appui de la majorité de la population, selon divers sondages.
La crise sanitaire, à partir de mars 2020, a entièrement confirmé le diagnostic posé par les grévistes, et les réponses à y apporter. Face à l’ampleur du désastre et à l’exaspération du personnel hospitalier, le gouvernement s’est empressé de concocter un « Ségur de la santé ». Adopté en juillet 2020, il n’a délivré aux soignants que des miettes, des promesses et des menaces. Le problème reste donc entier.
Résistances
Pendant que Macron menace de sanctions les soignants non vaccinés et refuse de répondre aux revendications de l’ensemble des soignants, il assure une « garantie de financement » à Ramsay, le premier groupe français privé du secteur de la santé. C’est cette garantie qui permet aux patrons de ce groupe de faire d’énormes profits tout en fermant des lits, comme par exemple à la clinique lyonnaise Médipôle, ce qui a déclenché une grève dans cet établissement.
A Marseille, les « mardis de la colère », à l’initiative de la CGT, rassemblent des dizaines de soignants, chaque semaine, devant l’hôpital de la Timone ou l’Agence Régionale de Santé. Le mardi 24 août, un délégué syndical et infirmier à l’hôpital de la Timone expliquait : « On est épuisés physiquement et moralement : de plus en plus de collègues font un burnout, tandis que le gouvernement contraint et menace ceux qui ne veulent pas se faire vacciner. » Quelques jours plus tôt, une aide-soignante d’une clinique privée à Nanterre avait tiré avec un pistolet à gaz sur une de ses collègues, pour un problème de planning. En un an, la Fédération hospitalière de France estime que 10 000 soignants ont arrêté leur métier, par épuisement.
Début août, la CGT et Sud ont déposé un préavis de grève illimitée, dans ce secteur, à l’échelle nationale. Des mobilisations ont éclaté dans les hôpitaux publics ou privés de Perpignan, Martigues, Bastia, Lyon, Montélimar, ou encore dans les Ardennes. Ainsi, le personnel soignant continue de se mobiliser pour défendre ses conditions de travail et l’accès aux soins, en ajoutant aux revendications l’abandon des menaces et des sanctions.
La CGT de l’hôpital de Bastia exige que les salariés refusant la vaccination aient le droit de bénéficier d’une réaffectation ou d’une réorientation professionnelle temporaire. Il faut aller plus loin : à Bastia comme ailleurs, de telles mesures doivent être démocratiquement décidées par le personnel soignant lui-même. Autrement dit, l’opposition à l’obligation vaccinale doit s’accompagner de mesures de « contrôle ouvrier ». De manière générale, au-delà de la question de l’obligation vaccinale, la gestion des hôpitaux devrait être décidée par des représentants – élus et révocables – des personnels et des usagers.